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Défendre le français: a piece of cake!

La langue française dans le monde ressemble au personnage d'Astérix qui fait de la résistance face à l'envahisseur anglais. Le français, pourtant, ne se pratique pas que dans un petit village isolé. C'est ce que prouve chaque année le Conseil international des Études francophones.
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L'anglais dans les universités françaises? Le projet de loi sur l'enseignement supérieur et la recherche de la ministre Geneviève Fioraso divise la France qui refuse d'accepter que sur les bancs des universités, des cours soient professés dans la langue de Shakespeare ou plutôt, pour être plus moderne et plus actuel, dans la langue d'Apple.

La recherche, les sciences, les communications diverses ont choisi leur espéranto et il est anglo-saxon. On doit donc adopter l'anglais ou adapter les chemins de traverse. Force est de constater qu'instruire en anglais pour attirer des étudiants étrangers est une solution qui s'est révélée gratifiante dans d'autres pays. Cependant, la France, le pays qui brandit le drapeau de la francophonie, qui se bat avec l'Académie française pour normaliser et perfectionner le français, a maille à partir avec l'incursion anglophone qui envahit même ses Larousse et ses Robert. Car il faut bien le constater, le français dans le monde ressemble au personnage d'Astérix qui fait de la résistance face à l'envahisseur anglais.

Pourtant, dans l'histoire inventée par le scénariste Goscinny et le dessinateur Uderzo, le vaillant Gaulois et ses sympathiques comparses se retrouvaient seuls, perdus dans un empire romain grandissant.

Le français, quant à lui, ne se pratique pas que dans un petit village isolé. C'est ce que prouve chaque année le Conseil international des Études francophones (CIEF). Le CIEF est "une association internationale, à but non lucratif, ayant pour objectif le développement des études, de la recherche, des publications et des productions francophones ou portant sur la francophonie dans le monde. Les membres sont essentiellement des chercheurs, des enseignants universitaires, mais aussi des écrivains, des critiques et des artistes."

Or, curieusement - ou pas -, les adhérents proviennent majoritairement des États-Unis et évidemment du Canada où le français effectue une résistance aussi bien dans le Québec qu'en Colombie britannique ou dans l'Alberta, par exemple. Cependant, le nombre des nationalités s'est accru au fil des années et, à présent, tous les cinq continents sont représentés dans leur diversité. "Tous les ans, un congrès mondial est organisé réunissant 300 à 600 participants en provenance de tous les pays et régions de la francophonie". Ils partagent leurs recherches sur la langue française, sur les écrivains, sur le processus de création. Des tables rondes sont organisées pour rencontrer les auteurs du pays hôte. À chaque congrès, une personne (parfois deux) reçoit le Prix du CIEF pour "récompenser sa contribution au développement des études francophones" et un prix est également décerné à un jeune chercheur. "Un libraire local est même présent sur le lieu du congrès pour proposer des publications en études francophones ainsi que les ouvrages des auteurs qui font des communications lors du congrès."

Cette année, en juin, le congrès s'est déroulé pour la première fois dans l'hémisphère sud à l'Île Maurice. Lors de la séance d'ouverture, Géraldine Hennequin-Joulia, Conseillère culturelle, Culture et Avenir, Bureau du premier ministre, a remercié le ministre des Arts et de la Culture, Mukeshwar Choonee, l'Ambassadeur de France à l'Île Maurice, Jean-François Dobelle, la Présidente du CIEF, Eileen Lohka, le Directeur général du CIEF, Thierry Léger et tous les participants "d'être venus renforcer le sentiment profond d'attachement de l'Île Maurice à la francophonie". Elle a insisté sur le fait que "les vents des conquêtes coloniales et son cortège de blessures n'ont jamais fait faiblir cette relation".

Car l'Île Maurice (nommée ainsi en l'honneur du prince hollandais, Maurice de Nassau) s'appelait autrefois l'Isle de France. Elle a été à la croisée des chemins des grands navigateurs. Elle a émerveillé Baudelaire qui y a séjourné pendant environ une quinzaine de jours et dont la poésie en a été toute inspirée. Elle a plus récemment été au centre de romans de Le Clézio, prix Nobel de littérature en 2008. Indépendante seulement en 1968, elle devra attendre 1992 pour que le statut de monarchie anglaise soit aboli et pour que l'île accède au statut indépendant de république. Si la langue officielle est l'anglais, on ne doit pas s'étonner que le français soit parlé dans toute l'île avec des accents du créole mauricien qui a énormément de charme.

La coexistence du français avec l'anglais à l'Île Maurice ou ailleurs permet de réfléchir à l'avenir du français dans le monde. L'histoire foisonne d'envahisseurs qui ont tenté d'imposer leur langue, leur culture à une population qu'ils voulaient soumettre. À chaque fois, l'âme des peuples a entravé la marche des soumissions culturelles. Plus les espaces s'agrandissent pour englober dans l'uniformité, plus la révolte gronde. Car le souffle humain s'accompagne de la langue que l'on apprend petit et qui s'accompagne du mot "maternel" ou comme l'a exprimé Géraldine Hennequin-Joulia qui citait avec justesse François Mitterrand: "En vérité c'est l'ensemble de nos cultures qui donne à l'esprit humain l'altitude qu'il doit atteindre. Qui peut prétendre qu'il n'y a pas imbrication indiscernable entre l'esprit d'un peuple, son âme et sa langue?"

Alors, la Belgique, la Suisse, le Québec et tous les pays où le français a d'autres accents que celui de Paris doivent être fiers de "leur" français et le défendre. Et le défendre, ce n'est pas si compliqué que cela; c'est facile, très facile (a piece of cake!). Et la France ne doit pas craindre les étudiants étrangers qui vont suivre quelques cours en anglais chez elle, car rien ne pourra entraver cette belle lumière qu'est la langue française qui rayonne partout dans le monde même dans des endroits aussi anglophones qui y paraît à première vue comme cette île paradisiaque dans l'océan Indien où les voitures roulent à gauche, mais où dans le bureau du premier ministre, on allie le mot "culture" à "avenir".

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