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Contrer le terrorisme : défi des sociétés occidentales face à l'extrémisme religieux

Trudeau était visiblement confus, déconcerté et très peu convaincant dans la manière dont le gouvernement canadien doit agir pour rassurer sa population devant un événement d'une telle ampleur.
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Vendredi 13 novembre 2015 est une date qui restera gravée à jamais dans l'esprit du peuple français, alors que Paris a été le théâtre d'une des pires folies meurtrières de son histoire récente avec au moins 132 morts et 350 blessés. L'assaut survint un jour après la double attaque à Beyrouth qui a fait une quarantaine morts et plus de 200 blessés. Le bilan de l'attentat de Paris, revendiqué par le groupe armé État islamique, rappelle aussi le carnage de Mumbai opéré par le groupe islamiste pakistanais Lashkar-e-Toiba (l'armée des pieux) en 2008, tuant 164 personnes et comptant plus de 300 blessés.

Même si bon nombre d'individus se bornent à dire le contraire, ces attentats sont le produit d'une certaine idéologie religieuse. C'est pour cette raison que les dispositifs de sécurité à eux seuls ne viendront jamais à bout de ces manifestations de violence. Car il faut aussi s'attaquer aux idées qui inspirent certaines personnes à vouloir commettre de telles atrocités. Dans nos sociétés occidentales - là où nous pouvons encore agir en vue du bien commun (mais pour combien de temps!) -, il importe de défendre avec acharnement les valeurs de liberté, égalité, et fraternité. Nos sociétés libres et démocratiques doivent agir de manière à contrecarrer la montée de l'intégrisme. Une de ses plus terribles manifestations s'opère lorsque le comportement religieux, qui présuppose au départ l'existence ni vérifiable, ni quantifiable de forces et/ou d'entités spirituelles et surnaturelles telles que dieux et/ou démons, pousse des individus à tuer au nom de leur idéologie religieuse.

Mais voir le tout comme simplement un problème d'ordre politique - une politique telle que nous la concevons aujourd'hui dans nos sociétés occidentales - c'est d'oublier qu'il n'y a pas de démarcation stricte entre le politique et le religieux pour les djihadistes du groupe armé EI ou d'Al-Qaïda, puisqu'ils adoptent essentiellement une conception théocratique de la société. Or, si nous pensons pouvoir tout régler au moyen d'une solution politique, détrompons-nous ; cela n'arrivera pas, car leur ambition va bien au-delà des enjeux présents. La seule distinction que fait le groupe EI concerne la vraie et la fausse croyance. Tout ce qui est contraire à l'idéologie du groupe est de l'ordre de l'hérésie, où l'infidèle peut aussi se trouver du côté des musulmans! Par ailleurs, il est étonnant que des propos analogues s'entendent en Occident lorsqu'on dit que toute vraie religion est exempte de violence, et on accuse les intégristes de tordre le sens des textes, de les lire hors contexte en vue de justifier leurs actions. Mais on oublie très vite que toutes les Religions du Livre font exactement la même chose. Que ce soit pour justifier des actes de violence ou pour soutenir quelque autre point de doctrine, les fidèles choisissent et réinterprètent de manière sélective les versets ou sourates de leurs textes sacrés. Les intégristes de toutes confessions accusent aussi à leur tour ceux qui s'éloignent d'une interprétation littérale de la Bible ou du Coran. Les deux camps se démonisent mutuellement et chacun croit posséder la vérité. Qui dit vrai? Tous se réfèrent pourtant à des textes et/ou des traditions pour appuyer leur point de vue. Ce n'est pas parce qu'une idéologie religieuse diffère de celle qui nous est familière, qu'il ne s'agit plus de religion!

Il est donc temps que cesse l'angélisme à l'égard des religions. Ce n'est qu'en adoptant un regard critique à leur endroit que la classe politique sera en mesure de prendre de meilleures décisions en matière d'éducation, d'immigration, de sécurité, d'économie, et de politique étrangère. Tout pays démocratique doit se prémunir de moyens pour lutter contre la radicalisation et protéger ses citoyens des idéologies aux visées théocratiques. De telles actions demandent du courage politique, une qualité que peu de politiciens possèdent aujourd'hui.

L'angélisme semble être à son paroxysme chez les dirigeants politiques. Les premières réactions de Justin Trudeau montrent bien l'inconscience de certains politiciens face à cette nouvelle réalité, où le terrorisme peut frapper n'importe qui, n'importe quand, et à n'importe quel moment. Il est faux de croire que le Canada est maintenant à l'abri parce que le nouveau premier ministre a ordonné la fin des frappes aériennes contre le groupe armé EI. En fait, plus tôt ce mois-ci, plusieurs sympathisants du groupe se sont moqués du Canada en invoquant la crainte du pays à la suite de son retrait des frappes en Syrie. Il est probable que la perception que les djihadistes ont maintenant du Canada comme étant un pays craintif et faible, ait pour effet d'augmenter sa vulnérabilité et son risque d'attentats. Lors de son court point de presse vendredi dernier, Trudeau était visiblement confus, déconcerté et très peu convaincant dans la manière dont le gouvernement canadien doit agir pour rassurer sa population devant un événement d'une telle ampleur. Il n'a pas su répondre à la seule question posée par un journaliste lors de son court point de presse, à savoir si les attentats de Paris forceraient son gouvernement à revoir sa politique concernant le rôle du Canada en Syrie, ainsi que certains aspects de la loi C-51 de l'ancien gouvernement. C'est dommage, car on se demande si ce nouveau gouvernement prend la menace du groupe EI au sérieux : celui d'établir un califat à l'échelle planétaire.

Il est souhaitable que cet événement - et celui de la veille à Beyrouth - incite la communauté internationale à s'unir pour agir avec une plus grande cohérence et détermination contre ceux qui s'attaquent aux valeurs et libertés de nos sociétés démocratiques. Pour ce faire, il faut d'abord bien comprendre les motivations qui inspirent certains individus à commettre l'irréparable. Et la première chose à retenir consiste à ne pas sous-estimer l'emprise que la pensée religieuse peut avoir sur les gens, surtout lorsqu'elle est teintée d'un intégrisme pouvant mener à la violence.

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