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Mon fils, tu n'as qu'un an et demi et je ne m'attends à aucune carte de ta part

J'espère seulement un jour être digne de recevoir de ta part une carte où tu écriras que tu m'aimes et que tous les mots que tu auras rassemblés ne traduiront qu'une chose: ta sincérité.
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Lorsque mon papa était encore de ce monde, il rejetait la fête des Pères du revers de la main. Il employait toujours les mêmes mots pour la catégoriser: «Pfff, la fête des Pères... ça mon gars, c'est une invention pour faire de l'argent. Il n'y a que la fête des Mères qui devrait être célébrée». Quant à moi, je percevais son renoncement de différentes manières. Premièrement, il reconnaissait que l'on doit beaucoup plus à sa mère qu'à son père et aussi, je crois qu'il ne se sentait pas digne d'un tel honneur.

Comme mon père n'en était pas à une contradiction près, il se sentait mal aimé si moi, son fils unique, ne daignais pas lui offrir une carte afin de souligner ce jour, car il faut dire qu'il carburait à ça, les cartes, papa. Une carte pour Noël, une carte pour sa fête et une carte à la fête des Pères. Il ne voulait pas de cadeaux, ah ça jamais, mais une carte pour lui, c'était sacré. C'est peut-être un peu, car il savait qu'en l'ouvrant, il y avait mes mots qui contenaient beaucoup de moi et donc un peu de lui.

Je comprends mieux papa maintenant, car la fête des Pères c'est comme avoir le syndrome de l'imposteur. Je n'arrive et n'arriverai jamais à la cheville de sa maman.

Personnellement, ce n'est que la deuxième fête des Pères que je m'apprête à vivre en tant que papa. Tout comme mon père, son importance me semble moindre que celle de la fête des Mères. Bien sûr, certains papas sont exceptionnels, mais c'est lorsqu'une mère ne l'est pas que ça relève de l'exception. Je comprends mieux papa maintenant, car la fête des Pères c'est comme avoir le syndrome de l'imposteur. Je n'arrive et n'arriverai jamais à la cheville de sa maman.

Bien sûr, je suis là pour faire le pitre. Je suis plutôt doué pour ça. Toi, pendant ce temps-là, Akira, tu rigoles et tu ne vois pas que maman s'affaire à tout penser pour ton bien-être. Tous ces menus détails auxquels aucun papa ne pense. Faire la lessive, car tu n'as plus de vêtements propres. Acheter du lait, car il n'en reste pas assez pour demain matin. Commander des couches sur internet, appliquer la crème solaire, brosser tes dents... la liste est infinie.

Alors Akira, qu'ai-je fait pour mériter cet honneur? Je change tes couches quand maman me le demande? Je te reconduis à la garderie chaque matin? Je te fais manger le souper que maman t'a préparé? Je prends trente à soixante minutes de mon précieux temps pour t'endormir chaque soir en te chantant dans l'ordre les six mêmes comptines? Je te fais rire? Je te chatouille en mimant une abeille qui te pique? Je mets des mots sur les objets ou les animaux que tu pointes du doigt? Je t'apprends à faire des «high fives»? Et j'aurais droit à un jour spécial pour ça, alors que c'est tout naturel?

Mon fils, tu n'as qu'un an et demi et bien sûr je ne m'attends à aucune carte de ta part. J'accepterai bien sur tous les sourires que tu daigneras me faire et les mettrai sur le compte de la fête des Pères.

J'espère seulement un jour être digne de recevoir de ta part une carte où tu écriras que tu m'aimes et que tous les mots que tu auras rassemblés ne traduiront qu'une chose: ta sincérité.

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