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Petraeus, ce nouveau scandale inutile

Je suis extrêmement choquée par le nouveau scandale qu'on nous impose de Washington, la démission vendredi du patron de de la CIA et ancien commandant des forces armées américaines en Irak et en Afghanistan, le général quatre étoiles David Petraeus. Les détails scabreux se multiplient, notamment la sournoise curiosité autour d'une femme, Paula Broadwell, sa maitresse et biographe.
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US General David Petraeus, outgoing US commander in Afghanistan and designate Director of the Central Intelligence Agency (CIA), gives a joint press conference with German Defence Minister Thomas de Maiziere (not in picture) on July 19, 2011 in Berlin. Germany forms the third-largest foreign contingent in Afghanistan with some 5,000 troops. AFP PHOTO BARBARA SAX (Photo credit should read BARBARA SAX/AFP/Getty Images)
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US General David Petraeus, outgoing US commander in Afghanistan and designate Director of the Central Intelligence Agency (CIA), gives a joint press conference with German Defence Minister Thomas de Maiziere (not in picture) on July 19, 2011 in Berlin. Germany forms the third-largest foreign contingent in Afghanistan with some 5,000 troops. AFP PHOTO BARBARA SAX (Photo credit should read BARBARA SAX/AFP/Getty Images)

Je suis extrêmement choquée par le nouveau scandale qu'on nous impose de Washington, la démission vendredi du patron de de la CIA et ancien commandant des forces armées américaines en Irak et en Afghanistan, le général quatre étoiles David Petraeus. Les détails scabreux se multiplient, notamment la sournoise curiosité autour d'une femme, Paula Broadwell, sa maitresse et biographe, puis maintenant autour d'une autre femme, Jill Kelley, qui a initialement déclenché le scandale et aurait entretenu des rapports épistolaires "inconvenants" avec un autre général, le Marine Joe Allen, commandant actuel des troupes américaines en Afghanistan,.

Ce qui me choque, c'est, non pas l'histoire d'adultère en elle même - même si j'y reviendrai - mais plutôt le vacarme ridicule autour de ces confidences, qui font la "une" du quotidien américain le New York Times depuis quelques jours et les choux gras de la "yellow" presse américaine et britannique, autant de temps et d'espace dédiés à des sujets qui n'en valent vraiment pas la peine, au détriment d'autres sujets plus grave : la sale réalité de la guerre en Afghanistan et en Irak, à laquelle les médias ont cessé de s'intéresser depuis longtemps - en y dédiant moins de place que du temps de la "splendeur" des actions américaines -.

Certes il est plus aisé de vendre du papier et d'attirer l'attention avec de banales histoires de coucheries plutôt qu'en proposant de sérieuses réflexions sur le fond de ces conflits. Celui d'Irak - officiellement terminé puisque les troupes américaines ont quitté les lieux - dure depuis 2003 et on est en droit de se demander s'il était vraiment nécessaire. Celui d'Afghanistan, débuté fin 2001, s'éternise, sans parler du mal des troupes à en partir la tête haute.

Après plus de dix ans de présence sur ces deux théâtres d'opération, j'ai été témoin de multiples retournements de tendances et de stratégies militaires, toujours imposées avec le même enthousiasme - certes, il en faut - mais sans véritable preuve ultérieure que ces ajustements aboutissaient finalement à davantage d'efficacité et de clarté sur le terrain.

Il apparaît avec le temps que non seulement les militaires engagés sur ces terrains hostiles sous l'impulsion de nos dirigeants n'ont pas vraiment réussi à porter sur ces situations fort complexes les jugements de bon sens qui auraient pu contribuer à des victoires plus claires et plus rapides - si tant est qu'elles aient été possibles -, mais surtout, on ne peut pas affirmer qu'une ou plusieurs stratégies véritablement victorieuses se soient imposées.

Un des problèmes principaux à mon sens, et je le dis aussi pour le cas de la France, même si notre pays n'a pas participé au fiasco de la guerre en Irak, c'est l'absence totale de débat et de discussion, patente au sein du grand public, mais, plus grave, entre ceux qui nous dirigent et le militaires. Dans les discussions qu'ils ont avec nous les journalistes, les militaires blâment souvent les politiques; quant aux politiques, ils ne parlent... tout simplement pas! De peur d'être accusés de critiquer les troupes ou de perpétuer ces guerres qui, depuis longtemps, sont impopulaires, ils se réfugient dans le silence. Le public préfère fermer les yeux et les oreilles sur des sujets qui restent lointains mais surtout, j'insiste, qui ne sont pas faciles à entendre.

A propos de l'histoire d'adultère en elle-même, ne nous leurrons pas, et passons outre l'hypocrisie américaine : oui, sur le terrain, là-bas dans ces lointaines contrées où rien ne se passe "comme à la maison", où la vie coule à des rythmes différents, où les rapports humains n'ont plus rien à voir avec les rapports policés que nous nous efforçons d'adopter dans nos sociétés en paix, eh bien, tout peut arriver. Oui, il est possible que des femmes journalistes aient un accès privilégié à tel ou tel homme qui se trouve être le sujet de leur reportage ou de leur livre, ou film, et que cela se termine par une "affair" comme disent les Américains. Mais il est aussi possible que cela n'arrive pas.

Encore plus à la guerre, on ne peut faire abstraction des rapports de séduction dans les rapports humains. Avoir conscience de la possibilité de cette séduction est important, décider d'y succomber, ou pas, aussi. Deux adultes qui choisissent en toute conscience de vivre un tel moment de leur vie privée ne devraient pas devenir l'objet d'une telle curiosité malsaine et mondiale.

Maintenant, on pourrait aussi disserter sur la distance à avoir et à maintenir - et sur la possibilité de l'existence de cette distance - entre un journaliste (homme ou femme) et sa source, mais ceci est un autre débat!

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