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Le poison de la jalousie

Certaines personnes affichent probablement des comportements de jalousie dès les premiers instants et tant mieux, quelle belle occasion de courir dans l'autre direction!
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C'est par deux fois que j'ai gouté au poison de la jalousie dans une relation amoureuse. Avant de penser que je n'apprends pas vite ou que c'est mon pattern, je précise qu'il y a plus de 15 ans entre les deux relations*. J'ai eu le temps d'oublier un peu et d'espérer beaucoup. Mais, encore bien plus important, il faut comprendre; ce n'est pas le genre de comportement qu'on remarque dès le premier jour. Combien de fois j'ai entendu «Mais qu'est-ce que tu faisais dans une relation comme ça, avec un gars comme ça?» et chaque fois je disais : «Mais il n'était pas comme ça au début!»*.
*Déjà, v'là un comportement typique de la personne prise dans une relation de jalousie: se justifier à tout bout de champ...
La jalousie, c'est malsain, mais surtout, c'est très insidieux. Sortir avec quelqu'un de jaloux, c'est comme prendre du poison : si tu prends une goutte tous les jours, tu ne seras pas malade demain matin. Mais tu te sentiras un peu plus mal chaque jour, sans jamais comprendre pourquoi. Puis, un (pas) beau matin, tu ne peux plus te lever, tu te sens mal de la tête aux pieds en passant par l'âme et tu n'as aucune idée pourquoi.
Certaines personnes affichent probablement des comportements de jalousie dès les premiers instants et tant mieux, quelle belle occasion de courir dans l'autre direction! Retournez-vous même pas, courez. Mais en général, ça apparait petit à petit, comme une photo très floue qui se révèle un peu plus chaque jour, mais que tu mets souvent beaucoup trop de temps à distinguer. Jusqu'au jour où ça devient gros comme un éléphant et que tu réalises que tu es pris dans une relation dont tu étais la première à dire «Ben voyons donc, quelle relation épouvantable, veux-tu ben me dire pourquoi elle ne part pas, moi, ça ferait longtemps que j'aurai sacré mon camp!» quand tu en entendais parler.
L'histoire de la jalousie
Il était une fois c'est beau comme ça ne s'peut pas. Il est gentil, il est plein de petites attentions, il est galant, romantique, il te traite comme une princesse, que dis-je, une reine, et les hormones de l'amour te font tout voir en rose. Alors tu remarques à peine les petites phrases à saveur de jalousie qui parsèment parfois ton quotidien amoureux.
«T'es belle habillée comme ça babe. J'te dis que tu vas faire tourner les têtes ce soir!».
Tu te dis que c'est mignon. Surtout le petit clin d'œil qu'il rajoute à la fin. Tu te vois à travers ses yeux et tu te trouves tellement belle.
Aucun problème avec cette phrase-là si ce n'était qu'elle évolue et que six mois plus tard, elle devient quelque chose qui ressemble plutôt à :
«Tu vas y aller là habillée comme ça? Ouin! Je te dis que tu vas te faire cruiser solide. Tu vas vraiment mettre ça?»
Le tout avec pas de clin d'œil à la fin. Tu te dis qu'il est un peu jaloux. Ah, c'est donc ben cute. Il est tellement amoureux de toi, la preuve! Il ne veut pas te partager et encore moins te perdre!
Et un an plus tard, c'est devenu :
«Tu ne vas pas là habillée comme ça. Franchement, tu t'es vue? Tu as presque l'air d'une pute.»
Non seulement, il n'y a même pas un petit sourire à la fin, mais il y a un genre de face de dégout pas l'fun. Tu te regardes dans le miroir et tu te demandes si tu as vraiment l'air d'une espèce de fille cheap facile vu que c'est exactement ce que sa face te renvoyait et tu constates que non, pas pantoute.
Mais d'un autre côté, s'il le dit...
On est d'accord que, rendue là, tu devrais changer de chum. Mais à la place, tu changes de vêtements. Parce qu'il a le don de te faire croire qu'il dit ça parce qu'il t'aime, qu'il veut te protéger, qu'il fait ça pour toi. Tu as presque l'impression qu'il vient de t'épargner de te faire crier «Guidoune!» en plein lieu public. Presque. Parce que tu es encore un peu saine d'esprit, que tu as un miroir et un cerveau et tu le sais que non, tu n'es pas habillée comme une guidoune.
Au début, quand tu sors avec tes amies de fille, il te dit qu'il trouve ça super cool, que c'est important les amies. Il vous souhaite une belle soirée et te dis qu'il va en profiter pour sortir avec ses chums de son bord. Quand tu reviens, il est déjà là. Il n'avait plus envie de voir ses amis. Il te dit que tu rentres pas mal tard et te demande, à la blague : «Alors, tu t'es fait cruiser pas mal?», avec une petite tape coquine sur les fesses.
Après quelques mois, quand tu pars avec tes amies, il dit : «une telle, qui est célibataire, elle va être là?» et il est déçu quand tu dis oui. Il dit qu'il espère qu'elle ne t'entrainera pas dans ses histoires de cruise, en riant, et te demande de ne pas rentrer trop tard parce qu'il va s'ennuyer de toi. Tu trouves ça cute. Et quand tu reviens, moins tard que la dernière fois, il trouve ça, bizarrement, encore trop tard. Il trouve aussi que tu sens l'alcool. Il te lance un «ouin, j'te dis que ça a fêté fort. Pis j'imagine que tu t'es fait cruiser solide?». Tu lui dis que non, tu te justifies, tu lui rappelles que tu n'as pas conduit tu peux ben boire un peu, tu le rassures, tu lui dis que tu l'aimes, tu te dis que c'est de l'amour un peu tout croche mais qu'il t'aime.
Puis, après environ un an, il n'est clairement pas chaud à l'idée que tu sortes avec tes amies. En fait, c'est pas mal toutes des guidounes à l'entendre. Tu y vas quand même, parce que tu es une grande fille, tu fais ce que tu veux. Ce n'est pas comme si tu t'en allais aux Gogo boys! Et même si tu y allais, voyons, il le sait bien que tu n'aimes que lui, et tu as le droit de voir tes amies quand même!
Durant la soirée, il te texte. Souvent. Il t'attend. «T'es où babe?» Tu es là où tu es censée être, mais ça ne semble pas la bonne réponse parce que la bonne réponse, et ça aussi tu vas le comprendre plus (trop) tard c'est : «Je suis ici à côté de toi à la maison». Et le «babe» après c'est pour te donner l'impression que c'est de l'amour tout ça. Un peu comme dire «Je t'aime, salope», mais à peine plus subtil.

Durant ta rare sortie, tes amies te demandent de lâcher ton cellulaire (probablement parce que tu

pâlis un peu plus à chaque texto), elles te demandent d'arrêter de regarder l'heure, elles ne comprennent rien (ou trop) quand tu quittes vers 22h, toi qui était the life of the party avant! Toi tu trouves au contraire qu'il est tard parce que tu le sais maintenant que passé 21h, t'es dans'marde.
Quand tu reviens, et il n'a pas bougé du divan, même s'il t'avait promis de sortir de son côté cette fois-ci. Tu avais insisté, surtout pour éviter d'avoir l'impression qu'il attend après toi. C'est plus tard que tu vas comprendre que c'est exactement pour ça qu'il ne sortait pas. Pour que tu te sentes coupable de le laisser seul, pour être sur que même quand tu pars pour essayer d'avoir du fun, tu n'en auras pas. Pas sans lui. Jamais.
Quand tu le vois assis dans le salon, il y a trois ou quatre verres vides devant lui, il sent le gin et la colère. Il n'était pas chaud à l'idée que tu partes. Il est chaud quand tu as la mauvaise idée de revenir. Il vient sentir ton haleine et te lance un «Tu es saoule! Tu pues la boisson. Pis habillée de même, avoue que tu t'es fait cruiser pis que t'aimais ça. Tu peux me le dire, ça ne me dérange pas.» Là, y'a plus de petites tapes sur les fesses. Tu ne le sais pas encore, mais un jour, tu vas passer pas mal proche de la tape su'a yeule par exemple.
Tu n'as pas bu autant qu'il l'imagine, tu n'as certainement pas cruisé et tu ne mérites pas cet accueil de marde. En plus, tu le sais que tu vas te coucher à côté d'un gars fâché qui va probablement te faire la gueule et avoir la gueule de bois toute la journée de demain. Demain n'est pas encore commencé que c'est déjà une journée que tu veux oublier.
Alors tu te dis que tu ne sortiras plus. Avec un accueil comme ça anyway, tu n'as plus envie d'aller nulle part. C'est rendu que même quand tu vas au dépanneur il te demande pourquoi tu te mets du mascara. Parce que oui, tu es sûrement en train d'avoir une histoire intense avec le livreur en bicycles à pédales. C'est n'importe quoi, alors tu ne sors plus, sauf si tu n'as pas le choix et si tu peux l'emmener. Et quand tu fais ça, eh bien, il a gagné, tu es détenue dans la prison de la jalousie. Parce que c'est exactement ça qu'il voulait. C'était peut-être pas conscient, c'est pas un plan élaboré depuis le jour un, mais c'est ça pareil. Et là, tout devient platte avec toi. Ton linge, ta vie, tes histoires, tes sorties, c'est platte et tu es platte. Mais au moins il ne fait plus de vague, alors tu te dis que ce n'est pas si pire dans le fond.
Tu parles de moins en moins de ta relation parce que tu as un peu honte. Tu écoutes à peine ce que tes amies te disent sur ton chum et ce que tu es devenue parce que tu te dis qu'elles ne peuvent pas comprendre, et tu ne t'écoutes pas toi non plus parce qu'en fait, tu le sais qu'elles comprennent bien trop. Tu ne regardes pas l'évidence qui est en jaune fluo dans ta face : tu es avec un jaloux qui est en train de te ruiner la vie. À la place, tu préfères regarder les fleurs qu'il t'a achetées ou les photos du voyage qu'il t'a payé. Il t'aime tout croche, mais il t'aime. C'est des preuves ça. Non?

Ben non. Parce que ça ne s'arrête jamais. Au contraire. La jalousie, c'est tellement un poison que même quand tu ne fais rien, tu es dans la marde. Dès qu'il n'est pas là, il s'imagine des choses. Même à tes côtés, il imagine des regards et des histoires. N'importe quel câlin à un vieil ami devient louche, le moindre petit sourire à un beau garçon donne droit à un sermon et/ou une engueulade. En fait, le plus simple serait que tu ne vois ni ne parles plus jamais à des gars entre 18 et 58 ans. Ni aux femmes lesbiennes, juste au cas....
Et tu te rends compte que tu ne sais pas trop comment c'est arrivé, mais la fille pognée avec le gars jaloux, ben c'est toi. Tu le sais que mettre fin à tout ça va te donner droit à une crise qui te fait vraiment peur. Il va te dire qu'il s'en veut, que tu as raison, qu'il va changer, et tu le crois. Et tu restes. Et ça passe... et ça recommence. Parce que ça ne s'arrête jamais, pas sans une sérieuse thérapie en tout cas. Ce n'est pas toi le problème, c'est lui. Il chie sur la parade de ta vie avec son manque de confiance en toi, mais en fait, tout ça, c'est le résultat foireux de son manque de confiance en lui.

Et un jour, tu n'en peux juste plus. Tu n'es plus toi-même et lui, il est loin d'être le gars dont tu es tombée amoureuse. Probablement parce que ce gars-là n'existe pas, ou juste caché loin loin loin dessous le spectre de la jalousie.

Alors tu prends ton courage à deux mains et tu le quittes. Il capote quand il se rend compte que sa tactique de faire pitié et de se faire passer pour une victime ne fonctionne pas cette fois-ci alors il part dans l'autre direction, plus naturelle, et te crie que tu es une Fucking bitch, qu'il l'a toujours su que tu le trompais, allez avoue que c'est pour un autre gars que tu le laisses, avoue, avoue AVOUE DONC!!!
Tu fais presque dans tes culottes, mais tu le quittes quand même. Parce que ce n'est pas vrai que ta vie va arrêter pour quelqu'un qui ne va pas bien. Toi tu veux aller bien. Tu as le droit d'aller bien. Tu le quittes, mais pas pour un autre gars, juste pour une personne tellement importante, celle que tu es réellement. Tu le quittes pour TOI.
«L'amour fait naître la jalousie, mais la jalousie fait mourir l'amour»
Christine de Suède

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