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Laisserons-nous les élections se jouer autour de ce seul enjeu, la laïcité, lorsqu'il y en a tant d'autres sur lesquels il faut se pencher sans rechigner?
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Alors que le monde est suspendu aux déclarations du fondateur de Facebook Mark Zuckerberg devant le Congrès américain, il est plus que temps de parler de l'impact des réseaux sociaux, ce miroir aux alouettes du Québec.

S'il est une caractéristique bien inhérente aux réseaux sociaux, c'est la polarisation des débats vers une seule « problématique » : Le temps d'être informé, de s'indigner, de partager, d'échanger quelques « likes » par-ci, et quelques insultes par là - rappelant le schéma conventionnel de la dissertation : thèse/antithèse/synthèse - et voici qu'une autre information, sans crier gare, est balancée comme pâture aux internautes. Ce n'est pas les crocs qui manquent !

À la différence de la dissertation cependant, la synthèse de l'information n'aboutit jamais. En d'autres termes, on ne lui laisse pas le temps suffisant afin d'être digérée, pour qu'elle suscite les réactions aussi bien appropriées que proportionnelles à ce qu'elle amène dans le débat public. On rumine dans la contradiction, au point où il arrive que l'une d'entre elles se superpose à une autre, l'actuelle, avec laquelle nous nous débattons, avant même qu'elle soit « flushée » dans les oubliettes, selon la bonne coutume. Alors les publications s'entrecroisent et l'on ne sait plus où aller donner son avis.

Depuis un mois, c'est toute une myriade d'informations capitales qui est passée sans qu'on s'y attarde (et pourtant) :

Il y a eu les rémunérations scandaleuses des médecins - dont les primes accordées pour le simple fait d'arriver à l'heure - et la justification quasi absurde du docteur Barrette : « C'était déjà dans l'entente, il fallait s'informer avant », disait-il au micro de Dussault;

Il y a eu le scandale Monsanto : les pesticides utilisés sans aucune utilité, si ce n'est pour « faire rouler les stocks », tuer les abeilles pollinisatrices, pour finalement se retrouver dans l'eau du robinet dans certains villages québécois, et peut-être même chez vous, qui sait ? ;

Il y a eu le budget Leitao, qui nous informe qu'il faudrait se réjouir : il y aurait tant de surplus que même la culture, cette chose pour occuper les bobos le vendredi soir, allait en profiter. Le ministre a toutefois pris soin de faire abstraction des moyens drastiques et machiavéliques pour arriver à cette « surabondance » en pleine période préélectorale;

Il y a le scandale Kinder Morgan et l'Alberta qui menace la Colombie-Britannique d'agir de manière « agressive » si le pipeline n'est pas construit.

Pire encore, le débat semble s'être tourné, encore une fois, autour de la laïcité. Cette dernière semble être le noyau autour duquel toutes les informations gravitent et finissent par se rejoindre, inévitablement, inlassablement, indéniablement. Comment peuvent-elles, après tout, résister aux forces d'attraction de cette entité qui planent sur nous tous les quatre ans ?

Comment peuvent-elles, après tout, résister aux forces d'attraction de cette entité qui planent sur nous tous les quatre ans ?

Bien entendu, le débat est essentiel. Laisserons-nous toutefois les élections se jouer autour de ce seul enjeu, lorsqu'il y en a tant d'autres sur lesquels il faut se pencher sans rechigner ? Je vois d'ici celles et ceux qui me calomnieront sous prétexte que je fais dans l'aveuglement volontaire, dans l'assouplissement et la complaisance aux mouvances islamistes. Ce seront probablement les mêmes personnes qui rétorqueront que la culture québécoise est menacée et de ce fait, justifieront la disproportion de l'ampleur que prend ce débat.

Je leur réponds par ceci : j'ai une trop grande idée de ce qu'est la culture québécoise pour croire qu'un foulard puisse l'étrangler et la mener à sa perte. Je rajoute : l'engagement de Madame Torres prouve qu'ils ont tort, en tous points, un point c'est tout.

Il serait dommage de voir les prochaines élections se jouer autour de ce genre de débat de surface, qui mettrait de l'ombre aux vrais débats dont la profondeur manque cruellement.

Il serait dommage de voir les prochaines élections se jouer autour de ce genre de débat de surface, qui mettrait de l'ombre aux vrais débats dont la profondeur manque cruellement. Ma plus grande crainte, c'est de voir ces élections se décider comme elles le furent pour M. Mulcair aux dernières élections fédérales, lorsque sa position sur le voile a fait basculer les sondages, au détriment du programme aussi riche qu'innovant qu'il proposait et qui méritait la réflexion.

Je voudrais que ces élections changent quelque chose. Pour vrai. Pour cela, la responsabilité ne peut qu'être collective. La responsabilité incombe désormais aux élus : est-ce sur la « communication » ou sur leur programme qu'ils miseront pour convaincre ?

Toutefois, la force de gravité du miroir aux alouettes qui sévit au Québec est bien plus puissante que celle de la laïcité. Dans une semaine, la vague laïcarde sera passée, d'autres « enjeux » seront mis de l'avant et l'on passera encore à autre chose. Reste à savoir de quoi il s'agira, en particulier en ce qui concerne la dernière semaine des élections.

Les paris sont ouverts.

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