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La violence et l'Islam: où se situe l'Indonésie?

Aujourd'hui, la violence indonésienne réside fort probablement dans les inégalités économiques, ainsi que dans les disparités régionales. Bien que la religion et l'ethnicité soient souvent utilisées comme éléments catalyseurs, il n'en demeure pas moins que la situation économique en exaspère plusieurs. Somme toute, il en faudra beaucoup plus pour faire taire ce mythe stipulant que la violence est intrinsèque à l'Islam.
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Indonesian workers from various labour groups attend a rally against outsourcing to contract workers in Jakarta on October 3, 2012. Thousands of workers took part in the demonstration to demand better welfare and working conditions, as well as higher wages. AFP PHOTO / ADEK BERRY (Photo credit should read ADEK BERRY/AFP/GettyImages)
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Indonesian workers from various labour groups attend a rally against outsourcing to contract workers in Jakarta on October 3, 2012. Thousands of workers took part in the demonstration to demand better welfare and working conditions, as well as higher wages. AFP PHOTO / ADEK BERRY (Photo credit should read ADEK BERRY/AFP/GettyImages)

Si je vous dis la plus grande nation musulmane, vous pensez à quoi? Au Moyen-Orient? À l'Afrique du nord? Et si je vous dis Indonésie?

Ces derniers temps, particulièrement après les événements secouant le Moyen-Orient et l'Afrique du nord dans les deux dernières années, plusieurs se sont penchés sur le cas de l'Indonésie, ce pays de l'Asie du Sud-est, qui en terme de population possède le plus grand nombre de musulmans. Surpris? Pourtant, il y a de plus en plus de médiatisation autour de ce pays où sont parlés plus de 580 langues et dialectes sur 17 000 îles, avec une population totale de plus de 200 millions. Pourquoi? Parce qu'avec 86% de sa population pratiquant l'Islam, plusieurs se sont posé la question à savoir si, malgré les événements constituant le "printemps arabe", il y avait corrélation entre violence et Islam. Comment se fait-il que la plus grande nation musulmane soit relativement pacifique? Pour monsieur et madame tout le monde syntonisant les nouvelles dans son salon après l'heure du souper, il est à se demander si un pays musulman peut effectivement être à l'abri de cette violence, typique du portrait médiatique des pays moyen-orientaux dans notre télévision.

Bien qu'on puisse s'entretenir de manière extensive sur la représentation des pays musulmans dans les médias occidentaux, je compte plutôt lever le voile sur la réalité indonésienne en enrayant quelconque mythe sur la violence musulmane. Car je ne suis guère la première à porter un intérêt particulier à cette nation émergente. En effet, sans stipuler que l'Indonésie soit le nouveau tigre asiatique, nul ne peut nier son émergence économique et sociale au plan mondial.

Récemment, suite à l'innocence des musulmans on a, pour certains d'entre nous, entendu parler des soulèvements à Jakarta devant l'ambassade des États-Unis. Comme dans bien des pays du Moyen-Orient, plusieurs se sont soulevés dans les rues, dénonçant la mauvaise - mauvaise n'étant rien de moins qu'un euphémisme - représentation de l'Islam et du Prophète. Cela dit, comment de tels soulèvements peuvent être perçus comme étant représentatifs, engendrant par le fait même une généralisation problématique? Au risque de me répéter, je tiens à préciser qu'il s'agit ici de cas isolés, car la réalité de l'Indonésie est bien loin de celle secouant le Moyen-Orient ces derniers temps.

Cependant, on ne peut nier que l'Indonésie ait bel et bien son lot de problèmes, comme bien des nations si vous voulez mon avis. D'un régime extrêmement corrompu aux conflits ethniques, cet archipel asiatique est loin d'être à l'abri des instabilités - politiques, économiques, sociales soient-elles. Or, il s'agit ici d'être en mesure de différencier la violence dite ethnique de la violence dite religieuse. Puis si je m'engage à discuter de l'Indonésie, je me dois de démystifier la corrélation entre l'Islam et la violence.

En l'occurrence, le règne de Suharto - de 1965 à 1998 - n'a pas été tout à fait rose. En plus d'être victimes de discrimination, les Chinois-Indonésiens ont subi plusieurs tentatives d'assimilation, dont l'interdiction de journaux chinois, ainsi que toute forme d'expression culturelle chinoise - festivals, célébrations et autres. Or, suite aux émeutes de 1998 aboutissant à la démission de Suharto, ainsi qu'à l'exode de plusieurs Chinois, le nouveau régime démocratique a tenté de défaire cette discrimination récurrente.

Aujourd'hui, la violence indonésienne réside fort probablement dans les inégalités économiques, ainsi que dans les disparités régionales. Bien que la religion et l'ethnicité soient souvent utilisées comme éléments catalyseurs, il n'en demeure pas moins que la situation économique en exaspère plusieurs.

Somme toute, il en faudra beaucoup plus pour faire taire ce mythe stipulant que la violence est intrinsèque à l'Islam. La représentation médiatique des conflits au Moyen-Orient contribue malheureusement à maintenir cette corrélation fautive, notamment en ne soulignant que les instances de violence. Pourtant, s'ils s'attardaient davantage aux nuances, ainsi qu'aux particularités des pays, ils verraient qu'il y a possiblement d'autres éléments inhibiteurs au-delà de l'Islam. Dans cette optique, l'Indonésie offre un changement de perspective intéressant.

Ainsi, je m'envolerai sous peu vers la plus grande nation musulmane ayant comme objectif de vous faire découvrir ce coin du monde sous un autre œil. D'ici-là, je vous invite à porter attention à toutes ces fausses généralisations qui parcourent malencontreusement ce monde.

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