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Électrohypersensibilité: un colloque démystifie la controverse

Des études bien contrôlées et menées en double aveugle ont montré que ces symptômes n'étaient pas corrélés avec l'exposition aux champs électromagnétiques.
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Les hypersensibilités environnementales sont embêtante pour nos économies modernes basées sur les produits chimiques et les technologies sans fil. Les personnes hypersensibles dérangent car ils remettent en question une foule de substances que nous utilisons quotidiennement. Pourtant, des milliers d'études démontrent leur nocivité à faibles doses répétées, au premier chef pour les enfants, femmes enceintes et autres personnes hypersensibles. Un récent colloque historique tenu à Bruxelles faisait le point sur ce débat scientifique à forte saveur politico-économique.

Crack des nouvelles technologies, José Lévesque fut installateur de centrales de téléphonie sans fil commerciales pendant huit ans. Mais la vie de ce résidant de Saint-Colomban (Laurentides) a soudainement pris un tournant sombre, à la fin de 2005, quand il s'est rendu compte qu'il avait développé une intolérance aux radiofréquences (RF) de type micro-ondes émis par les antennes et appareils sans fil. «Au début, ça pinçait dans mon oreille lorsque je téléphonais. Ensuite, j'avais beau utiliser une oreillette, j'étais étourdi et mon oreille bourdonnait. Puis, en me levant un matin, je marchais comme un gars saoul et j'entendais un timbre comme un détecteur de fumée dans mon oreille.»

En 2009, M. Lévesque a volontairement quitté son emploi quand sa condition controversée d'électrohypersensibilité (EHS) a empiré. «Aujourd'hui, mon visage devient engourdi, j'ai mal à la tête, et si je persiste à m'exposer, je peux même saigner du nez ou des vaisseaux sanguins peuvent éclater dans mes yeux. Ça m'est déjà arrivé dans un hôpital du centre-ville doté d'émetteurs de téléphonie et Wi-Fi! Autrefois, on en riait car je pouvais dire à mes collègues quand leur cellulaire allait sonner, tellement ça me donnait mal à la tête quand le signal de l'appel entrait. Et depuis que les compteurs intelligents ont été installés dans mon quartier en janvier 2013, j'ai constamment mal à la tête.»

À l'ère du tout-au-sans-fil, au moins 3% de la population canadienne a reçu un diagnostic médical d'hypersensibilité environnementale (chimique et/ou électromagnétique), selon Statistique Canada. De 1995 à 2004, divers sondages européens ont révélé que la proportion de gens se disant incommodés par de faibles expositions aux champs électromagnétiques (CEM) variait de 1,5% en Suède à 11% en Angleterre.

Reconnue comme un handicap en 2000

Certains pays comme la Suède reconnaissent même l'EHS comme un handicap fonctionnel, expliquait le 18 mai dernier à Bruxelles le neuroscientifique Olle Johansson, dans le cadre du 5e Colloque de l'Appel de Paris, qui cette année réunissait pour la première fois plusieurs experts internationaux sur les hypersensibilités chimique et électromagnétique. Bien qu'elles ne soient pas reconnues comme des maladies par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et sont considérées par plusieurs comme psychosomatiques, en 2000 le Conseil des ministres des pays nordiques a intégré ces hypersensibilités dans son adaptation de la Classification internationale des maladies et symptômes liés au travail (ICD-10). L'organisme définit ainsi l'intolérance électromagnétique: «Habituellement des symptômes généraux (fatigue, nausée, problèmes de mémoire et de concentration, etc.) liés aux écrans de télévision, d'ordinateurs ou de données, les transformateurs électriques ou les lampes fluorescentes. Les symptômes disparaissent dans les ''environnements non-électriques''.»

Directeur de l'unité de dermatologie expérimentale de l'Institut Karolinska, à Stockholm, et pionnier en matière d'effets biologiques des CEM de faible intensité, le Dr Johansson affirme que le fardeau de la preuve ne doit pas reposer sur les individus handicapés: «Selon les Nations unies et les diverses lois sur les handicaps, une limite fonctionnelle n'a pas à être reconnue, c'est l'environnement déficient qui doit être adapté. En Suède, les électrohypersensibles ont même leur propre association subventionnée par l'État et les municipalités sont tenues de les accommoder. C'est à eux d'exiger le respect, la représentation et le pouvoir dans toute situation et par tous les moyens disponibles. Il faut rejeter toute approche qui les prend en pitié ainsi que les paroles bien-pensantes de traitement. Le manque d'accessibilté n'est pas un problème personnel, mais un problème social. Et la discrimination est illégale!»

En 2007, la Commission canadienne des droits de la personne publiait même des avis juridique et médical ainsi qu'une politique visant à prévenir la discrimination subie par les personnes hypersensibles à l'environnement chimique et électromagnétique, car plusieurs perdent leur emploi et sont référés en psychiatrie. Pourtant, en 2012, l'Association médicale autrichienne publiait une directive pour le diagnostic et le traitement des problèmes de santé et maladies liés aux CEM. Et cette directive confirme que le premier traitement de l'EHS est la réduction de l'exposition aux CEM.

D'ailleurs l'EHS, aussi appelée hypersensibilité électromagnétique (HSEM), n'a rien de nouveau, rappelait à Bruxelles le Dr David Carpenter, ancien doyen fondateur de l'École de santé publique de l'Université d'Albany (New York). «Durant la Seconde Guerre mondiale, les opérateurs de radars (émettant des radiofréquences) étaient souvent atteints de ce qu'on appelait alors maladie du micro-ondes.» David Carpenter est le coéditeur, avec Cindy Sage, des fameux rapports BioInitiative sur les effets des CEM publiés en 2007 et 2012 par un groupe d'experts indépendants qui ont synthétisé les résultats de milliers d'études sur le sujet. Leur rapport de 2007 fut la base de la résolution 1815 adopté en 2012 par le Conseil d'Europe, qui recommandait l'adoption de limites d'exposition basées sur les effets biologiques des CEM.

Absence de preuves concluantes

Selon Dr Carpenter, malgré l'absence de consensus scientifique, les preuves sont assez solides pour déclarer que l'EHS est déclenchée par les CEM. «Elle peut même être déclenchée par une électrocution légère, dit-il, mais chaque individu réagit différemment. Plusieurs personnes ignorent quelle est la cause de leurs divers symptômes non spécifiques à une maladie qu'on a longtemps qualifié de neurasthénie. Il est important de développer des tests objectifs pour déterminer quels patients sont véritablement hypersensibles tout en reconnaissant que certains symptômes non spécifiques peuvent être d'origine psychologique. J'ajouterais aussi la fatigue chronique, la fibromyalgie et le syndrome de la Guerre du Golfe à la liste des intolérances environnementales dites idiopathiques» (de cause inconnue).

Dr Carpenter ajoute qu'il ne faut pas juste se préoccuper de la puissance et de la fréquence des ondes en présence, mais de nombreux autres facteurs dont les pics d'exposition ainsi que l'interférence électrique. «C'est le même phénomène qui se produit avec des appareils sans fil comme les compteurs intelligents qui émettent de très courtes pulsations de haute intensité, dit-il. Les pointes soudaines de fréquences transitoires et les harmoniques pourraient bien être ce dont il faut se préoccuper davantage.»

Dans un avis publié en 2005, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) reconnaissait la nature parfois handicapante des symptômes attribués à l'hypersensibilité électromagnétique, tout en soulignant qu'il ne s'agit pas d'un diagnostic médical. «La majorité (des) études indique que les individus se plaignant de HSEM sont incapables de détecter plus précisément une exposition à des CEM que des individus ordinaires. Des études bien contrôlées et menées en double aveugle ont montré que ces symptômes n'étaient pas corrélés avec l'exposition aux CEM.» Or, les études citées par l'OMS ont été conçues pour échouer, selon divers experts que nous avons rencontrés à Bruxelles.

«Certaines études de provocation ont permis d'observer des changements dans les pupilles, le rythme cardiaque, des dommages aux érythrocytes [globules rouges] et une perturbation du métabolisme du glucose dans le cerveau après une exposition aux CEM, dit l'oncologue et épidémiologiste suédois Lennart Hardell, reconnu mondialement depuis les années 1970 comme l'auteur des premières études liant l'exposition aux pesticides avec des risques accrus de cancer, et depuis 20 ans sur les risques de cancer du cerveau chez les gros utilisateurs de téléphones portables. «Il y a beaucoup de conflits d'intérêts autour de cette question, l'argent mène le monde. Les mêmes gens siègent sur tous les comités qui prennent les décisions et les gens qui sont objectifs ne peuvent y siéger. Ce n'est pas dans l'intérêt de la santé publique mais ça profite certainement aux bilans des entreprises. Pendant ce temps, les parents qui retirent leur enfant malade d'une école où il y a du Wi-Fi sont presque traités comme des criminels...»

Étude historique

Tenu à l'Académie royale de médecine belge, le colloque du 18 mai fut organisé par deux organismes dirigés par l'oncologue parisien Dominique Belpomme, l'Association pour la recherche thérapeutique anti-cancéreuse (ARTAC) et l'European Cancer and Environment Research Institute (ECERI). Dr Belpomme complète cette année la plus vaste étude mondiale réalisée sur des patients atteints d'hypersensibilité chimique ou électromagnétique ou de ces deux conditions qui, selon lui, ont en commun une souffrance cérébrale. «Nous avons créé un groupe de travail international indépendant destiné à faire reconnaître par l'OMS les hypersensibilités environnementales dans la classification internationale des maladies sur la base des nouvelles données scientifiques», dit-il. Son collègue, le pédiatre Ernesto Burgio, expert en épigénétique et président du comité scientifique de l'International Society ofDoctors for the Environment, a souligné que la pollution cause des dommages génétiques responsables des nouvelles épidémies. C'est le cas du cancer infantile dont l'incidence a augmenté de 50% depuis 25 ans et qui touche un nombre inquiétant de bébés de moins de deux ans. «L'hypersensibilité chimique et électromagnétique sont des maladies sentinelles, prédictives d'autres maladies», dit le Dr Burgio.

Avant tout, Dr Belpomme a souligné l'importance d'écouter les patients, comme le recommandait Hippocrate. «Depuis quatre ans, j'ai personnellement examiné 1213 patients et 90% d'entre eux sont vraiment électrohypersensibles car ils répondent à nos trois critères cliniques objectifs: leurs symptômes ne sont pas expliqués par une pathologie connue, ils apparaissent et sont reproductibles sous l'effet des champs électromagnétiques, et ils régressent ou disparaissent en cas d'évitement de ces ondes. Des analyses biologiques objectives, soit des tests de sang et d'urine ainsi que des échographies cérébrales Doppler, démontrent que ces patients sont tous atteints d'altérations du cerveau, en particulier dans les zones très importantes du système lymbique et de l'hypothalamus. Nos résultats restent à confirmer dans le cadre d'études internationales, mais on a des connaissances scientifiques suffisantes pour que les gouvernements reconnaissent cette maladie.»

L'oncologue parisien Dominique Belpomme, qui traite plus de 1 200 patients hypersensibles à l'environnement, effectue la plus vaste étude mondiale sur le sujet.

En guise de traitement, l'oncologue recommande d'abord aux électrohypersensibles de réduire leur exposition aux CEM, puis il leur administre souvent des antihistaminiques et des anti-infllammatoires naturels comme le ginko biloba et surtout la papaye fermentée qui est prescrite aux sidéens par le lauréat du prix Nobel de médecine Luc Montagnier. Puissant antioxydant et stimulant du système immunitaire, la papaye fermentée améliore la circulation sanguine au cerveau, selon les recherches du Dr Belpomme. Il ajoute que la plupart de ses patients hypersensibles ont besoin de suppléments pour contrer leurs carences en vitamines et minéraux. Enfin, des mesures de métaux lourds corporels confirment souvent qu'ils ont besoin d'une chélation sous supervision médicale pour les évacuer (les métaux lourds sont neurotoxiques et ils agissent comme des antennes captant les micro-ondes).

Conflit d'intérêts

Ce colloque visait avant tout à faire le point sur la recherche sur ces conditions très complexes, mais selon plusieurs des conférenciers que nous y avons interviewé, celle-ci est teintée par des considérations économiques et politiques. Ils dénoncent comme sophisme réducteur le fait de déclarer les symptômes d'hypersensibilités comme psychosomatiques sans avoir exclu d'autres causes possibles comme la pollution. Or cette théorie simpliste est souvent véhiculée par des chercheurs et consultants associés aux industries de l'électricité et du sans fil.

C'est le cas de Michael Repacholi, ancien fonctionnaire à Santé Canada et ancien chef du Programme international CEM de l'OMS. Consultant pour l'industrie avant et après avoir travaillé à l'OMS, qu'il a quitté en 2006, Repacholi a fondé en 1992 la Commission internationale de protection contre les radiations non-ionisantes (ICNIRP). C'est cet organisme allemand qui a proposé les limites d'exposition aux CEM adoptées par la plupart des pays, dont le Canada. Ces limites sont fortement critiquées comme mettant la santé publique en danger car elles ne visent qu'à éviter l'échauffement de 10 grammes de tissus humains après une exposition de six minutes. Elles ignorent les dizaines d'effets dits non thermiques de l'exposition chronique aux CEM, tels ceux dont souffre José Lévesque. Ces effets non thermiques ont été reconnus notamment par la Marine américaine en 1972, dans une bibliographie citant plus de 2300 études, et en 1986 par un organisme fédéral américain, le National Council for Radiation Protection and Measurements.

L'ICNIRP affirme que ses membres sont indépendants de tout intérêt commercial, mais plusieurs ont été accusés d'être en conflit d'intérêts. Outre Repacholi, le plus célèbre est Anders Ahlbom, professeur d'épidémiologie à l'Institut Karolinska et ancien consultant pour l'industrie du tabac. En 2011, il a dû démissionner comme membre du groupe de travail sur les radiofréquences du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). La journaliste suédoise Mona Nilsson venait de révéler qu'il était directeur de la firme de consultation Gunnar Ahlbom AB, fondée par son frère et défendant les intérêts des compagnies de télécommunications. Quelque jours plus tard, le CIRC classifiait officiellement les radiofréquences comme «peut-être cancérogènes», reconnaissant le sérieux des études du Dr Lennart Hardell. Cet oncologue a même récemment découvert une augmentation significative de l'incidence des cancers du cerveau de type inconnu et des décès qu'ils ont causé en Suède depuis 2008, soit seulement quatre ans après l'adoption massive du téléphone cellulaire.

C'est dans la tête

L'OMS et de nombreux pays comme l'Australie rappellent que plusieurs études ont conclu que les symptômes d'EHS pourraient être déclenchés par l'effet nocebo, soit la crainte d'un produit qu'on croit nocif. José Lévesque répond qu'il a informé des représentantes de Santé Canada et de la santé publique qu'il serait volontaire pour se faire tester afin qu'on mesure ses réponses biologiques aux ondes. Elles ont refusé. «C'est facile de dire que c'est l'effet nocebo quand tu ne veux pas faire de tests parce que tu as peur de devoir rendre des comptes en prenant des actions en conséquence, dit-il. Pour ma part, je sais que les tests seraient pleins de conséquences pour moi: mes symptômes apparaissent 5 à 10 minutes après qu'un routeur Wi-Fi soit allumé près de moi et ensuite je peux être malade pendant 3 ou 4 jours. Mais si ça peut aider en aidant les gens à prendre conscience...»

Ce genre de témoignage, un autre conférencier présent à Bruxelles, l'ancien professeur de chirurgie texan William J. Rea, l'a entendu des milliers de fois depuis 1974. C'est l'année où ce pionnier de la médecine de l'environnement a fondé l'Environmental Health Center, de Dallas (Texas). Il y a traité plus de 30 000 personnes hypersensibles aux produits chimiques et aux CEM. En 1991, le Dr Rea a publié une étude historique sur sa méthode de diagnostic de l'électrohypersensibilité qui requiert que le patient passe 3 à 4 jours dans un environnement contrôlé pour calmer son système nerveux épuisé par des polluants avant de le tester pour voir s'il réagit à diverses fréquences électriques. Plus de 700 de ses patients électrohypersensibles ont notamment passé une tomographie cérébrale qui montrait qu'ils avaient des trous ou des défauts à la surface de leur cerveau, signe d'une réduction du débit sanguin ou de l'activité neuronale. «C'est dans la tête que ça se passe, en effet, et j'en ai la preuve!», a dit ce médecin de 80 ans devant un auditoire captivé.

Outre la désinformation véhiculée par les scientifiques et consultants à la solde des industriels, l'incompréhension du corps médical au sujet des hypersensibilités environnementales, disent les chercheurs rencontrés à Bruxelles, est due au manque de financement pour des études indépendantes. Mais l'industrie n'est jamais en manque de fonds pour ses chercheurs favoris, dont le psychologue britannique James Rubin.

«Il y a autant d'études qui n'ont pu détecter l'électrohypersensibilité que d'études qui ont confirmé son existence, souligne Henry Lai, professeur de bioingénierie à l'Université de Washington. Fondamentalement, la science de l'électrohypersensibilité n'est pas aussi solide que la plupart des gens le croient. Faire une déclaration positive et définitive à son sujet, c'est imiter la même parodie que l'industrie essaie de nous faire avaler en disant que l'usage du téléphone cellulaire est absolument sans danger.» Au début des années 1990, ce psychologue et un collègue ont découvert que de faibles expositions aux radiofréquences (bien en deçà des limites permises par l'ICNIRP et Santé Canada) endommageaient l'ADN. Quand leur découverte fut confirmée, le fabricant de téléphones cellulaires Motorola est parti en guerre contre eux et a tout fait pour les discréditer et les faire congédier.

Les chercheurs qui découvrent les méfaits des CEM voient souvent leurs budgets de recherche fondre comme neige au soleil. C'est arrivé notamment au biologiste français Gérard Ledoigt, professeur à l'Université Blaise-Pascal, qui a révélé la nocivité des RF sur des plants de tomate. Néanmoins, de plus en plus d'élus exigent que ces recherches soient soutenues. En novembre 2013, les villes américaines de Boston et Philadelphie déploraient que Washington ignore encore «les preuves accumulées massives démontrant que les radiations de radiofréquences ont des effets handicapants sur une minorité admise - mais une minorité souffrante - de citoyens Américains».

Condition multifactorielle

Outre les CEM, les déclencheurs des hypersensibilités environnementales sont notamment les solvants, les métaux lourds, les pesticides et les gaz de combustion. Selon le Dr Rea, 80% de ses patients électrohypersensibles ont été notamment empoisonnés par des moisissures neurotoxiques. Également conférenciers au colloque de Bruxelles, deux médecins allemands et un physicien médical ont confirmé que les radiofréquences augmentent l'exposition aux vapeurs du mercure présent dans les amalgames (appelés à tort plombages) dentaires.

Igor Belyaev, directeur du laboratoire de radiobiologie à l'Institut de recherche sur le cancer de l'Académie des sciences slovaque, nous a expliqué pourquoi tant d'études sur l'EHS ont échoué. Selon ses recherches, les effets des CEM dépendent d'énormément de variables physiques et biologiques ignorées dans les études dites négatives dont les conclusions sont souvent utilisées pour justifier la psychiatrisation des électrohypersensibles: fréquence de l'onde porteuse, largeur de la bande passante, modulation (l'information greffée sur l'onde porteuse), polarisation, intermittence et cohérence du temps d'exposition et de non exposition, présence de champs magnétiques statiques, courants vagabonds, sexe, âge, génotype, densité cellulaire et autres traits physiologiques individuels, et particulièrement la concentration corporelle de capteurs de radicaux libres, d'antioxydants et de métaux lourds divalents (transporteurs d'ions de calcium). Selon lui, les études sur ces concentrations «fournissent un contexte mécanistique pour le traitement de l'électrohypersensibilité basé sur la chélation de métaux divalents, la réduction des radicaux libres et l'équilibre vitaminique». Consultant auprès de l'OMS, ingénieur physique (radiation et dosimétrie), docteur en radiobiologie et expert en toxicologie génétique formé en Union soviétique, Igor Belyaev est éditeur associé de diverses revues scientifiques, dont Electromagnetic Biology and Medicine.

Jointe par courriel, l'ingénieure en électricité Emilie van Deventer, chef du programme sur les radiations à l'OMS, nous a affirmé que son équipe est à revoir la littérature scientifique concernant les effets des radiofréquences sur la santé. «Une monographie dans la série des Critères d'hygiène de l'environnement de l'OMS sera publiée l'année prochaine. Elle comprendra l'examen des publications sur l'hypersensibilité électromagnétique. L'OMS publie périodiquement des programmes de recherche axés sur la santé publique liés aux CEM, mais ne finance pas ce type de recherche en soi.»

Mais l'ingénieur en électronique Lloyd Morgan, survivant du cancer du cerveau et représentant des patients au Registre central des tumeurs cérébrales des États-Unis, demeure sceptique. Mme van Deventer est docteure en génie électrique et ancienne titulaire d'une chaire de recherche en électromagnétique financée par Bell Canada et Nortel, à l'Université de Toronto. «À ma connaissance, dit Lloyd Morgan, elle n'a que peu, voire aucune connaissance de la biologie, la pratique médicale ou la santé publique. Elle a été nommée à son poste par Michael Repacholi, le fondateur de l'ICNIRP et du Projet international de l'OMS sur les CEM qui fut initialement financé par l'industrie. Dr Devra Davis décrit, en page 48 de son livre Disconnect, comment un système de blanchiment d'argent a été utilisé pour envoyer des fonds au Projet international CEM. L'industrie de la téléphone cellulaire a envoyé de l'argent à l'hôpital Royal Adelaide en Australie (où Repacholi avait déjà été employé) et l'hôpital a fait "don" de l'argent au Projet international CEM. Repacholi a embauché van Deventer, puis quand il a quitté l'OMS, il a fait en sorte qu'elle soit nommée pour le remplacer. En effet, le Projet international CEM est la taupe de industrie au sein de l'OMS.»

Mme van Deventer n'a pas répondu à ces allégations.

Pour conclure, les experts soulignent qu'il ne faut pas oublier que nous sommes tous de plus en plus surexposés aux CEM à l'ère du sans fil, et que de nombreuses études ont démontré que cet électrosmog contribue à l'explosion de nombreuses maladies chroniques comme le cancer, l'Alzheimer et le diabète. La sociologue Louise Vandelac, professeure à l'Institut des sciences de l'environnement de l'UQAM, a déploré avoir été l'un des rares Canadiens présents au colloque de Bruxelles: «Les pouvoirs publics ont surinvesti leur mission économique et sous-investi leur responsabilité de protection de la santé et de l'environnement. Au lieu de parler de villes intelligentes, on devrait plutôt parler de villes intelligentes ET saines!»

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