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Le plus exigeant physiquement dans une campagne, ce n'est pas de marcher de maison en maison pour convaincre les gens de voter pour moi. [...] Le plus demandant est de gérer toute l'énergie qui circule autour de moi à longueur de journée.
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Une campagne électorale est une période longue et exigeante. Merci à M. Harper d'avoir fait de ma première campagne l'élection la plus longue de l'histoire moderne canadienne.

C'est une période exigeante mentalement puisque l'effort intellectuel en campagne est très intense et constant. Je dois mémoriser des dizaines de pages de contenu politique et prendre position sur plusieurs enjeux auxquels je n'avais pas nécessairement réfléchi jusqu'à présent. Je dois également répondre à plusieurs demandes et questions de citoyens qui m'interrogent sur le Parti vert et sur mes idées pour le comté de Bellechasse-Les-Etchemins-Lévis.

Mais répondre aux citoyens ne se fait pas seulement par courriel ou par téléphone. Il faut également aller les rencontrer dans des opérations quotidiennes de porte-à-porte. Je n'avais encore jamais cogné aux portes des gens pour les sensibiliser à la politique. Malgré tout, ces activités sont très motivantes.

Par exemple, dans une municipalité de ma région, je m'arrête dans un petit restaurant pour souper après une première ronde de portes. Je mange mon repas tranquillement lorsqu'un monsieur m'aborde agressivement en me reprochant mon opposition au pipeline Énergie Est. Toujours ouvert à la discussion, je me rapproche de l'homme pour avoir un échange constructif d'idées et de points de vue. Mais non, l'homme rejette violemment ma proposition et me reproche même ma présence dans les lieux. Pourtant, il m'apprend du même souffle qu'il n'est même pas de la région.

«Je dépense beaucoup d'énergie à promouvoir mes idées, mais je reçois aussi beaucoup d'énergie des gens de mon comté.»

Il m'en faut beaucoup pour m'ébranler dans la vie. J'ai été assembleur et monteur de lignes exposé aux intempéries extrêmes et habitué au travail très difficile ainsi qu'un écologiste présent sur tous les fronts environnementaux des dernières décennies au Québec.

Rencontrer quelqu'un qui ne partage pas ma vision des choses n'est pas une expérience nouvelle pour moi. Que quelqu'un exprime son désaccord de manière agressive est désagréable. Mais lorsqu'on fait partie des objecteurs de conscience de la société, il faut s'attendre à être la cible d'attaques.

Je termine mon repas en évitant la confrontation avec «M. Pipeline». Je reprends mon porte-à-porte en glissant à mon collègue bénévole qui m'accompagne que si la réaction des gens est la même partout en ville, la soirée risque d'être longue. Je m'approche de la première porte et cogne, dépliant en main et laïus en tête. Une dame âgée m'ouvre la porte et avant que je n'aie eu le temps d'ouvrir la bouche, elle s'élance : «Vous êtes le monsieur du Parti vert, André Bélisle! Je vous reconnais, je vous ai vu sur les affiches! Entrez, j'ai des questions pour vous!» Ni une ni deux, nous voilà assis dans son salon à parler environnement, économie et problèmes locaux en emploi. Spontanément, elle me mentionne son opposition au projet de pipeline qui traverserait les terres de son frère, un peu plus bas dans le comté. La conversation dure 10 minutes, je dois aller sonner aux autres portes et je dois couper court à cet entretien si intéressant. Je quitte pendant que la dame me remercie pour mon temps et confirme que je pourrai compter sur son vote le 19 octobre.

J'ai poursuivi ma soirée dans le village pendant une autre heure où j'ai fait des rencontres de toutes sortes. Certains citoyens étaient réceptifs, et d'autres non et c'est leur droit. Ce qui me surprend à chaque fois, c'est à quel point les gens me connaissent, moi et le Parti vert, plus que je ne le croyais.

Le plus exigeant physiquement dans une campagne, ce n'est pas de marcher de maison en maison pour convaincre les gens de voter pour moi. Ce n'est pas non plus de serrer des mains et d'affronter les critiques des opposants qui essoufflent. Le plus demandant est de gérer toute l'énergie qui circule autour de moi à longueur de journée. Je dépense beaucoup d'énergie à promouvoir mes idées, mais je reçois aussi beaucoup d'énergie des gens de mon comté. Que cette énergie soit positive ou négative, je m'en abreuve pour mener à terme cette campagne. Et je me permets dans ce texte de remercier les gens de chez nous pour cette énergie déferlante. «M.Pipeline» y compris.

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