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Le miracle islandais: la prospérité au lieu de l'austérité

Mes collègues et moi avons salué et applaudi le président de l'Islande la semaine dernière. Il le mérite amplement. Le miracle économique dont il est, avec son peuple, l'un des artisans prouve que la raison doit prévaloir sur les dogmes économiques.
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Au grand dam des députés libéraux, mes collègues et moi avons salué et applaudi le président de l'Islande la semaine dernière. Il le mérite amplement. Le miracle économique dont il est, avec son peuple, l'un des artisans prouve que la raison doit prévaloir sur les dogmes économiques.

La plupart des pays d'Europe ont choisi le dogme de la rigueur budgétaire à tout prix: appelons-la austérité, rigueur ou équilibre des finances, cela importe peu. Ils ont tout simplement échoué. En sabrant dans les dépenses sociales, ces pays se sont plongés dans un marasme économique qui ne semble pas avoir de fin. Les États-Unis ou encore l'Ontario, qui ont choisi la relance de l'emploi, se portent infiniment mieux que l'Europe.

Il faut donc cesser d'imiter une recette défaillante. Plusieurs versions de cette soi-disant rigueur budgétaire ont été appliquées au Québec depuis environ 20 ans. Elles ne sont pas parvenues à améliorer le sort économique du Québec.

Entre temps, ces coupes ont peu à peu dégradé la qualité de nos services et de nos vies (dans la santé, la baisse de financement en dollar constant par rapport à 92 dé-passe les 30% au Québec).

Le peuple islandais a choisi une autre voie

Le choix de l'Islande est rapporté avec éloquence par Sanjay Basu et David Stuckler, auteurs de Quand l'austérité tue. Epidémies, dépressions, suicides : l'économie inhumaine (Autrement, Paris, 2014).

«En octobre 2008, confronté aux répercussions de la crise des subprimes aux États-Unis et aux engagements inconsidérés de ses banques, Reykjavík a dans un premier temps fait appel au Fonds monétaire international (FMI) pour mettre en place un plan de sauvetage. Celui-ci s'accompagnait de recommandations favorables à l'instauration d'une politique d'austérité, en particulier dans le système de santé publique - qualifié par le FMI de « bien de luxe » -, qui aurait dû subir une baisse de financement de 30%.

Les Islandais ont refusé ce plan en manifestant massivement. Un événement inattendu s'est alors produit début 2010. Le président islandais a demandé au peuple ce qu'il souhaitait : fallait-il absorber la dette privée pour renflouer les banquiers en réduisant drastiquement le budget du gouvernement ou refuser de payer pour investir dans la re-construction de l'économie ? Interrogés par référendum, 93 % des Islandais ont choisi la seconde option.

Au total, en pleine période de récession, l'Islande a choisi de continuer à accroître ses dépenses consacrées à la protection sociale. Les dépenses supplémentaires, décidées après 2010, ont par exemple financé de nouveaux programmes 'd'allégement de dettes' pour les propriétaires dont le bien immobilier valait désormais moins que le montant de leur emprunt. L'opération a permis d'éviter une explosion du nombre de sans-abri. En 2012, l'économie islandaise croissait de 3 %, et le chômage descendait au-dessous de 5 %. Au mois de juin de la même année, l'Islande a effectué des remboursements sur ses dettes plus tôt que prévu. Le FMI a dû reconnaître que l'approche unique de l'Islande avait entraîné une reprise 'étonnamment' forte. »

Aujourd'hui, l'Islande s'épanouit. Manon, Françoise et moi avons eu l'honneur de rencontrer son président, Ólafur Ragnar Grímsson, lors de sa visite de l'Assemblée nationale. Ses mots laissent à réfléchir. « J'ai eu le choix entre la démocratie et les règles du marché. Le choix était facile. »

Ce choix, c'est celui de la prospérité partagée. Nous pouvons en faire autant.

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Mai 2017

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