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La position dogmatique de Denis Coderre face à Énergie Est tient d'un militantisme environnemental radical, et non pas de la position mesurée à laquelle on s'attendrait d'un premier magistrat.
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Le maire Denis Coderre s'est prononcé contre le projet Énergie Est.

Le premier argument du maire est de nature économique. Selon lui, le projet n'entraînerait que (1) la création d'une trentaine d'emplois directs pour l'ensemble du Québec pour son exploitation, et (2) des retombées fiscales d'au plus 2 millions de dollars par année.

Est-ce que ces arguments sont pertinents pour approuver un projet de développement? Approuvera-t-on la nouvelle ligne d'Hydro-Québec entre le poste de la Chamouchouane et celui du Bout-de-l'Île selon le nombre d'émondeurs qu'il faudra embaucher après sa construction pour entretenir le tracé ou selon les revenus additionnels de taxes qu'elle peut générer? Si un train de marchandises passe de Toronto à Moncton via Montréal, doit-il payer des taxes à Montréal pour qu'on autorise son passage sur le territoire québécois?

Construire l'autoroute 40 entre Montréal et Québec n'a entraîné la création que de quelques emplois pour son exploitation, une fois la construction de celle-ci terminée: quelques chauffeurs de déneigeuse l'hiver, des tondeurs de gazon l'été... Et très peu de retombées fiscales: quelques stations d'essence bordant l'autoroute qui paient des taxes, c'est tout. Le maire Coderre aurait-il bloqué ce projet?

Par contre, vous me direz que cette nouvelle ligne, ce train et cette autoroute ont ou vont générer d'importants bénéfices économiques au Canada et au Québec... et vous auriez raison! Pensons simplement aux milliers d'automobilistes qui ont pu épargner des millions de dollars en temps en empruntant la 40!

La valeur d'une infrastructure se retrouve donc dans l'utilité qu'elle a pour la société, souvent calculée en coûts épargnés ou en efficacité gagnée, pas son coût d'entretien ou les taxes générées pour le politicien qui l'approuve.

Prenons l'exemple de l'inversion de la canalisation 9 d'Enbridge. Il n'y a pas beaucoup d'emplois qui ont été créés directement par cette inversion, ni de taxes additionnelles générées pour l'État. Par contre, les raffineries de l'est du Canada, comme celle de Montréal et celle de Lévis, ont pu réduire leur coût d'approvisionnement et assurer leur avenir (le coût du pétrole canadien est beaucoup moins cher que celui du pétrole importé). N'est-ce pas là un avantage économique majeur pour Montréal, le Québec et le Canada?

L'infrastructure Énergie Est à laquelle s'oppose le maire Coderre aurait un impact positif similaire sur ces deux raffineries et sur les Québécois. Seulement dans l'est de Montréal, il s'agit de près d'une cinquantaine d'entreprises et de plus de 3 500 emplois directs bien rémunérés. N'oublions pas que six raffineries ont déjà fermé leurs portes dans le nord-ouest de l'Amérique du Nord, dont celle de Shell à Montréal en 2010 - en partie parce que l'importation de pétrole étranger, plus cher, plombe la compétitivité des raffineries locales. Le maire de Montréal n'est-il pas préoccupé par ces emplois?

Le deuxième argument du maire est celui de l'environnement. «À titre de président de la CCM, j'ai fait connaître notre position de tolérance zéro devant les risques environnementaux que représente le transport de produits pétroliers par oléoduc», a-t-il scandé.

Cette position dogmatique tient d'un militantisme environnemental radical, et non pas d'une position mesurée à laquelle on s'attendrait du premier magistrat de Montréal. Les risques d'accident environnemental sont connus et les méthodes de mitigation en cas de déversement majeur le sont aussi. C'est certain qu'un risque existe. Mais il faut accepter que toute activité humaine de développement comporte un risque environnemental, mais aussi des bénéfices réels et mesurables.

Imaginez si on avait dit aux hommes des cavernes que le feu ne serait pas permis car trop dangereux pour l'environnement! Il faut rejeter le principe de précaution fondé sur l'idée qu'il est nécessaire de démontrer l'absence de tout doute qu'une action ne puisse causer aucun tort pour être socialement acceptable.

Le Parti conservateur du Québec préconise une approche équilibrée où on compare les risques et les bénéfices potentiels d'une action avec les risques et bénéfices d'une inaction. Pour ce faire, il faut évaluer tous les facteurs connus et il faut utiliser une approche probabiliste pour arriver à une conclusion raisonnée.

Je ne suis pas un expert pour déclarer si le tracé est sécuritaire ou non, et je crois donc qu'il faut se fier aux experts qui se prononceront sur l'évaluation environnementale du projet qui est requise à la fois en vertu de la Loi sur l'Office national de l'énergie et de la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale. Je sais par contre que le transport par oléoduc est quatre fois plus sécuritaire que le transport par rail. Le maire compte-t-il aussi bloquer les trains et les camions qui transportent du pétrole sur le territoire de la CCM?

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