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Le trop Grand Prix de Montréal

Ce week-end, Montréal offre son Grand Prix en grande primeur avec ses vedettes. Elle se fait belle pour ses admirateurs pendant que discrètement, on la baise à grand prix dans ses salons, ses clubs et ses chambres d'hôtel.
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Montréal se fait belle pour le week-end, elle se met en valeur pour son Grand Prix. Elle attend beaucoup de visiteurs, elle va sortir ses courbes et ses Ferrari. C'est beau de la voir parader. Elle a éclairé ses ruelles, fleuri ses terrasses. Elle attend patiemment l'arrivée de ses clients qui arrivent en masse. Des hommes d'affaires influents qui vont se pointer avec beaucoup d'argent à investir et beaucoup de profit à récolter. Elle est prête pour trois jours de jet set dans les clubs, trois jours de bulles, de chambres d'hôtel raffinées.

On va la voir partout sur Crescent, St Denis, le long des rives, dans les brasseries.

Ça fait longtemps qu'elle attend. Sa petite robe est achetée suspendue dans la penderie, son nouveau parfum traîne sur sa vanité et elle meurt d'envie de l'essayer chaque fois qu'elle passe à côté.

Elle est populaire déjà depuis quelques mois, on sollicite ses campus, ses boutiques, on l'approche, on l'aborde, on la courtise en lui offrant des friandises. Il y a des investisseurs de partout qui sont prêts à miser sur ses atouts. Américains, Français, Marocains... On lui offre un beau prix. On lui offre un beau grand prix.

Montréal va briller sous les spolights, enfiler ses talons aiguille, ses bustiers, ses dentelles, elle va offrir son plus beau sourire à tous les passants, leur servir à boire, les faire danser, chanter, elle va tout donner.

Ce week-end, Montréal va devenir une plaque tournante internationale d'exploitation sexuelle. Tout est en place. On a photographié ses filles, on les a affichés sur différents sites dans différentes catégories selon des critères bien définis, «vierge» en faisant partie. Tsé...

Dans les gradins, familles et amis vont se réunir pour écouter gronder les Formules 1 et savourer les arrêts au puits. Une tradition père-fils, un enterrement de vie de garçon, une sortie de filles, un party de bureau. Partout, c'est la célébration, toute l'ile vibre au son des moteurs pendant que dans l'ombre, nos jeunes seront vendus à grand prix à des hommes riches de peu de valeur.

Ce n'est plus un secret, tout le monde le sait maintenant. On sollicite nos demoiselles ouvertement, on les approche personnellement après les avoir épiées longuement sur les réseaux sociaux. C'est tellement rassurant de rencontrer quelqu'un qui a les mêmes intérêts que soi... Le hasard fait tellement bien les choses parfois.

Sur les campus, dans les terminus, les gares, on a offert à nos filles un travail valorisant, on a promis le Grand Prix. Ben voilà.

Internationalement, Montréal a la cote. Il parait qu'on est belles et cochonnes. C'est ce qu'on dit en arabe, en mandarin et en espagnol. Il parait qu'on apprend vite et qu'on est docile... Il faut croire que la job est facile.

Ce week-end, Montréal se fait attrayante. Elle marche en faisant danser ses hanches, dévoile un peu de son audace, elle carbure au charme pour que ses visiteurs en redemandent. Elle partage des cocktails colorés, discute politique et culture, laisse tomber une petite bretelle de son épaule en espérant séduire ses prétendants. Elle bat des cils, fiers de sa beauté.

Pendant qu'une partie d'elle se laissera courtiser sur les avenues et dans les parcs, une autre partie se fera exploiter sexuellement dans des chambres de luxe réservées par des intermédiaires anonymes, payées comptant pour camoufler l'origine des investisseurs. Dans l'ombre des grandes tours du centre-ville, Montréal célébrera ses vainqueurs en versant le champagne pendant que ses belles collégiennes et universitaires combleront les fantasmes tordus des hommes d'affaires venus prendre part à la compétition, comme si tout ça devenait le préliminaire à la course, comme si ça faisait partie du forfait et de la réservation.

Si vous êtes de ma génération, vous vous rappelez Vivianne dans Pretty Woman, eh bien, c'est pas pantoute ça. C'est un conte de fées à saveur de prostitution où c'est le méchant qui gagne finalement pendant que la pauvre enfant reste dans sa prison dorée a se taper des clients.

Ce week-end, Montréal offre son Grand Prix en grande primeur avec ses vedettes, ses touristes de partout, sa grosse gomme économique et politique, elle se fait belle pour ses admirateurs pendant que discrètement on la baise à grand prix dans ses salons, ses clubs et ses chambres d'hôtel.

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