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Ceci n'est pas un conte pour enfants

CONTE DE NOËL: «J'étais venue me chercher à souper, mais tout ce que j'ai envie de ramener chez nous, ben... C'est toi !»
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Des contes de Noël pleins de joie, d'amour, d'espoir, de peur, de colère, de fantasmes... C'est le calendrier de l'Avent du Huffington Post Québec. Retrouvez chaque jour un conte de Noël en attendant le passage du père Noël.

AVERTISSEMENT: Ce texte comporte des passages réservés aux adultes.

J'étais dans la rangée du surgelé à choisir mon repas de veille de Noël mais surtout à rouspéter contre ce besoin des commerçants de faire jouer de la sapristi de musique de Noël sans arrêt dès décembre. J'en voulais tout particulièrement à mon épicier qui, lui, nous cassait déjà les oreilles à la mi-novembre. Un mois et demi que je me tapais ces insupportables musiques et muzak!

J'allais lâcher un sacre entre les pizzas et les frites quand j'ai entendu «Faut que je me trouve une autre épicerie d'ici les fêtes de 2016, j'vais virer fou avec c'te musique de Noël là!».

Je me suis retournée pour voir d'où venait la délicieuse plainte et ce que j'ai vu c'est un homme somme toute ordinaire: pas beau à en couper le souffle mais pas laid à vouloir s'en confesser non plus, loin de là. Et ça faisait mon affaire, parce que je suis assez ordinaire aussi, et je le savais bien.

En solo pour un troisième Noël de suite, j'aurais pu aller le fêter avec ma famille mais je me suis plutôt inventé un voyage dans le Sud, histoire de ne pas me taper les «Pis, toujours célibataire ?» des matantes et les «Coudonc, serais-tu lesbienne, toé?» des mon'oncles.

Alors qu'on me croyait à Cuba en train de bronzer, j'étais dans le congelé à regarder un homme et à me demander comment l'aborder.

Lâcher un «Tu viens souvent ici?» dans une épicerie m'apparaissait malaisant, et le bon vieux «J'te paye quelque chose?» me semblait être une ligne plutôt typiquement mâle. De toute façon, je me voyais mal cruiser en offrant de payer un pied de brocoli ou de la crème sure.

J'en étais encore à me demander quoi dire quand je me suis entendu articuler «Si tu la trouves, l'épicerie sans musique de Noël, tu me le diras! J'vais me trouver un appartement pas loin !». J'allais dire à ma grande gueule que valait parfois mieux valider avec le cerveau avant de se l'ouvrir, quand mon inconnu est parti à rire et a rétorqué «Mets-en! On pourrait même se partir un village où la musique de Noël est interdite!».

Il s'est approché de moi en souriant tout en me tendant la main et a dit «Salut, moi c'est Marc, le rebelle de Noël. Enchanté !». J'ai tendu une main que j'espérais pas trop moite et j'ai dit

«Moi c'est Amélie, l'anarchiste du temps des fêtes, enchantée aussi! ».

Je ne sais pas si c'est son sourire, ou le fait que c'est de cette même bouche qu'était sortie la phrase qui m'avait tant charmée, mais j'avais soudainement pas mal plus envie de le goûter lui, que tout ce qu'il y avait dans mon panier. Ma faim venait de migrer de mon estomac à mon entre-jambes et j'étais plus affamée que jamais.

Ma bouche a encore devancé mon savoir-vivre et j'ai dit «J'étais venue me chercher à souper, mais tout ce que j'ai envie de ramener chez nous, ben... C'est toi !».

Il a souri de plus belle et a murmuré, si près de mon oreille que je sentais la chaleur de chacune des syllabes: «J'espère que tu habites proche !».

Et là, tout a déboulé. On a abandonné nos paniers d'épicerie et on est partis vers chez moi quasiment en courant. Quand il a tenté de m'embrasser en chemin, je l'ai repoussé gentiment en lui susurrant «Pas ici, pas tout de suite...».

Enfin arrivés à mon appartement, j'ai à peine eu le temps de fermer la porte derrière moi qu'il m'a plaqué contre celle-ci, m'a regardé droit dans le yeux et m'a demandé «Et maintenant?». J'ai soutenu son regard et j'ai répondu «Oui. Maintenant». J'ai fermé les yeux et il m'a embrassée comme personne ne l'avait jamais fait avant. J'avais connu des baisers trop humides et des langues trop envahissantes mais sa bouche et la mienne semblaient se connaître depuis toujours. Alors que ses mains se frayaient un chemin à travers mes courbes, je l'ai guidé vers ma chambre en laissant tomber nos vêtements un à un sur le sol, tel un Petit Poucet de l'effeuillage.

Arrivés à la chambre, ne me restait plus que ma petite culotte, qu'il m'a doucement enlevée, pour ensuite m'attraper les hanches et me retourner contre le mur. Il prenait les devants en s'apprêtant à me prendre par-derrière. Je n'ai pas eu le temps de dire «As tu des...?» que j'entendais le son rassurant de l'enveloppe d'un condom qu'on déchire. J'ai à peine eu le temps de mettre mes mains sur le mur de ma chambre qu'il se glissait doucement en moi, comme s'il y était déjà allé mille fois. Mon sexe habituellement plutôt sec et hostile au manque de préliminaires, était cette fois-ci aussi accueillant et ruisselant de désir qu'il ne l'avait jamais été auparavant. Chacun de ses mouvements en moi me faisait ronronner de plaisir et je sentais bien que mes cris de jouissance ne pourraient bientôt plus rester en moi, alors je l'ai arrêté net en disant:

« Attends! C'est tellement bon, je vais et je veux crier mais quand je vais jouir, je vais probablement ameuter tout le quartier! Donne-moi juste le temps de mettre un bruit de fond...».

Il m'a murmuré, d'un ton très bas mais d'un souffle si chaud: «Je te conseille de le mettre très fort parce que je suis loin d'en avoir fini avec toi...».

J'ai laissé passer le délicieux frisson qui m'a parcourue, j'ai mis mon petit radio réveil en marche et qu'est-ce que qui s'est mis à résonner dans nos oreilles? All I want for Christmas is you.

J'ai monté le son en riant, je suis retournée m'appuyer au mur, non sans l'embrasser goulument au passage, puis je l'ai senti retrouver sa place bien au chaud en moi.

Et là, pour la toute première fois de ma vie, j'ai remercié la musique de Noël d'exister et j'en ai savouré chaque note en hurlant ma joie.

LES CONTES DE NOËL DU HUFFINGTON POST QUÉBEC

- 1er décembre - Un joli compte de Noël - Réjean Bergeron

- 2 décembre - Le père Noël n'existe pas - Bianca Longpré

- 3 décembre: Le dernier cadeau - Yannick Marcoux

- 4 décembre: Pour Noël, j'aimerais manger trois fois par jour... - Virginie Chaloux Gendron

- 6 décembre: Pour toi chère Clotilde - Patrick Laperrière

- 8 décembre: Un Noël de plus en célibataire - Isabelle Tessier

- 9 décembre: Un Noël dans le Bronx - Steve E. Fortin

- 10 décembre: L'étrange histoire de Monsieur Perdu - Karim Akouche

- 11 décembre: Le conte «trash» de la cloche - Josée Durocher

- 12 décembre: Les doux Noëls silencieux d'une petite autiste - Marie Josée Cordeau

- 13 décembre: 24 décembre, 1001 Notre-Dame - Steve Marchand

- 15 décembre: L'histoire d'un conte... - Pascal Henrard

- 16 décembre: Un Noël dans la solitude - Suzie Pelletier

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