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La nocivité des compteurs «intelligents» reconnue en douce par la Californie

«Il y a vraiment des gens qui ressentent de la douleur (ou autre symptôme) liée aux champs électromagnétiques, et plutôt que de les voir devenir hystériques, je les laisserais discrètement tranquilles», écrivait en 2010 dans un courriel l'ancien président de la commission des services publics californienne..
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Les gens devenus intolérants aux champs électromagnétiques (CEM) devraient pouvoir conserver leur compteur électromécanique (analogique) plutôt que de se faire imposer un compteur « intelligent » électronique (numérique) émetteur de radiofréquences (RF), avouait en 2010 l'ancien président de la Commission des services publics de la Californie (CPUC) dans un courriel saisi grâce à un mandat de perquisition. La missive de Michael Peevey était adressée à nul autre que Brian Cherry, vice-président du grand fournisseur d'énergie Pacific Gas & Electric (PG&E), de San Francisco. En janvier 2015, les autorités californiennes ont saisi leurs ordinateurs dans le cadre d'une enquête criminelle.

« Il y a vraiment des gens qui ressentent de la douleur (ou autre symptôme) liée aux CEM, et plutôt que de les voir devenir hystériques, je les laisserais discrètement tranquilles », écrivait Peevey à Cherry dans ce courriel daté du 6 septembre 2010.

Hypersensibilité électromagnétique

Depuis le début de leur déploiement en 2006 un peu partout dans le monde, les gouvernements et les services publics d'électricité, d'eau et de gaz ont toujours prétendu que les compteurs numériques dotés d'une puce-antenne qui transmet les données de consommation par l'intermédiaire d'ondes radio, ne présentaient aucun danger pour la santé publique. Et ce, malgré les milliers de plaintes d'usagers et de médecins qui rapportent une foule de cas de symptômes d'hypersensibilité électromagnétique (HSEM) aggravés ou apparus après l'installation de ces émetteurs de micro-ondes pulsées (lire les témoignages déposés par des Québécois à la Régie de l'énergie du Québec). Or, dans son courriel à Brian Cherry, Peevey écrivait : « Si c'était ma décision, je laisserais n'importe qui le désirant conserver son vieux compteur analogique, s'il prétendait être affecté par les champs électromagnétiques ou souffrir d'un autre problème de santé lié à l'électronique et pouvait produire une lettre de médecin l'affirmant (ou exprimant une inquiétude concernant cette probabilité). J'instituerais une telle politique discrètement et seulement sur une base individuelle. »

L'OMS partenaire des compagnies d'électricité

La confidence faite par Michael Peevey au sujet des électrohypersensibles s'appuyait probablement sur une source bien informée : un courriel daté du 15 septembre 2010 indique que la CPUC était conseillée par l'épidémiologiste Leeka Kheifets, professeure de santé publique en résidence à l'Université de la Californie à Los Angeles. Celle-ci a jadis dirigé les études sur les effets sanitaires des CEM d'abord à l'Electric Power Research Institute (EPRI, l'institut américain de recherche sur l'électricité), puis à l'Organisation mondiale de la santé où elle a consulté des compagnies d'électricité - dont Hydro-Québec - avant de publier une monographie sur les CEM en 2007.

Demande d'enquête indépendante

Devant l'aveu de Michael Peevey, le président de l'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA), André Bélisle, «redemande avec insistance qu'une enquête de santé publique indépendante basée sur ces nouvelles informations et révélations.»

Au bureau de la ministre déléguée à la Santé publique du Québec, Lucie Charlebois, rien de neuf. « La position concernant les compteurs intelligents reste la même », affirme son attachée de presse, Alexandra Bernier. Selon elle, l'option de retrait offerte par Hydro-Québec est suffisante. Pourtant, elle n'aide en rien les gens vivant dans des immeubles à logements dans lesquels sont situés plusieurs compteurs, car ils doivent convaincre leurs voisins de payer des frais de retrait.

Options de retrait différentes

Depuis 2008, PG&E a installé sur des bâtiments californiens neuf millions de compteurs de marque Focus fabriqués par la compagnie suisse Landis+Gyr, les mêmes qu'installe Hydro-Québec. Finalement, ce n'est qu'en 2013 que la CPUC, qui réglemente les activités d'entreprises privées de services publics, a permis officiellement aux gens qui le désirent de se faire installer un compteur électromécanique, non émetteur de RF. Offerte depuis 2012, l'option de retrait de PG&E rend possible l'usage d'un compteur mécanique de marque GE remis à neuf, moyennant des frais d'installation de 75 $ et de relève de 10 $ par mois (ou de 10 $ et de 5 $ respectivement pour les ménages à faible revenu). L'option de retrait d'Hydro-Québec concerne plutôt la pose d'un compteur numérique « non communicant » (non émetteur de RF), le modèle américain Centron C1S d'Itron. Les frais sont de 85 $ pour l'installation et de 5 $ par mois pour la relève.

Bien que la plupart des personnes électrohypersensibles disent que leurs symptômes diminuent après la pose du compteur non communicant, certaines se plaignent de réactions à l'interférence électromagnétique qu'il génère, comme le fait tout appareil électronique (ampoules et tubes fluorescents, rhéostats, onduleurs, etc.). « Les compteurs électromécaniques, que l'on reconnaît à leur disque qui tourne et à leurs cadrans, ne sont plus fabriqués en Amérique du Nord depuis 2010, affirme Hydro-Québec sur son site Web. La décision de les remplacer n'est donc pas un choix, mais une nécessité. » Pourtant, cela n'a pas empêché PG&E d'installer plus de 50 000 compteurs analogiques remis à neuf.

Première étude médicale

Les compteurs « intelligents » furent installés pour la première fois en 2006, en Australie. C'est là qu'une médecin de famille de Melbourne, Frederica Lamech, a récemment signé la toute première étude médicale au monde portant sur les effets sanitaires aggravés ou apparus après l'installation de ces appareils. Son étude fut publiée le 20 novembre 2014 dans la revue scientifique Alternative Therapies in Health and Medicine. Elle a analysé les principaux symptômes dont se sont plaints 92 résidants de Melbourne sur le site Stop Smart Meters Australia. Parmi ces 92 personnes, 48 % se plaignaient de problèmes de sommeil, 45 % de maux de tête, 33 % d'acouphènes et autres bruits dans les oreilles, 32 % de fatigue et 30 % de troubles cognitifs, comme des problèmes de concentration, d'orientation ou de mémoire. Le même genre de symptômes dont souffrait cette médecin.

Selon la Dre Lamech, ces symptômes « recoupent presque entièrement « ceux rapportés en 1972 par le chercheur de la Marine américaine Zorach Glaser dans une recension de 2 300 études portant sur les effets biologiques associés à l'exposition aux RF. Ces mêmes symptômes sont également les plus communément liés à l'exposition aux RF, affirme l'Association médicale autrichienne dans sa Directive pour le diagnostic et le traitement des problèmes de santé et de maladies liés aux CEM (syndrome des CEM), publiée en 2012. «Ce syndrome a été décrit pour la première fois par des chercheurs russes dans les années 1950, qui l'ont appelé maladie des micro-ondes», écrit la Dre Lamech. Selon le neurochirurgien australien Vini G. Khurana, ce phénomène touche particulièrement les gens passant plusieurs heures par jour à moins de 10 pieds (3 m) d'un compteur « intelligent.

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