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Ce que le nouveau moteur de recherche de Facebook dévoile sur votre vie privée

Aujourd'hui, seules les publications sont prises en compte. Demain, ce seront peut-être les commentaires. De nouvelles fonctionnalités qui mettent à mal la vie privée sur internet.
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Facebook et Google. Deux plateformes qui n'ont, à priori, pas grand-chose en commun, si ce n'est l'intérêt que leur portent leurs utilisateurs. Pourtant, à la surprise générale, Facebook s'est doté il y a quelques jours d'un outil de recherche bien plus avancé que ce qu'il fournissait jusqu'alors. À pas feutrés, il semble avancer doucement sur un terrain presque entièrement abandonné à Google. Et qui semblait donc insaisissable. De là à dire que le réseau social n°1 mondial possède désormais le statut de moteur de recherche à part entière, nul besoin d'exagérer. Mais une chose est sûre, le champ des possibles s'ouvre à lui, avec sa part de danger pour les internautes.

Facebook s'est toujours destiné à l'interaction sociale alors que Google privilégiait la recherche de réponses pertinentes à des questions posées par les internautes. C'est d'ailleurs ce qui fait la force du réseau social, mais c'est aussi la différence majeure entre les deux géants du web. Toutefois, aucun n'a à rougir des performances de l'autre. En France, Facebook regroupe plus de 30 millions d'utilisateurs et Google comptabilise plus de 16 millions de visites... par jour!

En développant ce nouveau moteur de recherche, Facebook s'attaque à son tour à la recherche d'informations, en marchant littéralement sur les plates-bandes de Google. Une évolution qui pourrait bien bouleverser nos habitudes de consommation, mais aussi les méthodes de travail des sociétés.

Du divertissement à la recherche d'informations

Si les utilisateurs de Facebook y passent plusieurs heures par jour, c'est davantage dans le but de se divertir que de s'informer. Même si via le partage d'articles et d'opinions, Facebook est désormais considéré comme un lieu propice au partage d'informations.

Rappelons qu'en 2004, Facebook était limité aux étudiants d'Harvard et correspondait ni plus ni moins à un trombinoscope amélioré. Ce réseau social en devenir s'est propagé à la vitesse grand V dans toutes les universités du pays, puis dans les lycées et enfin à toutes les personnes âgées de plus de 13 ans. Quatre ans plus tard, il arrive en France. Année après année, son fondateur, Mark Zuckerberg, cherche à développer les interactions entre les utilisateurs. Son but: mettre le monde entier en relation.

Aujourd'hui, il passe une nouvelle étape dans son développement. Et demain, il pourrait être considéré comme un lieu propice à la recherche d'informations grâce à sa barre de recherche qui, la semaine dernière encore, ne servait qu'à trouver plus rapidement le profil d'un de nos amis. Désormais, les utilisateurs peuvent y taper leur requête et découvrir les résultats les plus pertinents aux yeux de Facebook.

Évidemment, ces résultats restent tous du domaine de Facebook. Le contenu proposé est divisé en différentes catégories: les personnes, les pages, les groupes, les publications, mais aussi les lieux ou encore les événements. En d'autres termes, si le mot-clef recherché est contenu dans un titre ou dans une publication publique, vous êtes maintenant en mesure de le trouver.

Des habitudes de consommation transformées

Si auparavant les internautes se connectaient sur Facebook pour scroller leur fil d'actualité, prendre des nouvelles de leurs amis et publier des photos de vacances, ils pourront bientôt prendre l'habitude d'y faire des recherches.

La portée de ce nouvel outil est bien sûr limitée au contenu proposé sur Facebook par ses utilisateurs. S'il était difficile d'y trouver des informations concernant une thèse en sociologie, ça pourrait devenir l'endroit idéal pour des recherches de proximité: restaurants, artisans, commerçants, professions libérales...

Les recherches locales sur Google sont de plus en plus utilisées: 88% des utilisateurs de téléphones intelligents font des requêtes locales et 84% des utilisateurs de tablettes et ordinateurs. Pour faire leur choix parmi les propositions données par Google, il n'est pas rare qu'ils visitent les pages de chacune d'entre elles sur le réseau social. C'est donc ici qu'intervient le nouveau moteur de recherche de Facebook. Il permettra aux utilisateurs de centraliser leurs recherches en un seul endroit, ce qui pourrait considérablement affaiblir Google.

Un gain de temps considérable pour les internautes qui accèdent en un coup d'oeil aux informations de l'entreprise: horaires, coordonnées, adresse. Ils peuvent aussi rapidement jauger de sa popularité grâce aux avis fournis par les autres utilisateurs. Exactement comme sur Google.

Changement de cap pour les entreprises

Depuis la création des pages et face à l'engouement des consommateurs pour ce réseau social, les entreprises se sont littéralement ruées sur Facebook. Cette tendance s'est accélérée avec la mise en place des publicités et leur outil de ciblage. Être visible sur Facebook est bel et bien une obligation dans une stratégie de communication.

Avec ce moteur de recherche à part entière, Facebook mise sur une augmentation de son trafic et les avantages que cela générera. Une augmentation de trafic synonyme d'une meilleure visibilité des pages, à condition qu'elles soient optimisées pour la recherche de résultats.

Insidieusement, Facebook pousse donc les entreprises à créer leur page et à améliorer leur activité sur sa plateforme.

Insidieusement, Facebook pousse donc les entreprises à créer leur page et à améliorer leur activité sur sa plateforme. Ces dernières y verront sans aucun doute un énorme potentiel en termes de visibilité et d'acquisition de prospects. Leur objectif sera bientôt d'apparaître dans le top des résultats énoncés par Facebook. Un travail effectué sur Google depuis déjà de longues années.

Toutefois, les algorithmes respectifs des deux géants du web ne semblent pas répondre aux mêmes règles. Les professionnels auront donc de nouvelles fonctionnalités à assimiler pour mettre à jour leur stratégie de communication et prendre le virage offert par Facebook.

Un outil très primitif

Face à la pertinence, à la précision et à la diversité des résultats fournis par Google, Facebook n'en est qu'à ses balbutiements. Le réseau social fait ses premiers pas dans le domaine et certaines incohérences peuvent être pointées du doigt, tout comme un manque de pertinence.

Un manque de pertinence au niveau de l'affichage, qui n'est pas le même selon l'utilisateur. Pour la même requête, certains comptes verront s'afficher des propositions de groupes alors que d'autres auront des propositions de liens. Facebook se base-t-il sur le profil des utilisateurs ou offre-t-il un affichage aléatoire? Le mystère est encore complet à ce sujet, mais l'outil aura besoin de quelques améliorations s'il souhaite répondre pleinement aux attentes des internautes.

Deuxième incohérence, le fonctionnement même de l'algorithme. Si ces règles ne seront jamais dévoilées par Facebook, on remarque facilement qu'un résultat doit contenir le mot-clef recherché dans son titre pour être affiché. Facebook ne semble pas prendre en compte le contenu même de la page, du groupe ou de la publication. Difficile aussi de dire pour l'instant si les likes, les partages et l'activité sur la page sont pris en compte. Le système de recherche reste donc très primitif et peut facilement être biaisé. Les entreprises auront tout à gagner en créant le plus de pages possible et en optimisant au maximum leur titre, au grand dam des utilisateurs.

Il ne faut pas s'attendre à une grande diversité dans les résultats proposés par Facebook. Là où Google s'évertue à diversifier au maximum les résultats fournis à partir d'un seul mot-clef, Facebook lui, s'accroche au sens premier du mot et fait fi des autres.

Il est donc difficile de comparer ce nouvel outil à Google, expert du référencement depuis de nombreuses années, qui a appris à s'améliorer selon les évolutions dans la manière de consommer le web. Si Facebook cherche bel et bien à se positionner comme un outil de référence, notamment via l'onglet "Les meilleurs" qui propose les résultats les plus pertinents à ses yeux, il manque encore cruellement d'expérience.

Pour concurrencer Google, il devra rapidement apporter des améliorations à son moteur de recherche, pour l'instant trop éloigné des attentes des internautes.

De nouveaux dangers pour les utilisateurs

Un moteur de recherche au sein même d'un réseau social est quelque chose de totalement inédit. Avec les avantages que cette innovation apporte arrivent de nouveaux dangers tout aussi inédits pour les utilisateurs.

Malgré des campagnes de sensibilisation récurrentes au sujet de la protection de la vie privée sur internet, les internautes restent peu vigilants et semblent encore peu avertis des dangers que cela implique. En conséquence, nombre d'entre eux publient sur leur profil sans savoir que ces publications sont publiques et donc visibles par tous les internautes.

La semaine dernière encore, il était relativement difficile de trouver ces publications à moins d'aller directement sur le profil de la personne en question.

Aujourd'hui, si une publication publique contient le mot-clef tapé dans la recherche, elle s'affichera.

Alors même que son initiateur est un parfait inconnu. Mais ce n'est pas tout; Facebook permet désormais d'aller plus loin et d'épier les faits et gestes de vos amis. En tapant une requête, vous pouvez choisir la source qui va s'afficher: une page ou une personne en particulier, à condition que vous soyez ami avec elle. Vous pouvez alors avoir accès à toutes ses publications depuis son inscription sur Facebook à partir d'un mot-clef. On se rapproche doucement de ce qui ressemblerait presque à de l'espionnage.

Facebook quant à lui, part du principe que chaque utilisateur doit être conscient du type de publication qu'il utilise: publique ou privée. Mais difficile de connaître la confidentialité de nos anciennes publications, avant les mises à jour de Facebook améliorant la sécurité de ses utilisateurs.

Aujourd'hui, seules les publications sont prises en compte. Demain, ce seront peut-être les commentaires. De nouvelles fonctionnalités qui mettent à mal la vie privée sur internet.

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