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Je ne suis pas une mère au foyer mais une gérante de famille

Principales tâches: production des horaires, gestion des finances et du budget, planification des repas, premiers soins, recherche, gardiennage, nettoyage, arbitrage.
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Hier soir, je suis allée voir une naturopathe. Alors que nous parlions de mon rythme de vie, je la voyais bien sourciller. Puis, elle m'a demandé de me parler de mon niveau de stress.

Pourquoi me posait-elle une telle question? Est-ce que mon discours était incohérent? Est-ce que je parlais trop vite - parce que ça m'arrive souvent. Est-ce que j'avais l'air stressée? Parce que je ne me sentais pas stressée. Devrais-je l'être?

J'ai rapidement répondu que j'avais longtemps été stressée, du temps que je travaillais à temps plein. Mais maintenant, je suis à la maison avec mes deux petits garçons. Alors les choses se sont replacées.

J'ai raison, non?

Alors qu'elle m'énumérait les symptômes du stress, je me reconnaissais de plus en plus. Aïe! Oui, ça c'est moi. Ça aussi. Oui. Oui. Oups.

Aujourd'hui, j'ai choisi de parler de ces moments où je me sens irritable, tendue, fatiguée, stressée. Ça commence vers 5 h 50 du matin - ça dépend de mes merveilleux réveille-matin - et puis ça ne s'arrête jamais vraiment.

Au moment où j'écris ces lignes, la poitrine enduite de cette huile au fenouil nauséabonde - ça stimule l'allaitement! - je peux sans aucun doute affirmer que je suis plus stressée depuis que je suis devenue mère.

Avant de plonger dans le vif du sujet, laissez-moi dire ceci: ce texte n'est ni un défouloir pour me plaindre de ma vie de maman - c'est l'aventure la plus formidable qu'il m'ait été donné de vivre -, ni une façon de rabaisser les femmes qui choisissent de ne pas avoir d'enfants.

À partir du moment où je me réveille - encore faut-il que je dorme, puisque le petit dernier de cinq mois se réveille encore souvent pour boire -, la course folle commence.

En tant que mère qui reste à la maison avec un petit garçon de deux ans déjà très acrobatique, et qui aime un peu trop s'amuser avec son petit frère de cinq mois, je dois être constamment en état d'alerte rouge. Je sais, je ne suis pas la seule. La plupart des mères au foyer peuvent dire la même chose. Mon mari est à l'extérieur de la maison 14 heures par jour, alors je suis la principale responsable du foyer et du bien-être de la famille.

Non seulement je dois divertir les enfants - plusieurs croient que les mères au foyer ne font que ça, tout en mangeant des bonbons et en se prélassant au parc -, mais je dois aussi faire respecter la traditionnelle routine sieste-boire-jeux.

J'ai souvent un œil rivé sur l'horloge, ce qui, ironiquement, m'empêche de vivre le moment présent, et les deux autres - oui, oui, j'ai parfois l'impression d'être une créature à trois yeux - sur mes enfants afin de m'assurer qu'ils ne s'étouffent pas avec une poignée de sable, qu'ils ne tentent pas de goûter un mouchoir ramassé sur le trottoir ou que mon plus vieux ne décide pas de jouer au chevalier sur le dos de son jeune frère.

Parce que l'on finit toujours par regretter les quelques secondes de répit ou d'inattention - je me suis déjà rendue deux fois à l'urgence; j'ai appris ma leçon.

Alors, puisque ma naturopathe m'a aidé à comprendre que j'étais un cas évident de stress, j'aimerais faire un plaidoyer afin que l'on change le titre de «mère au foyer» pour quelque chose de plus approprié. Un titre qui soit plus digne et plus en accord avec ce que nous sommes vraiment.

Mon conjoint, qui vient de terminer son congé parental de quatre mois - pendant lesquels notre relation n'a jamais été aussi respectueuse et forte - et moi parlions l'autre jour de tout le travail abattu quotidiennement par un parent au foyer.

Nous en sommes arrivés à une expression appropriée: la gestion familiale. Alors, tous ceux qui s'occupent de leurs enfants chaque jour devraient ajouter une entrée à leur curriculum vitae: gérant de famille.

Voici ce que j'aimerais inclure à mon CV, à la suite de mes postes occupés en production télé et de l'obtention de ma maîtrise:

Gérante de famille, de mars 2014 à aujourd'hui.Principales tâches: production des horaires, gestion des finances et du budget, planification des repas, premiers soins, recherche, gardiennage, nettoyage, arbitrage. Autres postes occupés: bibliothécaire, sauveteuse, architecte - il faut bien assembler tous ces meubles Ikea! -, éducatrice, etc.

À tous ceux qui œuvrent dans le domaine de la gestion familiale, ne soyez pas surpris et ne vous sentez pas seuls si vous cognez des clous un vendredi soir ou si vous ne trouvez pas le temps pour vous rendre au gym une fois les enfants au lit. Quand on additionne toutes les tâches requises pour élever un enfant, on se rend compte que c'est un travail à temps plein, qui nous empêche souvent de côtoyer d'autres adultes et qui écourte trop souvent les pauses café.

Cela dit, c'est un véritable privilège d'élever ces petits trésors 24 heures sur 24. Tout ce que je demande, c'est qu'on se débarrasse de l'étiquette de «mère au foyer». Je suis rarement au foyer. Et quand j'y suis, tout ce que je souhaite faire, c'est m'arracher les trois yeux et en sortir au plus vite!

Ce blogue initialement publié sur le Huffington Post Canada a été traduit de l'anglais par Vincent Fortier.

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