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Nous avons choisi d'éteindre la télé (et les enfants ont accepté)

Pendant des années, chaque fois que mes enfants s'installaient devant le téléviseur pour y regarder la télé du matin, je ressentais un pincement de culpabilité.
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Il y a deux choses dont je suis sûre à mon sujet: je suis intrinsèquement paresseuse et une grincheuse de première.

Oh, bien entendu, je sais me montrer motivée et enjouée, mais c'est une lutte de tous les instants. Comme je suis également insomniaque, je suis fatiguée la plupart du temps et l'effort requis pour surmonter ma paresse grincheuse requiert une énergie surhumaine. En clair, je ne suis jamais de bonne humeur dès que je me lève, ce qui signifie qu'être un de mes enfants n'est pas une sinécure (et je ne vous parle pas de mon mari...).

Mes enfants, eux, se lèvent de très bonne humeur! Ils sont excités et pleins d'énergie comme autant de points d'exclamation! Moi, c'est à contrecoeur que je me lève et, pour dire vrai, ce n'est pas vraiment un éveil. Je passe plutôt d'un état de colère éveillée dans mon lit à un état de colère éveillée pas dans mon lit. Ajoutez à cela le fait que Luke (mon fils) est un lève-tôt, et vous avez tous les ingrédients pour donner envie de regarder la télé.

Pendant des années, chaque fois que mes enfants s'installaient devant le téléviseur pour y regarder la télé du matin, je ressentais un pincement de culpabilité. Pendant longtemps, j'ai tenté de compenser en les contraignant à regarder des émissions du calibre de la chaîne publique américaine, PBS. «Il n'y a pas de mal à ce qu'ils regardent un peu d'Arthur ou de Martha Bla-Bla (dessins animés américains) avant d'aller à l'école. Ils apprennent des trucs, et en plus... Hmmm, du café.» Sauf qu'«un peu» était en fait «beaucoup» et, de fil en aiguille, les émissions n'étaient plus du calibre de PBS.

Nous avons donc doucement glissé vers le bas de la pente des émissions jeunesse et il n'a pas fallu longtemps avant qu'ils regardent des émissions exécrables et que leur comportement devienne tout aussi exécrable. J'ai beau vouloir le nier, la vérité demeure: mes enfants regardaient des heures de télé chaque jour. Nous n'avons pas besoin de quitter pour l'école avant 8h20 et vu l'amour de Luke pour 6h du mat', vous voyez immédiatement comment ces heures pouvaient s'accumuler rapidement.

Pas besoin d'être un génie de la puériculture pour réaliser la corrélation entre le comportement de mes enfants et leur consommation télévisuelle. Le changement s'opère quasi instantanément. Ils s'installent devant la télé de bonne humeur et s'en séparent de mauvaise humeur. Sans exception. Il fallait donc que quelque chose change, mais leur retirer le privilège de regarder la télé signifiait que je devais moi aussi changer mon comportement. Est-ce que j'étais prête à cela? Pendant qu'ils faisaient leur truc, je faisais les miens. Une fois le petit déjeuner servi et les déjeuners préparés, je sirotais un café tout en rattrapant le fil des choses sur Facebook. La technologie était la reine de nos matins, et tout changement à cette routine serait difficile pour toutes les parties impliquées.

Puis, un beau matin, j'en ai eu assez. C'était un matin de week-end typique, et il faisait un temps magnifique dehors. J'ai décrété qu'il n'y aurait pas de télé. Sally a rouspété, mais elle s'est rapidement mise à s'amuser avec ses jouets.

Luke a rouspété, puis il a combattu, puis il s'est plaint, puis il a pleuré, puis il a combattu de nouveau, il a même tenté de saboter le plaisir de Sally, puis il a combattu de nouveau, s'est plaint de nouveau et a de nouveau pleuré... Son cirque a duré cinq heures. Voyez-vous, non seulement ai-je interdit la télé (ou tout autre iMachin), mais je lui ai dit de s'amuser seul. Non, papa n'allait pas jouer au foot avec lui, et non, je n'allais pas jouer à quoi que ce soit avec lui non plus. Maman et papa étaient occupés.

Cinq heures, il a fallu 5 heures à mon fils de sept ans et demi pour réaliser qu'il pouvait s'amuser sans l'apport de la technologie ou l'attention complète d'un adulte. Cinq heures au cours desquelles il a tenté tant bien que mal de répandre sa mauvaise humeur autour de lui. J'ignore exactement comment nous y sommes parvenus, mais mon mari et moi avons tenu bon, malgré notre impression que ça ne se terminerait jamais. Nous l'avons ignoré le plus possible, conscients du fait qu'à ce moment, même de l'attention négative de notre part serait mieux que rien, pour lui.

Puis, au bout de ces 5 heures interminables, quelque chose d'incroyable s'est produit. Luke s'est souvenu de ses blocs Lego, depuis longtemps oubliés. Lui et sa soeur ont ainsi joué avec leurs Lego pendant des heures, avec quelques intermèdes pour une collation, une prise de tête ou deux et des repas. La journée s'est conclue avec deux enfants heureux.

Ce soir-là, j'ai dit aux enfants qu'il n'y aurait plus de télé le matin. Nous avons caché les télécommandes, la souris de l'ordinateur et l'iPad, dans l'éventualité où un lève-tôt aurait «oublié» la règle. Les enfants ont accepté de manière étonnamment volontaire l'absence de technologie dans leurs matins. Ils n'ont même pas supplié une seule fois. Ils ont joué. Je ne pouvais pas m'installer à l'ordinateur moi non plus, alors je m'affairais tout de go aux tâches que d'ordinaire j'accomplissais une fois qu'ils étaient partis pour l'école.

Est-ce donc ainsi que vivent toutes ces belles familles?

Bon, mais ça n'était qu'une journée parmi tant d'autres. Tout cela allait sûrement se compliquer rapidement. Le soir suivant, nous leur avons répété qu'il n'y aurait pas de télé le lendemain matin. Nous avons de nouveau caché tout le toutim. Ils n'ont pas posé de questions, et nous avons joué plusieurs parties de "Uno" tous ensemble. Les enfants étaient tout simplement RAVIS, à un tel point que je me suis sentie comme la pire des mères du monde.

Voyez comme mes enfants sont heureux de recevoir un tout petit peu d'attention le matin. Punaise, j'étais vraiment une mère horrible pendant toutes ces années!

Ça fait maintenant presque deux semaines qu'il n'y a plus de télé le matin. Donc pas de temps à l'ordinateur pour moi, et cela exige que je fasse des efforts considérables pour être gentille avant d'avoir terminé ma première tasse de café. Je ne trouve pas les mots pour expliquer le bien que ça nous a fait. Le fait de commencer notre journée avec un tout petit effort rend la journée beaucoup plus agréable pour chacun d'entre nous. Partir pour l'école requiert soudainement beaucoup moins de «n'oublie pas!», d'empressement et de remarques désobligeantes de ma part et beaucoup moins de plaintes de leur part. Et qui plus est, ils demandent rarement de regarder la télé l'après-midi, depuis.

Les choses vont-elles changer lorsque la température va refroidir? Peut-être. J'espère que nous trouverons un juste milieu, car les choses étaient vraiment hors de contrôle ici, pendant un certain temps.

Aurions-nous pu y arriver si nous l'avions essayé il y a quelques années? Peut-être que oui, peut-être que non. Je ne vois toutefois aucune utilité à m'attarder sur le passé. Pendant quelques années, il est vrai que tout cela était une question de survie, et je suis heureuse de pouvoir dire que nous avons effectivement survécu.

J'en entends plusieurs parmi vous dire que oui les choses vont mieux et oui, nous étions des parents merdiques pendant toutes ces années. Soit. Jugez-nous si ça vous aide à vous sentir bien dans votre peau.

Et s'il y en a parmi vous qui se disent, «je ne pourrais jamais y arriver, j'ai besoin de ce temps pendant qu'ils regardent la télé pour ne pas devenir complètement folle», je n'ai qu'une chose à vous dire: c'est très bien comme ça. J'en avais besoin, moi aussi. Puis, un jour, je n'en ai plus eu besoin.

Les Annulées: Emily Owens, M.D.

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