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Pour un printemps québécois!

Printemps arabe, mouvement des indignés, manifestations étudiantes aux quatre coins du monde, grève générale en Espagne, vague de suicides en Grèce... Coïncidence? La grève générale illimitée menée à bout de bras par les étudiants québécois depuis plusieurs semaines n'est qu'un symptôme d'un malaise de plus en plus profond et généralisé : un ras-le-bol collectif et mondial vis-à-vis de l'élite économique, qui tente de faire croire au peuple qu'il n'a pas les moyens de ses ambitions.
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Printemps arabe, mouvement des indignés, manifestations étudiantes aux quatre coins du monde, grève générale en Espagne, vague de suicides en Grèce... Coïncidence? La grève générale illimitée menée à bout de bras par les étudiants québécois depuis plusieurs semaines n'est qu'un symptôme d'un malaise de plus en plus profond et généralisé : un ras-le-bol collectif et mondial vis-à-vis de l'élite économique, qui tente de faire croire au peuple qu'il n'a pas les moyens de ses ambitions.

Au Québec, on nous martèle depuis des années qu'on n'a plus les moyens de nos programmes sociaux, qu'il est temps de voir clair, d'être lucides. Et on commence à y croire. Sérieusement. Aujourd'hui, on nous dit qu'on n'a plus non plus les moyens de nos universités, qu'il est grand temps d'y investir, et que c'est aux étudiants, et donc aux familles, et donc aux petits contribuables, de payer. Encore. Après avoir absorbé une hausse du prix des maisons de 122% en 10 ans seulement. Une hausse du prix de l'essence d'environ 100% durant la même période. Et une hausse du prix des aliments de 30%. Le tout absorbé par le crédit, avec pour résultat un taux d'endettement deux fois plus élevé qu'il y a 20 ans. Bref, on demande à une population déjà prise à la gorge de payer encore. Ou du moins de payer pour les services qu'elle utilisera parce que ce n'est pas aux autres de payer pour elle.

Et voilà une première épine dans le pied de la social-démocratie. On évoque la poche de l'individu pour tourner ledit individu contre les autres individus. On nous individualise. On nous désunit. On nous désolidarise. Chacun pour soi et à chacun son argent! Tous étouffés que l'on est par nos dettes, l'argument a de quoi plaire. Et on essaie de nous faire croire qu'on n'a pas d'autres choix, qu'ainsi va la vie et qu'il faut être lucides. Et donc couper dans le filet social. Dans le filet qui nous unit. Et qui nous retient dans la société. En société.

Or, ce n'est pas le cas. Nous avons le choix. Parce que dans cette société, il n'y a pas que nous, petits travailleurs et petits contribuables, le 99% auquel faisaient référence les indignés. Il y a aussi le 1%, composé d'importants intérêts économiques et financiers qui engrangent des profits milliardesques chaque année. Et dans le sol de cette société, en l'occurrence québécoise, il s'adonne à y avoir quantité de ressources naturelles. Des ressources qui NOUS appartiennent. Des ressources que l'on donne trop souvent à rabais ou à rien pantoute, au nom de la libre entreprise et de la nécessité d'être concurrentiel. Des richesses collectives qui pourraient venir s'ajouter à notre poche individuelle. Sous forme notamment de programmes sociaux. De services gratuits. D'éducation abordable. Pour tous. Pour améliorer notre collectif. Et pour améliorer celui des générations futures grâce à un fonds qui pourrait leur permettre de profiter elles aussi de ressources qui seront peut-être alors épuisées.

Alors chez les indignés, dans le mouvement étudiant, dans ce rassemblement du 22 avril qui s'annonce historique au Québec, ce qu'on devrait entendre, c'est ça : il faut encore rêver, il faut prendre en main notre destin, il faut rapatrier le profit, il faut redevenir maîtres chez nous. Nous avons les moyens de nos ambitions! Étudiants, travailleurs, unissons-nous et réclamons notre juste part!

Il point à l'horizon un de ces printemps qui promet d'être québécois : souhaitons-nous-le donc un tantinet plus révolutionnaire que tranquille.

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