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Les syndicats, protecteurs d'une classe privilégiée

Le pourcentage de Canadiens travaillant dans des entreprises privées qui sont représentés par un syndicat est tombé sous la barre des 14%, et ce chiffre est de 12% à l'extérieur du Québec. Par contre, le taux de syndicalisation des employés du secteur public est demeuré stable depuis quelques décennies à 75% (82% au Québec). Les travailleurs sont ainsi de plus polarisés en deux groupes : le secteur privé non syndiqué et le secteur public syndiqué.
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Je suis profondément attaché aux droits et libertés individuels. Cet attachement m'amène, par conviction, à voir d'un œil favorable la possibilité pour les travailleurs de se syndiquer pour négocier leurs conditions de travail. La représentation au moyen d'un syndicat est on ne peut plus légitime quand elle est le fruit d'ententes contractuelles volontaires entre les employés.

Cette représentation a traditionnellement opposé les riches capitalistes aux masses de travailleurs qu'ils exploitaient. Mais ce n'est plus vrai aujourd'hui. Ainsi, comme le souligne le professeur d'économie Stephen Gordon de l'Université Laval, le pourcentage de Canadiens travaillant dans des entreprises privées qui sont représentés par un syndicat est tombé sous la barre des 14%, et ce chiffre est de 12% à l'extérieur du Québec. Par contre, le taux de syndicalisation des employés du secteur public est demeuré stable depuis quelques décennies à 75% (82% au Québec). En conséquence, les syndicats représentent majoritairement des membres qui travaillent pour le secteur public. Les travailleurs sont ainsi de plus polarisés en deux groupes : le secteur privé non syndiqué et le secteur public syndiqué.

Sans surprise, la pertinence des syndicats est remise en question. Selon un sondage Léger Marketing effectué pour le compte d'Info-travail, quatre Canadiens sur dix croient qu'ils ne sont plus nécessaires, soit parce que les lois du travail sont suffisantes ou parce que les syndicats abusent du système, ont trop d'exigences et dépassent les limites.

Les syndicats de la fonction publique québécoise qui ont obtenu à l'arraché en 2015 un règlement de 9,1% sur cinq ans (et pouvant aller jusqu'à 10,25 %), alors que le gouvernement proposait initialement des augmentations de 3 % sur cinq ans. Ils ont ainsi renforcé ce sentiment de « deux classes de travailleurs » auprès des électeurs. Et pour payer de telles hausses de salaire et avantages sociaux à une classe privilégiée de syndiqués, le fardeau fiscal des travailleurs québécois ne cesse de s'alourdir au point où le Québec est l'une des juridictions les plus taxées en Amérique du Nord. Par rapport au dernier exercice financier du gouvernement péquiste de Pauline Marois, soit celui de 2013-2014, le gouvernement Couillard va percevoir au cours de l'exercice 2016-2017 quelque 8,3 milliards de plus en recettes fiscales et administratives tirées des poches des contribuables. Il s'agit d'une hausse de 12 % sur trois ans, soit quatre points de pourcentage de plus que la croissance nominale du PIB québécois!

Les chefs syndicaux ne sont pas dupes et voient bien cette dichotomie qui menace leur pertinence. Ils essaient donc aujourd'hui de se faire passer pour des acteurs de la société civile qui protègent le pauvre, l'orphelin, le démuni et le monoparental, et non pas seulement le fonctionnaire qui bénéficie de salaires et d'avantages sociaux nettement plus élevés que leurs homologues du privé, d'où par exemple leur présence largement médiatisée au récent Forum social mondial 2016.

Mais n'empêche : les victimes des privilèges syndicaux dans le secteur public demeurent le Québécois moyen qui doit payer, sans mot dire, pour leur maintien.

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