OTTAWA — Gerald Butts, l'ancien conseiller et ami de longue date de Justin Trudeau, ne reprendra pas son rôle dans la prochaine campagne électorale, a-t-il confié à «Follow-Up», un balado du HuffPost Canada.
Dans une longue entrevue exclusive — sa première depuis que le scandale SNC-Lavalin a éclaté —, il affirme avoir l'intention de délaisser la politique pour oeuvrer dans le secteur privé.
«Ce n'est pas un secret, j'ai beaucoup d'amis qui sont encore très actifs dans le milieu [de la politique], de qui je me soucie encore profondément, et j'ai à coeur mon pays tout aussi profondément, révèle-t-il. Je serai toujours là pour leur donner des conseils. Mais professionnellement, il est temps pour moi de faire autre chose.»
Gerald Butts est souvent vu comme le stratège qui a propulsé Justin Trudeau, chef du Parti libéral du Canada, qui était à l'époque le deuxième parti d'opposition, à la tête d'un gouvernement majoritaire en 2015, une première dans l'histoire canadienne.
Si quelqu'un a besoin de lui, Gerald Butts ne sera qu'à un coup de téléphone, promet-il.
Écoutez notre entrevue intégrale (en anglais) avec Gerald Butts juste ici, ou alors sur Apple Podcasts ou sur Google Play. Le texte se poursuit après l'entrevue audio.
«[Le nouveau directeur de campagne] Jeremy Broadhurst est un de mes bons amis, avec qui j'ai travaillé durant plusieurs années. Et si lui ou un autre membre de son équipe a besoin de mes conseils, peu importe le sujet, ils savent où me trouver.»
Gerald Butts a démissionné de son poste de conseiller principal de Justin Trudeau en février, après que l'ancienne ministre de la Justice Jody Wilson-Raybould l'eut accusé de lui mettre de la pression pour qu'elle aide SNC-Lavalin à éviter une poursuite au criminel.
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Il nie toujours catégoriquement que lui ou son équipe au bureau du premier ministre ait agi de façon inappropriée. «Je crois toujours que tout ce qui s'est produit relève des opérations normales d'un gouvernement.»
Lorsqu'on lui demande s'il se sentirait personnellement responsable, dans le cas d'une défaite des libéraux, en octobre prochain, il répond: «C'est un sport d'équipe. Ça ne repose pas sur les épaules d'une seule personne.»
Gerald Butts croit que son ancien parti remportera les prochaines élections. Il croit que les opposants des libéraux qui sous-estimeraient le reste de l'équipe de Justin Trudeau feraient une grave erreur.
«Je crois aussi que ce serait une erreur, pour ceux qui les suivent [en tant que journaliste], de dépeindre les libéraux comme dépendants d'une seule personne», ajoute-t-il, en parlant de son rôle à lui et de l'impact de son départ.
Gerald Butts croit que l'affaire SNC-Lavalin «va évidemment jouer un rôle dans le choix de la population à l'automne», mais que pour la majorité des gens, cela ne sera pas le facteur premier de leur décision.
«Les Canadiens sont des gens justes, et ils font leurs choix à partir d'une grande variété d'accomplissements de la part du gouvernement, ou encore de déceptions.»
Justin Trudeau a été un «très bon premier ministre», à la tête d'un «très bon gouvernement», affirme l'ancien stratège libéral.
«Je crois que le gouvernement commence à peine à s'attaquer à rendre l'économie plus juste et à améliorer la croissance pour tout le monde... et son travail n'est pas terminé.»
La prochaine campagne électorale sera fondamentalement différente de la précédente, assure Gerald Butts. «C'est quelque chose que j'ai déjà dit au caucus et au cabinet: un choix très clair doit être présenté aux électeurs, une campagne de réélection ne devrait pas être un référendum.»
Bien qu'il précise garder ses idées pour une discussion privée avec l'équipe de Justin Trudeau, si jamais on lui demande son avis, il a affirmé au HuffPost Canada que la différence la plus marquée entre les conservateurs et les libéraux concerne l'environnement.
«Le choix le plus catégorique se fera autour de l'enjeu du climat: quel genre d'économie attirera des investissements et des emplois, selon les Canadiens, et quel genre d'emploi ils croient que leurs enfants occuperont.»
Ce texte initialement publié sur le HuffPost Canada a été traduit de l'anglais. Voyez la version complète sur le site du HuffPost Canada.
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