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On ne construira pas un pays sur la peur de l'autre

Sous ma gouverne, le Parti québécois continuera de porter l'enjeu fondamental de la laïcité de l'État. Il le fera avec équilibre et ouverture, afin de rassembler toutes les Québécoises et tous les Québécois derrière une vision commune du vivre ensemble.
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Les événements des derniers jours ont ramené à l'avant-scène de l'actualité politique le débat, aussi important que sensible, de la laïcité de l'État, des accommodements religieux et du vivre ensemble.

Vous avez été nombreux à m'écrire, au cours des dernières heures, pour me poser des questions, ou encore me partager vos craintes et vos inquiétudes sur le sujet et par rapport aux débats émotifs qui en découlent.

En tant que candidat à la direction du Parti québécois, je vous présente ici mes réponses.

Agir et avancer, enfin

Je l'ai dit dès mon lancement de campagne, à Alma, le 13 mai dernier : sous ma gouverne, le Parti québécois continuera de porter l'enjeu fondamental de la laïcité de l'État. Il le fera avec équilibre et ouverture, afin de rassembler toutes les Québécoises et tous les Québécois derrière une vision commune du vivre ensemble.

Ainsi, dès mon élection à la tête d'un prochain gouvernement du Parti québécois, je poserai des gestes pour régler des questions qui traînent depuis trop longtemps, au Québec.

1. Je ferai inscrire le principe de la laïcité de l'État dans la Constitution du Québec que je souhaite faire adopter.

«Le principe de la laïcité ne sera jamais, sous ma gouverne, superposé à la valeur d'une vie humaine.»

2. J'adopterai des balises claires pour encadrer la pratique des accommodements religieux, telle que le recommandait le rapport Bouchard-Taylor, dès 2008, et le prévoyait le projet de loi 60 déposé par le Parti québécois, en 2013.

Aucun accommodement religieux ne sera consenti s'il contrevient au principe de l'égalité entre les hommes et les femmes ou s'il est inéquitable au regard des conditions de travail des autres membres du personnel d'un organisme public, entre autres.

3. J'interdirai le port de signes religieux pour tout représentant de l'État en position d'autorité contraignante, c'est-à-dire les juges, les policiers et les gardiens de prison.

4. Je m'assurerai que les services publics soient perçus et donnés à visage découvert. Ainsi, le port de la burqa ou du niqab sera interdit pour toute employée de la fonction publique. Il sera également impossible de voter et, à titre d'exemple, de se présenter à un comptoir de la Société d'assurance automobile du Québec avec un voile intégral.

Pour des raisons d'humanisme et de gros bon sens, par contre, jamais je ne refuserai que l'on soigne une personne malade ou grièvement blessée dans un hôpital parce qu'elle porte un signe religieux, quel qu'il soit. Le principe de la laïcité ne sera jamais, sous ma gouverne, superposé à la valeur d'une vie humaine.

5. Je continuerai de rejeter le modèle d'intégration du multiculturalisme canadien, qui nie l'existence même de la nation québécoise et nous entraîne, trop souvent, dans un déplorable relativisme culturel. L'inacceptable ségrégation sexuelle cautionnée par le premier ministre Justin Trudeau, cette semaine, dans une mosquée d'Ottawa, n'en était que la plus récente démonstration.

Je mettrai plutôt de l'avant, comme tous les derniers chefs du Parti québécois, le modèle de l'interculturalisme, parce qu'il reconnaît la culture majoritaire francophone, notre histoire nationale et nos valeurs communes fondamentales, tout en étant ouvert à la diversité culturelle qui anime le Québec moderne.

6. Je poserai des gestes concrets pour lutter contre l'intégrisme religieux et la radicalisation de nos jeunes, qui sont le véritable ennemi auquel tous les pays occidentaux sont confrontés. Selon un récent rapport du Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence, 20 à 30 Québécois sont récemment partis combattre aux côtés de l'État islamique en Syrie et en Irak.

J'agirai notamment pour empêcher le financement de nos lieux de culte par des mouvements radicaux, pour assurer une formation adéquate des imams qui prêchent dans les mosquées québécoises et pour prévenir la radicalisation de nos jeunes dans nos écoles, dans les prisons et sur internet, entre autres.

«On ne construira pas un pays sur la peur de l'autre.»

Un grand pas en avant

Ces propositions faisaient déjà l'objet d'intenses débats au Québec lors de ma première élection, en 2007. Or, près de dix ans plus tard, aucune d'entre elles n'a encore été adoptée. Pourtant, elles font aujourd'hui l'objet d'un large consensus au sein de la société québécoise, du mouvement souverainiste et des partis politiques représentés à l'Assemblée nationale, exception faite du Parti libéral.

Elles pourraient donc être mises en œuvre rapidement dès les premiers mois d'un prochain gouvernement du Parti québécois. Certains diront qu'il s'agit d'une approche trop « timide ». Après dix ans de surplace et de débats répétés sur ces enjeux, je crois plutôt qu'il s'agit d'une approche résolue, responsable et, surtout, nous permettant de faire un grand pas en avant pour la laïcité.

Ces dernières semaines, d'autres ont aussi affirmé que nous devrions aller plus loin en légiférant sur le port de signes religieux dans l'espace public, c'est-à-dire sur les plages et dans les rues du Québec.

À ce sujet, bien que je désapprouve comme la très grande majorité des Québécoises et des Québécois les symboles d'oppression que sont le niqab et la burqa, je n'ai pas l'intention, si je deviens premier ministre, de déployer des policiers pour arrêter des femmes en raison de leur habillement, sur la plage ou dans la rue.

Éviter de nouvelles fractures

Par-dessus tout, je m'engage auprès des membres du Parti québécois et de la population québécoise à toujours traiter ces enjeux avec équilibre, cohérence et responsabilité.

En neuf ans de vie parlementaire, j'ai assisté à trop de dérapages sur ces questions, mais à trop peu d'action. Je souhaite être le premier ministre qui renversera le cours des choses : être celui qui posera enfin des gestes concrets, tout en évitant les nouvelles fractures entre les Québécoises et les Québécois.

Je crois que c'est la voie à privilégier pour le Québec, mais aussi pour l'avenir de notre projet de pays.

On ne construira pas un pays sur la peur de l'autre.

On le bâtira grâce à la confiance et à l'ambition des Québécois. De tous les Québécois, sans exception.

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