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Sexisme en Australie: la PM Julia Gillard n'a pas froid aux yeux

En octobre dernier, une vidéo de la première ministre australienne a fait le tour des manchettes internationales et avec raison. Dans cette vidéo, Julia Gillard livre un discours parlementaire ahurissant, qualifiant de misogyne le chef de l'opposition, Tony Abbott et affirmant que «s'il veut voir à quoi ressemble la misogynie en Australie, ce n'est pas d'une motion dans la Chambre des députés dont il a besoin, mais d'un miroir.»
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Australian Prime Minister Julia Gillard speaks during a meet with business leaders in New Delhi, India, Wednesday, Oct. 17, 2012. (AP Photo/Altaf Qadri)
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Australian Prime Minister Julia Gillard speaks during a meet with business leaders in New Delhi, India, Wednesday, Oct. 17, 2012. (AP Photo/Altaf Qadri)

Difficile d'être une femme en politique? Je ne saurai dire, faute d'expérience. Ceci dit, il est possible d'observer le traitement négatif dans les médias trop souvent déplorable que connaissent les politiciennes. De Pauline Marois à Julia Gillard, en passant par Hillary Clinton, un montant non négligeable d'encre a été coulé afin de parler tenue vestimentaire, famille et wow-quelle-femme-brillante-mais-sera-t-elle-capable-de-rester-forte-devant-la-pression-et-de-prendre-des-décisions-comme-ses-prédécesseurs. Et bien mesdames et messieurs, sachez que l'indécision politique ne relève pas de la gente féminine mais plutôt d'une incompétence politique humaine.

Enfin, en scrutant méticuleusement la politique australienne en vue des prochaines élections, j'en suis venue à constater l'abondance de couverture médiatique négative à l'égard de la première ministre australienne Julia Gillard, en plus de commentaires sexistes complètement renversants sur les réseaux sociaux, qui seraient probablement gardés sous silence si son penchant masculin avait entamé des politiques similaires.

En octobre dernier, une vidéo de la première ministre australienne a fait le tour des manchettes internationales et avec raison. Dans cette vidéo, Julia Gillard livre un discours parlementaire ahurissant, qualifiant de misogyne le chef de l'opposition, Tony Abbott et affirmant que «s'il veut voir à quoi ressemble la misogynie en Australie, ce n'est pas d'une motion dans la Chambre des députés dont il a besoin, mais d'un miroir.»

Jusqu'à tout récemment, Mlle Gillard, qui n'a pas d'enfants et qui n'est pas mariée, se fait questionner sur le sexisme ambiant et le manque de confiance qu'ont les Australiens vis-à-vis son leadership - les derniers sondages montrent effectivement une baisse d'appui parmi l'électorat. On lui reproche, entre autres, de ne pas comprendre le sort des familles défavorisées, ainsi que celui des femmes monoparentales. À mon avis, l'illogisme d'un tel propos reflète une opposition plutôt faible qui n'arrive pas à contre argumenter substantiellement ses politiques. Faut-il être gai pour être en faveur du mariage de personnes du même sexe?

En outre, la semaine dernière, lors d'une entrevue accordée à Bloomberg, la première ministre a discuté de l'utilisation de son prénom sur les tribunes médiatiques. En l'occurrence, l'intervieweur a remarqué qu'il est inhabituel de nommer un premier ministre par son prénom plutôt que par son titre officiel. À cela, elle a répondu très franchement «qu'il s'agit d'un manque de respect et d'un manque de reconnaissance de ma légitimité en tant que première ministre.» Mais tenez-vous le pour dit, elle demeure déterminée et tentera de prouver à ses détracteurs qu'ils ont tort de sous-estimer ses capacités de leadership.

Ainsi, Mlle Julia Gillard est la cible d'attaques provenant de tout bord, tout côté. Pour Anne Summers, auteure australienne, la première ministre semble être victime de persécutions politiques, qui ne trouvent racine que dans un traitement sexiste et discriminatoire de Julia Gillard par l'opposition, ainsi que par la société australienne en général. Pour la première fois dans l'histoire politique australienne, l'opposition a dénoncé une promesse brisée de la part de Mlle Gillard, en qualifiant cette dernière de «menteuse», terme qui auparavant n'avait jamais été utilisé lorsqu'un premier ministre brisait une promesse. Malheureusement, ce n'est que la pointe de l'iceberg. Dans un discours livré à l'Université Newcastle, Mme Summers fait état du langage sexiste souvent employé afin de décrire la première ministre: des mots tels que «cunt», «bitch» et «witch» sont lus ou entendus quotidiennement. Peu importe la circonstance, ce vocabulaire est irrévocablement déplorable.

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De plus, il est à noter que l'écart entre les sexes en Australie s'élargit d'année après année. Effectivement, en feuilletant le rapport mondial 2012 sur les écarts des sexes, il est possible de constater que depuis 2006, l'Australie est passée de la 15e position à la 25e. Sans oublier qu'en terme d'inégalités entre les hommes et les femmes en politique, ce pays de l'Océanie occupe la 42e position. C'est un lourd bilan pour ce pays occupant le 2e rang sur l'Index du développement humain des Nations Unies.

Somme toute, s'il advient que la première ministre Julia Gillard ne soit réélue en septembre prochain, elle aura sans aucun doute sa place dans l'histoire des femmes en politique. Brillante, posée et inspirante, elle ne recule devant rien et est déterminée à être une adversaire de taille sur l'échiquier politique australien. Chose certaine, si les Australiens élisent Tony Abbott, ils ne s'engageront malheureusement pas dans une croisade contre le sexisme, mais donneront malgré eux leur consentement à un statu quo indésirable.

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