Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Ghannouchi: du révolutionnarisme à l’accord avec l’Occident

Ghannouchi est actuellement chef d’Ennahda, parti politique tunisien et organisation islamiste proche des Frères musulmans.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.
Les nouveaux accords et les engagements de Ghannouchi et de ses collègues avec l’Union européenne et les États-Unis étonnent chaque révolutionnaire.
Zoubeir Souissi / Reuters
Les nouveaux accords et les engagements de Ghannouchi et de ses collègues avec l’Union européenne et les États-Unis étonnent chaque révolutionnaire.

Si nous voulons analyser en profondeur les capacités de Rached Ghannouchi, chef d'Ennahda, il convient de regarder les dernières prises de position telles que n'avoir aucun intérêt à ce que le Qatar soit sanctionné, appeler le chef du gouvernement, Youssef Chahed, à ne pas se présenter à l'élection présidentielle 2019, amender la loi sur la réconciliation, critiquer la légitimité juridique des actions menées dans le cadre de la lutte anticorruption actuellement menée par Youssef Chahed, dénoncer les critiques contre le président de la République et sa famille, l'importance de la répartition du pouvoir dans les régions à travers les prochaines élections municipales et l'appel à un dialogue national économique.

Rached Ghannouchi (son vrai nom : Rached Kheriji) est un homme politique. Il est Tunisien islamiste et anciennement lié au Khomeinisme révolutionnaire. Ghannouchi est actuellement chef d'Ennahda, parti politique tunisien et organisation islamiste proche des Frères musulmans. Il vit en exil à Londres du début des années 1990 jusqu'à son retour en Tunisie à la suite de la révolution tunisienne, événement qui marque la légalisation du parti. En 2011, il rejoint pour la première fois son pays d'origine après la chute du régime de Zine el-Abidine Ben Ali. Il déclare qu'il n'est pas candidat à la présidentielle ni à aucun autre poste de responsabilité politique. Après l'élection de l'assemblée constituante, en 2011, il déclare que s'il ne lui reste plus rien à faire en Tunisie, le monde musulman est vaste et qu'il pourrait y jouer un rôle en tant que vice-président de l'organisation mondiale des savants musulmans. Après la victoire du parti islamiste Ennahda aux élections, Ghannouchi multiplie les visites au Qatar, en Algérie et en Libye. En Libye, il s'affiche avec Abdelhakim Belhadj, l'ancien responsable d'Al-Qaïda à Bagdad.

Après être arrivé au pouvoir et avoir utilisé les possibilités, comme la plupart des révolutionnaires, Ghannouchi s'écarte peu à peu des principes et des valeurs révolutionnaires et commence à agir selon la logique, les intérêts et les critères du réalisme. Auparavant, il est impossible pour le chef de l'organisation islamiste Ennahda de s'engager à profiter d'une occasion pour le commencement officiel des activités d'Israël en Tunisie. Il est aussi impossible pour Ghannouchi de considérer l'Arabie saoudite et les Al Saoud comme une utopie idéaliste. Cependant, le pouvoir et la richesse changent l'image du leader du mouvement Ennahda.

Les nouveaux accords et les engagements de Ghannouchi et de ses collègues avec l'Union européenne et les États-Unis étonnent chaque révolutionnaire. Un diplomate européen situé le Tunis, capitale de la Tunisie, a dévoilé que Rached Ghannouchi a rencontré, en juillet, certains représentants occidentaux et américains. Lors de cette rencontre, la plupart des accords ont été finalisés. Pour ce diplomate européen, ces accords sont très importants pour l'Union européenne et les États-Unis. Si les accords entrent en vigueur, Ghannouchi deviendra une personnalité tunisienne la plus préférée en Europe et aux États-Unis. D'autre part, le dévoilement des accords pourra mettre en question le leader d'Ennahda.

Selon ces accords, Ghannouchi s'engage à accorder son soutien pour obliger le gouvernement tunisien à rompre toutes les relations avec la Libye dans la période de crise, à garder positivement les relations avec le Qatar, à adopter des lois pour faciliter l'activité commerciale de l'Union européenne, des États-Unis et de la Grande-Bretagne en Tunisie, à ne pas propager les relations avec la République islamique d'Iran dans les domaines politiques, économiques et culturels jusqu'en 2024, à aider l'Arabie saoudite dans la guerre contre les Houthis, à ne pas avoir de relations militaires avec la Fédération de Russie dans 15 ans, à faciliter l'ouverture du bureau d'Israël en Tunisie, à ne pas avoir de relations avec la Syrie jusqu'à la fin du mandat de Bachar el Assad et à restreindre les activités économiques de la Turquie en Tunisie.

En son lieu, l'Union européenne et les États-Unis s'engagent à soutenir le parti Ennahda aux élections municipales, à consacrer 165,4 millions de dollars pour aider la Tunisie et Ennahda, à coopérer avec les entreprises économiques d'Ennahda pour faire fleurir l'industrie du tourisme en Tunisie et à encourager les Israéliens et les autres juifs du monde pour aller à la synagogue de la Ghriba en Tunisie. Lors d'une visite aux États-Unis, en juillet, Youssef Chahed et les autorités américaines ont finalisé les accords. Si les accords entre la Tunisie et l'Occident sont se confirment, il faut dessiner une nouvelle image de Rached Ghannouchi et attendre donc les réactions des groupes opposés à Ghannouchi dans les mois prochains.

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.