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Scolarité et surdité

Le retour en classe pour les étudiants vivant avec des situations de handicap peut être vécu comme un moment de stress et d'anxiété pour nombre d'entre nous.
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Le retour en classe pour les étudiants vivant avec des situations de handicap peut être vécu comme un moment de stress et d'anxiété pour nombre d'entre nous. Ce que je constate également, c'est que si certains de ces moments de transition font vivre un certain nombre de stress aux parents d'enfants en situation d'handicap lorsqu'ils sont au primaire, plus ces enfants vieillissent et plus le niveau d'autonomie augmente chez l'enfant, plus ce dernier se retrouve à vivre ce stress seul.

Il est évident qu'avec le temps, une certaine adaptation se fait et une certaine assurance se développe, car nous en venons à connaître le système scolaire et les procédures à entreprendre pour assurer un bon fonctionnement durant l'année scolaire. Toutefois, le stress réside dans les facteurs que nous ne pouvons pas contrôler ou prévoir d'avance. Qui seront les professeurs cette année? Qui seront les élèves dans ma classe? Est-ce que je vais bien comprendre mon professeur? Est-ce qu'il va vouloir mettre en place les mesures dont j'ai besoin pour bien fonctionner? Vais-je être capable de bien comprendre et bien réussir? Est-ce que je connais bien tous les moyens qui existent pour m'aider à m'adapter? Et ce questionnement grandit plus particulièrement lorsqu'on arrive au CÉGEP, puis à l'université, au premier, puis au deuxième cycle.

Je suis une élève de deuxième cycle vivant avec une surdité modérément sévère à profonde. Je porte des appareils dans les deux oreilles afin de m'aider à comprendre et j'utilise divers moyens pour m'aider dans mes classes. L'autre jour, j'ai été à l'Université de Sherbrooke au pavillon Longueuil, où j'ai été me renseigner à la dame qui s'occupe des étudiants en situation de handicap concernant la possibilité de partager mon dossier scolaire avec l'Université de Montréal, en expliquant qu'en fait c'est parce que j'étudierai aux deux universités cette année. En effet, je fais à la fois une maîtrise en intervention en toxicomanie à l'UdeS, puis un microprogramme de deuxième cycle en psychoéducation. Et alors, la dame m'a regardé les deux yeux bien ronds en disant: mais tu es folle !

En effet, je suis probablement folle. Mais aussi je suis la preuve qu'un handicap, même si considéré majeur par les instances gouvernementales, n'empêche pas d'atteindre des hauts niveaux d'études post secondaires. J'en suis bien fière! Par contre, cela implique une lourde charge de travail en lien avec le haut niveau d'autonomie par rapport aux démarches et mesures à prendre pour s'assurer notre propre réussite, lorsqu'on vit en situation de handicap. Et bien sûr un stress et beaucoup de questionnements.

La surdité, ce n'est pas connu de tous, ni vécu par beaucoup de gens. Si des orthopédagogues ont toujours expliqué en classe au primaire et au secondaire ce que nous vivions comme difficultés, rendus à 25 ans, c'est nous qui devons faire cette sensibilisation et malheureusement je vous dirais que ce n'est pas tous les professeurs, ni tous les élèves qui ont la capacité de s'accommoder à ces difficultés. Alors, il ne faut surtout pas baisser les bras et continuer de persévérer. On prend un jour à la fois, on règle un problème à la fois et on continue de croire en nous.

The sky's the limit!

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