Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

À la solde du grand capital!

Il faut mettre fin à cette expérience d'ingénierie sociale qui avait pour but d'intégrer la classe bourgeoise à la classe prolétaire. Transformons nos cégeps en grandes écoles de métier collées à la réalité du marché du travail, ce qui améliorerait l'employabilité des étudiants.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Sauf un petit blip médiatique au sujet de l'épreuve uniforme de français au collégial, le rapport Demers sur la modernisation de l'offre de formation collégiale, qui traînait sur le bureau du ministre Bolduc depuis juin 2014 et qui a finalement été dévoilé la semaine dernière, a été accueilli dans l'indifférence généralisée. Pas étonnant quand on lit les recommandations rédigées dans un langage bureaucratique qui évitent de trop brasser la cage d'un modèle sclérosé qui n'a pas évolué depuis 50 ans.

Ce vide est particulièrement évident au sujet de la formation générale au Cégep. « Même si une remise en question de la formation générale est une opération éveillant de grandes sensibilités et touchant un nombre important d'enseignants dans tous les collèges», lit-on dans le rapport, « le Québec ne peut se permettre de faire l'économie d'une telle réflexion: ce dossier est prioritaire pour nos étudiants et, plus largement, pour notre société qui aura plus que jamais besoin des diplômés de la formation collégiale au cours des prochaines décennies. ».À part ces vœux pieux, rien ! À lire le rapport, on se remémore le texte de Stéphane Laporte : «Au fond, le cégep c'est un peu comme le Stade olympique: on sait pu trop quoi faire avec, mais y'est là, alors faut faire de quoi...».

Mon parti, lui, n'a pas hésité à prendre le taureau par les cornes. Il suggère de mettre fin à cette expérience d'ingénierie sociale qui avait pour but d'intégrer la classe bourgeoise à la classe prolétaire. Nous avons proposé de transformer nos cégeps en grandes écoles de métier collées à la réalité du marché du travail, ce qui améliorerait l'employabilité des étudiants. Quant à la formation générale (qui, actuellement, couvre la langue, la littérature, la philosophie et l'éducation physique, mais qui pourrait être élargie comme en Ontario pour comprendre les arts dans la société, le citoyen, le social et le culturel, la croissance personnelle, la science et la technologie, question de se mettre au 21e siècle), elle pourrait être dispensée lors d'une sixième année du secondaire et d'une année additionnelle à l'université, comme cela se fait partout en Amérique du Nord. L'étudiant universitaire, qui aurait déjà goûté à ces matières au secondaire, pourrait donc choisir une « majeure » dans une discipline spécialisée de sa préférence et parfaire sa culture générale dans une « mineure », par exemple en philosophie ou en lettres.

«Vous êtes à la solde du grand capital! », s'est exclamé le candidat d'Option nationale lors d'un débat au cégep Lévis-Lauzon tenu dans le cadre de l'élection partielle dans Lévis, alors que j'expliquais notre approche. Je voudrais, selon lui, livrer le plus rapidement possible aux grandes entreprises capitalistes des robots bâillonnés et menottés, prêts à être exploités au salaire minimum et incapables de penser par eux-mêmes puisque n'ayant pas suivi de cours de philosophie. Peu importe pour notre camarade que cette meilleure employabilité soit profitable aussi à l'étudiant et à la société québécoise, il objectera que je tombe dans la pensée utilitariste qui marchandise l'éducation !

L'immobilisme règne en roi et maître au Québec et les dogmes au sujet de l'enseignement général sont bien ancrés. Rappelons que François Legault avait proposé d'abolir les cégeps (pour les mauvaises raisons: « parce que, comme le disent parfois certains parents, c'est une maudite belle place pour apprendre à fumer de la drogue et puis à décrocher »). Il s'était empressé de reculer devant le tollé de notre pédocratie syndicale, professant son amour de la philosophie pour se faire pardonner sa remise en question de ce symbole du modèle québécois.

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

Université de Montréal

Les campus des universités canadiennes en photos

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.