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Le REM vers l'Est plutôt que la ligne rose et le tramway?

Le gouvernement outrepasse les travaux de Montréal, de l'ARTM et de son propre «bureau de revitalisation» de la rue Notre-Dame.
Courtoisie - Caisse de dépôt et placement du Québec

Le gouvernement Legault donne un nouveau mandat pour étudier le prolongement du Réseau express métropolitain (REM) vers Laval et Chambly. Au passage, il lui demande aussi d'étudier un «nouveau mode de transport collectif» qui ferait concurrence à son projet de tramway sur Notre-Dame ainsi qu'à la «ligne rose» du métro chère à la mairesse Valérie Plante.

Chose promise, chose due: le prolongement du REM dans les banlieues était la pierre angulaire du Plan de décongestion présenté par la Coalition avenir Québec en campagne électorale. Lundi, le gouvernement a annoncé que le mandat a officiellement été envoyé à la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), constructeur et gestionnaire du REM.

«Une fois de plus, votre gouvernement tient parole en mettant en place le plan de décongestion pour la région métropolitaine. La mobilité, l'accessibilité et la variété de l'offre de service en transport collectif constituent un enjeu majeur, tout comme la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Aujourd'hui, nous réitérons notre engagement en ce sens en confirmant que CDPQ Infra analysera le prolongement du REM dans des axes hautement stratégiques de la région métropolitaine», affirme le ministre des Transports, François Bonnardel.

Le ministre des Transports, François Bonnardel
Mario Beauregard/PC
Le ministre des Transports, François Bonnardel

Par-dessus l'ARTM et le Bureau de revitalisation de l'Est

Or, le mandat comprend aussi deux surprises, qui n'ont guère impressionné la mairesse de Montréal.

Le gouvernement abandonne le mot «tramway», utilisé jusqu'à récemment dans toutes les communications concernant l'Est de Montréal, pour parler d'un mode de transport «structurant». En point de presse, la ministre Chantal Rouleau, déléguée aux Transports et responsable de Montréal, s'est abstenue de dire s'il s'agissait d'une nouvelle antenne du REM. Au cabinet du ministre Bonnardel, on indique que plusieurs options technologiques seront évaluées.

Mme Rouleau précise que la nouvelle antenne emprunterait l'axe de la rue Notre-Dame, soit celui prévu pour le tramway dans le Plan de décongestion. Ce tramway devait connecter la pointe de l'île à la ligne verte et à la station Place-d'Armes, près du Palais des Congrès.

Pourtant, en décembre, Mmes Plante et Rouleau annonçaient la création d'un «bureau de revitalisation» pour cette artère, qui devait étudier sa transformation en boulevard urbain et l'implantation d'un tramway dans son axe. Le bureau est formé de la Ville, du ministère des Transports et de l'Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM), normalement responsable de planifier le transport collectif dans le Grand Montréal.

Le Plan de décongestion présenté par la Coalition avenir Québec lors de la campagne électorale de 2018.
Capture d'écran
Le Plan de décongestion présenté par la Coalition avenir Québec lors de la campagne électorale de 2018.

Le gouvernement se défend de dédoubler les études sur la mobilité.

«Le gouvernement respecte l'engagement pris dans le Plan de décongestion pour la région métropolitaine en demandant à la Caisse d'étudier le prolongement de son REM. L'ARTM et le bureau créé en décembre seront consultés par la Caisse dans son étude», écrit par courriel l'attachée de presse du ministre Bonnardel.

La fin de la «ligne rose»?

L'antenne vers l'Est, qu'elle fasse partie du REM ou non, comprendrait aussi une branche qui longerait l'autoroute 25 pour se rendre au cégep Marie-Victorin, à Montréal-Nord. Elle ferait donc compétition à la «ligne rose» du métro promise par Valérie Plante en campagne électorale.

En 2017, l'homme d'affaires Alexandre Taillefer avait d'ailleurs suggéré qu'un REM vers l'Est serait préférable à la ligne rose.

Mme Plante et François Legault s'étaient pourtant entendus pour attendre les résultats des études commandées auprès de l'ARTM.

La mairesse s'est d'ailleurs insurgée contre cette situation lundi, en marge d'une conférence de presse sur l'interdiction du mazout.

En ce moment, je pense que c'est inquiétant de donner des mandats directement à la CDPQ sans passer par l'ARTM. C'est pour ça que je demande — vraiment que j'exige — que ça passe par l'ARTM.- Valérie Plante

Le gouvernement Legault a déjà affirmé que la ligne rose ne fait pas partie de ses priorités.

Mme Plante dit craindre l'ajout d'usagers sur la branche est de la ligne orange du métro, déjà saturée, qui s'étire de Laval à la station Bonaventure en passant par Berri-UQÀM. La promesse électorale de la CAQ évite en grande partie ce tronçon, sauf pour les trois dernières stations.

«Je ne veux pas mettre les projets de transport en opposition, tempère la mairesse. Ce que je veux, c'est de désengorger la ligne orange. Alors si on me propose des alternatives [à la ligne rose], je suis très ouverte», dit-elle.

En octobre, la mairesse mettait sur pied un autre bureau de projet pour étudier les possibilités de développement autour de la ligne rose. L'opposition a qualifié cette mesure de «bureau de lobby».

Le Réseau express métropolitain sera mis en service graduellement à partir de 2021. Le premier tronçon sera celui reliant la Rive-Sud au centre-ville par le biais du nouveau pont Samuel-de-Champlain.

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