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Rien de gratuit dans la vie...même les droits de scolarité !

Le Québec est redevenu une entité vibrante, grouillante, vivante et axée sur une piste dont les horizons demeurent malgré tout quelque peu embrouillés, en dépit des nombreux soubresauts qui peuvent secouer certains milieux de notre société remplie, pourtant, de belles promesses, de projets qui, tous, peuvent être enthousiasmants...
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Comment ne pas se réjouir du fait que la mobilisation étudiante, et les autres engendrées dans la foulée, viennent secouer une profonde apathie dont le Québec tout entier était drapé jusqu'ici. Force est de constater que cela engendre une prise de conscience sociale dont n'importe quel démocrate ne peut que se réjouir en ces temps de morosité, de Québec sans trop de relief, et de quasi torpeur nationale.

Le Québec est redevenu une entité vibrante, grouillante, vivante et axée sur une piste dont les horizons demeurent malgré tout quelque peu embrouillés, en dépit des nombreux soubresauts qui peuvent secouer certains milieux de notre société remplie, pourtant, de belles promesses, de projets qui, tous, peuvent être enthousiasmants, et de nombreuses velléités de développement, de croissance et de réussite collective.

Or, il aura fallu cet éveil grouillant de la classe étudiante, notre génération montante, pour nous renvoyer en plein visage, presque brutalement, le reflet d'un laxisme certain de nos leaders et dirigeants qui, peu importe les allégeances et obédiences politiques, sont demeurés outrageusement passifs face au problème du sous financement chronique de nos universités depuis au moins 20 ans: pour des motivations visiblement électoralistes, à première vue tout au moins. Et ce triste constat ne tolère pas le contraire. Le récent engagement mitigé de madame Marois du Parti Québécois témoigne grandement de cet intérêt calculateur qui se conçoit à coup de votes en devenir.

Prétendre faire bon droit aux revendications des étudiants sur le gel des frais de scolarité, pour ensuite prétendre vouloir les rajuster dans une moindre mesure : quel sophisme, quel euphémisme, pour ne pas dire quel mensonge. Soit dit avec tout le respect dont je peux être capable ! Si cela n'est pas de l'électoralisme de mauvais aloi ; c'est quoi au juste?

S'il eut été sage au fil des vingt dernières années d'indexer les budgets alloués à nos universités comme nos collèges, on en serait peut-être pas là aujourd'hui, alors que les positions visiblement irréconciliables du noyau dur du monde étudiant se heurtent à des portes résolument closes chez nos leaders politiques du moins, en matière de gratuité. Où étaient donc nos leaders politiques, il y a 5, 10, 15 et 20 ans ? Confortablement, peut-être trop installés dans les loges du pouvoir et de l'illusion de la richesse collective.

Rien n'est gratuit dans notre société capitaliste, nord-américaine, même dans l'ensemble du monde occidental ; qualifiez la comme vous voudrez. À tort ou à raison, tout a un prix ! Malheureusement. Et l'éducation n'échappe pas à cette implacable réalité du 21e siècle où tout se marchande, se troque, se négocie, s'échange. Encore faut-il le faire dans le respect de la capacité de payer de chacun et dans la recherche d'un équilibre fiscal, social et politique.

Il en va de même pour la santé, même si les ténors de la scène politique, quels qu'ils soient, te targuent de gérer et maintenir des services qu'on dit taxés au fer de la gratuité. Une gratuité d'apparat ! Et, nous pouvons en prendre pour preuve le désengagement progressif, et insidieux, auquel nous assistons dans la vaste monde de la santé : médecins, gestionnaires, assureurs en soins de santé, pharmaceutiques etc...etc.

Et notre ministre de la Santé pousse même l'audace, pour ne pas dire l'indécence, jusqu'èa prétendre que l'État réinvestit dans la santé. Illusion, alors que ce ne sont que les augmentations multiples de coûts de système qui sont ainsi épongés. Résultat : la facture des contribuables continue de gonfler jusqu'à l'obésité morbide cependant qu'à l'inverse, les services aux patients ne cessent de perdre du poids dans le dédale des saupoudrages budgétaires.

C'est probablement le terrible constat de la fin d'un époque, d'un modèle, d'une philosophie sociale : celui de l'État providence dans les bras duquel on s'est trop longtemps bercé, dans la foulée d'une révolution tranquille nécessaire, mais dont les préceptes ne correspondent visiblement plus à l'ingénierie de la réalité socio-politico-fiscale qui guide notre époque.

S'il faut investir plus en éducation, au nom de l'amélioration de notre avenir national, il faut investir ensemble. Et ensemble, cela signifie, institutions, entreprises, contribuables et étudiants. Les étudiants doivent aussi réaliser qu'ils investissent d'abord et avant tout dans leur propre avenir ; personnel comme collectif. Certes, cela fait mal sans aucun doute au budget personnel. Cela fait mal d'autant plus au budget des familles dont, globalement, le revenu familial médian en 2011 était de 58 535.00 $, après impôts. Ça fait mal à tout le monde en somme ! Ça fait mal à la société.

L'avenir se bâtit à coup de sacrifices...personnels comme collectifs ! C'est une loi immuable de la nature. Cessons de se bercer d'illusion : tout a un prix !

La classe estudiantine doit comprendre que c'est par la voie de la négociation raisonnée et non par la guerre idéologique qu'elle pourra réussir à se faire des alliés, à contrer les impacts souvent disproportionnés, à marquer des points dans la bataille. Mais, la bataille ne signifie pas nécessairement la guerre. De la même manière, un repli stratégique ne signifie pas la perte du combat. Il permet de marquer des jalons ! L'histoire nous en donne des exemples aussi multiples qu'éloquents. Bref ; l'idéologie doit faire place au réalisme et au pragmatisme. Le temps d'une trêve est arrivé. L'heure des comptes aussi.

Il serait grand temps de prendre rendez-vous avec la lucidité, sans pour autant emprunter quoi que ce soit aux options des controversés lucides de monsieur Bouchard. C'est le temps de prendre une option sur le gros bon sens. C'est, de toute évidence, la seule voie à la résolution du conflit et à la minimisation des pertes de guerre. La logique doit triompher de l'impudence et de l'angélisme, même si cela fait mal.

Il y a urgence d'agir, car, au delà de l'indifférence, au-delà des sympathies et de la compassion bien légitimes qu'on peut avoir pour la cause, un grand piège se profile ; celui de voir la démarche se diriger nulle part. Une lutte sans lendemains n'a aucune raison d'être.

Car, il faut bien l'admettre, à moins de nier la réalité : rien n'est vraiment gratuit de nos jours !

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