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L'innocuité des compteurs intelligents contestée

Selon plusieurs experts, le plus dangereux n'est pas la dose instantanée reçue mais le fait que ces ondes pulsées intermittentes sont émises 24 heures sur 24.
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Selon un avis de santé publique québécois publié en mars 2012, les compteurs à radiofréquences (RF) seraient sans danger : «À la lumière des connaissances scientifiques actuelles concernant les RF et la santé, et en tenant compte des niveaux d'exposition extrêmement faibles de RF provenant des compteurs de nouvelle génération d'Hydro-Québec, le ministère de la Santé et des Services sociaux [MSSS], en collaboration avec les directeurs de santé publique des Agences de la santé et des services sociaux, tient à informer la population que les RF émises par ces appareils ne posent pas de risques pour la santé.»

Ce genre d'avis est fondé sur des demi-vérités et relève plus de la stratégie politique que de la science, affirment des experts comme le Dr David Carpenter. En juin 2012, celui-ci dénonçait la «désinformation flagrante» concernant les compteurs intelligents, dans un avis endossé par une cinquantaine d'experts internationaux publié sur le site du magazine La Maison du 21e siècle. «Nous nous joignons aux nombreuses autorités qui recommandent l'application du principe de précaution et l'adoption de mesures immédiates - comme l'usage de compteurs filés - pour réduire l'exposition à toutes formes de RF/micro-ondes.

Bases de l'avis québécois

Selon le MSSS, les compteurs nouvelle génération émettent moins de radiofréquences que les téléphones cellulaires ou les modems-routeurs Wi-Fi. Ils «sont conçus pour émettre, à toutes les quelque 50 secondes, un signal RF qui dure environ 60 millièmes de seconde. Ils émettent donc près de 1 700 signaux par jour et l'intensité moyenne des RF à laquelle est exposée une personne se tenant à un mètre d'un compteur est d'environ 50 μW/m2 [50 microwatts par mètre carré, valeur moyenne calculée sur une période d'intégration de six minutes]... Ces niveaux d'exposition sont minimes comparativement à la norme de 6 000 000 μW/m² de Santé Canada.»

Or, les lignes directrices de Santé Canada sur l'exposition aux RF, précisées dans son Code de sécurité 6, visent seulement à éviter l'échauffement des tissus après une exposition de six minutes. Comme les limites prescrites par la plupart des pays, elles reposent sur les recommandations de l'International Commission on Non-Ionizing Radiation Protection (ICNIRP), regroupant des ingénieurs et chercheurs liés aux industries électriques et des télécommunications. Jugées désuètes dès 1991 par trois organismes fédéraux américains, ces lignes directrices ne tiennent pas compte des effets non thermiques à long terme, dont l'électrohypersensibilité et le cancer.

Dose moyenne trompeuse

De plus, la dose de 50 μW/m2 citée par le MSSS et Hydro-Québec est une donnée trompeuse. Elle est une moyenne comptabilisant comme zéro tous les moments où le compteur n'émet pas et est basée sur un temps d'émission total ou «cycle de service» d'environ 0,1 % sur une journée de 24 heures. En fait, la densité de puissance instantanée mesurée à un mètre de distance du compteur atteint jusqu'à 65 000 μW/m², affirme un rapport publié en 2011 par l'Electric Power Research Institute (EPRI). De plus, tous les compteurs «intelligents» communiquent constamment entre eux, plusieurs aux 30 ou aux 40 secondes, mais certains émettent deux fois par seconde ou 190 000 fois par jour, selon un témoignage fait sous serment par le fournisseur d'électricité et de gaz californien Pacific Gas & Electric.

Comme pour nous confondre, le rapport de l'EPRI est incompréhensible pour le commun des mortels : au lieu de donner noir sur blanc la mesure de 65 000 μW/m², il indique que la densité de puissance est de 1,084 % de la valeur maximale qui correspond à la ligne directrice nord-américaine de six millions μW/m², ce qui revient au même, nous a expliqué un ingénieur en électricité tenant à conserver l'anonymat. «Les gens ont des maux de tête, car 65 000 μW/m² à un mètre, c'est énorme, dit-il. Les compteurs «intelligents» transmettent toujours à 65 000 μW/m² pour deux raisons : Hydro utilise la bande sans licence de 902-928 mégahertz que n'importe qui peut utiliser. Le signal doit donc être plus fort que les émissions d'autres appareils; et il doit se rendre le plus loin possible, jusqu'à 3 km à la campagne.»

Émissions croissantes

Par ailleurs, les émissions et le cycle de service sont appelés à augmenter quand la seconde puce-antenne de ces compteurs, qui utilisera la bande 2,4 gigahertz utilisée notamment par le Wi-Fi, sera activée pour communiquer avec les cartes Zigbee intégrées aux nouveaux appareils électroménagers. Or, des millions de personnes sont déjà exposées à des doses de RF jugées dangereuses par les plus grands experts indépendants. «Depuis l'an 2000, nous recommandons une limite préliminaire de 0,6 volt par mètre [960 μW/m²], car les bases scientifiques sont insuffisantes pour l'abaisser», nous a expliqué par courriel le Dr Michael Kundi, directeur de l'Institut de médecine environnementale de l'Université de Vienne, en Autriche.

Selon plusieurs experts, le plus dangereux n'est pas la dose instantanée reçue mais le fait que ces ondes pulsées intermittentes sont émises 24 heures sur 24. Chez les gens vivant à proximité de plusieurs compteurs ou à moins de quatre mètres d'un seul compteur, la dose peut dépasser celle reçue d'un routeur Wi-Fi ou d'un cellulaire utilisé avec prudence (le CIRC recommande l'usage d'une oreillette et du texto le plus souvent possible). C'est l'exposition chronique, même à de très faibles doses, qui épuise le système nerveux de gens déjà surexposés à d'autres sources de RF et qui auraient auparavant subi des atteintes cérébrales (exposition aux pesticides, aux moisissures, aux métaux lourds, tels que les amalgames dentaires au mercure, etc.), selon le Dr Roy Fox, ancien directeur du Nova Scotia Environmental Health Centre (lire L'électrohypersensibilité due à des agressions répétées au cerveau). De plus, les compagnies d'électricité n'informent pas le public que la documentation des fabricants de compteurs affirme qu'il ne faut jamais se tenir en deçà de 8 po (20 cm) d'un tel appareil pour respecter la norme de 6 000 000 μW/m² (niveau de micro-ondes très dangereux, notamment pour les yeux d'une personne qui se rapprocherait pour lire le compteur). Enfin, rappelons que l'alimentation à commutation des compteurs électroniques fait en sorte qu'ils génèrent beaucoup d'interférence nocive.

Avis contradictoires sur l'électrohypersensibilité

En décembre 2005, l'Organisation mondiale de la santé publiait un avis sur l'hypersensibilité électromagnétique qui concluait : «La HSEM est caractérisée par divers symptômes non spécifiques qui diffèrent d'un individu à l'autre. Ces symptômes ont une réalité certaine et peuvent être de gravité très variable. Quelle qu'en soit la cause, la HSEM peut être un problème handicapant pour l'individu touché. Il n'existe ni critères diagnostiques clairs pour ce problème sanitaire, ni base scientifique permettant de relier ses symptômes à une exposition aux CEM. En outre, la HSEM ne constitue pas un diagnostic médical...»

Or selon l'oncologue parisien Dominique Belpomme, qui traite plus de 1 000 patients atteints de HSEM et organise un colloque sur le sujet qui réunira des sommités internationales, le 18 mai prochain à Bruxelles, l'OMS devra bientôt mettre cet avis à jour.

«Nous savons avec certitude que l'hypersensibilité électromagnétique n'est pas psychosomatique, nous a-t-il confirmé en entrevue téléphonique. Les CEM provoquent des effets majeurs dans le cerveau. Le plus important d'entre eux est l'ouverture de la barrière hémato-encéphalique. Cela permet au mercure, aux organochlorés et à d'autres polluants de pénétrer dans le cerveau, où ils causent diverses maladies neuro-dégénératives. «Ces patients ont avec certitude des troubles de vascularisation cérébrale. En outre, les tests biologiques réalisés démontrent que 30% d'entre eux ont des taux élevés d'histamine, 50% ont trop de protéines de stress, la plupart ont un taux de mélatonine (hormone anticancer) trop bas, et 30% ont des niveaux d'anticorps et de protéines qui indiquent un choc thermique et témoignent d'une souffrance cérébrale.»

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