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Tout sauf Harper, un vote stratégique voué à l'échec?

Le Québec n'est pas un endroit approprié pour le vote stratégique, parce qu'il n'a pas suffisamment de poids politique.
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Il est assez convenu qu'un gouvernement conservateur est nocif pour les intérêts québécois. Je ne vois pas la nécessité de m'étaler en long et en large ce sujet. Si quelqu'un en doute vraiment, je l'invite à prendre un café, qu'on se jase dans le blanc des yeux un p'tit deux minutes. Alors que les élections fédérales approchent plus vite qu'on le pense, on commence à se demander comment on peut faire pour se débarrasser d'un gouvernement aux valeurs aussi archaïques. On commence à se dire que n'importe qui au pouvoir, sauf Harper, ça ne serait déjà pas pire.

Dans cette perspective, j'anticipe autant la prochaine campagne électorale fédérale que les débats sur le vote stratégique.

En bref, le vote stratégique, c'est de voter pour un parti politique dans l'espoir que ça va en empêcher un autre de prendre le pouvoir, ou du moins l'empêcher de rentrer majoritaire. Ce texte ne sera pas fleur bleue et papillon enchanté comme son propos le laisse entendre, il propose plutôt de montrer froidement pourquoi le vote stratégique est inefficace.

D'abord, vous ne ferez aucune différence en votant stratégiquement. Ben non. Désolée de briser vos rêves. C'est le cas pour deux raisons: le poids politique du Québec, et le fonctionnement par circonscription.

Premièrement, au Canada, on est dans ce qu'on appelle un scrutin uninominal majoritaire à un tour. Je m'explique: il y a des circonscriptions un peu partout, et le parti qui remporte la majorité dans l'une d'elles la gagne. Au final, le parti qui remporte le plus de circonscriptions est celui qui est élu. Si ce parti remporte plus de la moitié des circonscriptions, il est majoritaire. Sinon, il est minoritaire.

Petite anecdote : aux élections fédérales de 2011, il y avait 308 circonscriptions au Canada et il y en aura 338 pour les élections de 2015. Concrètement, la hausse du nombre de circonscriptions va diminuer le poids politique relatif du Québec. Donc, même si au Québec on vote massivement pour un parti, ça ne le fera pas rentrer au pouvoir.

En fait, c'est l'Ontario qui possède le poids politique le plus fort au Canada, avec 121 sièges sur 338 pour 2015. Plus du tiers des sièges au Canada. Aussi triste que vrai, l'Ontario a toujours donné le ton aux résultats des élections fédérales et le reste des provinces abondent souvent dans le même sens. Leur poids politique suffit pour élire un gouvernement. Alors que dans l'histoire, le Québec a toujours fait cavalier seul en votant pour un autre. Bref, dans notre belle unité canadienne, le Québec n'est pas un endroit approprié pour le vote stratégique, parce qu'il n'a pas suffisamment de poids politique.

Deuxièmement, comme je l'expliquais, un parti doit d'abord être élu dans une circonscription. Ainsi, pour qu'un vote stratégique puisse avoir un minimum d'impact, il faut déjà que deux candidats arrivent quasiment ex æquo dans les sondages pour cette circonscription donnée. Fort heureusement, les conservateurs ne sont pas très populaires au Québec. Par contre, ça rend tout le concept de vote stratégique des plus inefficaces. Un vote stratégique va avoir de l'impact si vous êtes dans une circonscription conservatrice ou à tendance conservatrice. Ceci dit, il y en a seulement eu cinq aux dernières élections. Il y a donc peu de chance que ce soit votre cas.

Ensuite, encore faut-il une option valable pour voter stratégiquement. Compte tenu de la réalité de notre belle unité canadienne, il faudrait que cette option soit le Parti libéral du Canada. On se rappellera que leur chef détient uniquement son statut politique d'un père profondément antisyndicaliste qui préférait décréter la Loi des mesures de guerre pour emprisonner ses opposants plutôt que de s'asseoir et de négocier. D'ailleurs, les projections actuelles indiquent que ce sera un gouvernement conservateur minoritaire avec une opposition libérale. La hausse prévue des libéraux nous laisse croire que plusieurs ont oublié le détournement de la caisse d'assurance-emploi et le scandale des commandites!

Par ailleurs, détrompez-vous, les projections indiquent que l'Alberta va encore voter massivement conservateur. Leurs élections provinciales n'y changeront rien. Alors, le NPD ne sera pas non plus une option pour un vote stratégique avec le reste du Canada. Ça se jouera très «conservateurs contre libéraux».

De plus, la réalité des expériences passées nous a donné une pas pire claque dans la face pour nous prouver que le vote stratégique est inefficace. Au final, la vague orange des élections de 2011 aura permis d'élire un gouvernement conservateur majoritaire avec une panoplie de candidats poteaux dans l'opposition qui n'ont jamais vraiment fait valoir nos intérêts. Le beau tableau! Bref, le vote stratégique ne fonctionne pas. J'emmerde le vote stratégique, le cynisme politique et les sondages électoraux non probabilistes. Je voterai et militerai pour ce en quoi je crois.

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25 avril 2014

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