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Sur certains sites, on donne des étoiles, comme pour les hôtels et les restaurants, d'autres nous permettent de mettre des notes, il y a ceux où l'on coche oui, non ou peut-être, reste que peu importe la façon, on nous offre constamment de noter les gens, et, par conséquent, de recevoir des notes aussi. On s'aime pas les uns les autres, on se cote les uns les autres.
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Ce billet a aussi été publié sur le blogue d'Anne-Marie-Dupras Ma vie amoureuse de marde.

Depuis l'arrivée des sites de rencontre en 1995, on peut désormais magasiner notre partenaire comme un chat ou un chien à la SPCA. On se promène et on regarde (ce) qui est disponible.

On regarde de quoi il ou elle a l'air, on lit la petite fiche et soit on aime, soit on n'aime pas, right? Faux.

On est rendus à l'ère du «Ouin... p't'être ben...».

Si la personne nous intéresse zéro, c'est un gros Non.

Si la personne nous fait baver de désir, c'est un gros Oui.

Mais si la personne ne nous fait pas peur ou rire en la voyant, mais ne nous donne pas de petits papillons non plus, on se dit «Oui, peut-être bien». On se dit que y'a peut-être et probablement mieux, mais qu'il y a définitivement pire! On se dit que c'est pas le plus beau, mais que les plus beaux, ils le savent bien trop qu'ils sont les plus beaux et, conséquemment, que le mieux qu'on fera avec eux, c'est finir dans leur «peut-être».

Parce que soyons honnêtes, à chacun de jouer dans sa ligue. Ce qui fait que le peut-être, c'est la petite tablette, c'est l'art de garder tiède, c'est la mise de côté, c'est le rechange, le restant, bref, c'est tout sauf le premier choix. C'est un peu comme aller magasiner un jeans. Tu trouves le modèle que tu aimes, mais y'a pas ta grandeur. Y'a les gens qui vont continuer à chercher jusqu'à trouver la perfection, mais y'a aussi ceux qui vont l'acheter quand même, quitte à mettre une ceinture, des bretelles, ou même à porter un jeans qui ne leur va pas bien.

J'en ai des jeans peut-être, et ils restent dans mes tiroirs. Parce que des jeans taille basse, que ce soit à la mode ou pas, je déteste porter ça... et poutrant, j'en ai acheté. Des jeans d'une couleur en vogue qui ne vont pas avec mon teint, j'en ai aussi. Des déjà troués et usés ça, j'en n'ai pas par contre. Mes trous, je tiens à les faire moi-même. Mais des gars troués ça, ouf. Oui, j'en ai eu, et non, les trous n'étaient pas de moi. Un petit peu d'usure peut-être, mais rien de dramatique.

Avant Internet, on avait pas mal moins cette option-là. Et c'était probablement une bonne chose. On ne nous offrait pas de trouver notre sugar daddy, entres autres, parce que oui il y a des sites internet spécifiquement pour ça. Le problème avec cette impression d'abondance c'est qu'à toujours aspirer à mieux, on finit par ne jamais trouver, à avoir trop de choix, on finit par ne pas en faire. Et oui, je parle de moi aussi, je ne suis pas mieux que les autres.

Ça m'arrive aussi de me dire, en regardant une fiche:

«Hum... Pas assez cute, fait trop de fautes, habite trop loin, a des enfants beaucoup trop jeunes, trop de tatouages, pas assez grand...»

Pas assez. Trop. Pas assez. Trop. Pas assez. Trop.

Sur certains sites, on donne des étoiles, comme pour les hôtels et les restaurants, d'autres nous permettent de mettre des notes, il y a ceux où l'on coche oui, non ou peut-être, reste que peu importe la façon, on nous offre constamment de noter les gens, et, par conséquent, de recevoir des notes aussi. On s'aime pas les uns les autres, on se cote les uns les autres.

Et si c'est facile de donner un 4 sur 10 à un gars qu'on ne connaît ni d'Ève ni d'Adam, c'est pas mal moins l'fun de le recevoir, le 4 en question. En plus, celui qui nous le donne, même si on ne le connait pas plus, on l'sait que c'est rien qu'un cave. J'veux dire...4 ??? Come on!!!

Et c'est ça le problème, on embarque dans cette galère qui nous permet de nous coter les uns les autres alors qu'au départ on est là parce que ce qui nous fait envie, c'est pas de coter, mais bien de bécoter!

Il faudrait se rappeler de temps en temps que c'est bien beau les photos, mais on n'est pas des cadres, on a besoin de plus qu'une image. Et il faut arrêter de chercher la personne parfaite puisqu'on n'offre pas la perfection non plus! Ce n'est pas la personne parfaite que je veux, c'est la personne parfaite pour moi.

Et la vie amoureuse, c'est pas comme un buffet chinois, on ne peut pas prendre de tout en se disant : «Je vais gouter pis si j'aime pas ça je laisse ça dans l'assiette, de toute façon who cares, c'est le même prix.»

Non, la vie ce n'est pas un buffet, une personne c'est pas du riz frit ni un egg roll parce que le egg roll ne va pas pleurer en te disant «Mais pourquoi tu m'as emmené dans ton assiette si tu ne me bouffes même pas? T'as même pris de la sauce aux prunes, c'est pas cool, c'est pas mal agace même!»

Ma mère dit toujours : «Trop, c'est comme pas assez».

Et là-dessus elle a trop raison.

Signé : la fille qui a reçu une cote de 4 étoiles, une note de 7,4 sur ses photos et qui s'est fait dire «Ouin, p't'être ben» pas loin de 346 fois.

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