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Un programme d'éducation à la sexualité pour les enfants de 0 à 5 ans

«En commençant tôt, on va avoir plus d'impact.»
Weedezign via Getty Images

C'est un projet assez novateur que dévoile aujourd'hui la Fondation Marie-Vincent: un programme d'éducation à la sexualité et de sensibilisation aux relations égalitaires destiné aux enfants de zéro à cinq ans. Mais rassurez-vous: «on ne va pas expliquer aux enfants comment mettre un condom!» lance en riant Annie Fournier, directrice des services professionnels à la fondation.

Le programme Lanterne s'adresse en fait aux adultes qui gravitent autour de ces tout-petits: éducateurs en garderie, intervenants, parents. Il comprend des outils pour aborder des notions de relations égalitaires, les frontières personnelles, les parties du corps et le respect de son corps.

«Dès la petite enfance, on commence à instaurer des notions d'éducation sexualité et de relations égalitaires, dans le but que plus tard, au secondaire, les jeunes continuent de s'en faire parler, explique Annie Fournier. En commençant tôt, on va avoir plus d'impact.»

Mme Fournier ne cache pas que le Québec «a bien du rattrapage à faire», après plusieurs années sans cours d'éducation sexuelle dans les écoles.

Projet-pilote

La Fondation Marie-Vincent, dont la mission est de prévenir la violence sexuelle chez les enfants et les adolescents, a mis sur pied un projet-pilote de son programme Lanterne dans quelques régions du Québec, à l'automne dernier: en Montérégie (à Longueuil et à Saint-Rémi-de-Napierville), à Montréal (dans Parc-Extension, Côte-des-Neiges et à Ville-Saint-Pierre) et dans les communautés attikamekw de Manawan (dans Lanaudière) et de Wemotaci (en Mauricie).

«Nous voulions partir des besoins des communautés, ce sont toutes des communautés très différentes», explique Annie Fournier.

«Jusqu'à maintenant, ça fonctionne super bien, ajoute-t-elle. Nous avons des commentaires très positifs des directeurs et des directrices de CPE, des parents aussi. Ils aiment beaucoup les outils, et les enfants embarquent.»

Des livres pour bébés avec des vraies photos de bébés, d'autres qui abordent les notions de relations égalitaires, des ateliers pour tenter de diminuer les stéréotypes sexuels ou encore un jeu pour prévenir les violences sexuelles... les outils sont variés.

Tout cela permet d'évacuer la notion de «tabou» autour de la sexualité, croit Annie Fournier. Ce qui fait que si un enfant est victime de violence sexuelle, il se sentira à l'aise d'en parler et de le dénoncer. Au Québec, 53% des victimes de violence sexuelle ont moins de 18 ans, et 13% d'entre eux ont moins de 5 ans, rappelle-t-elle.

Ces ateliers pourraient aussi aider à prévenir la violence sous toutes ses formes dans les relations amoureuses. Au Québec, les dernières données de l'Institut national de santé publique du Québec démontrent que 36% des adolescents en couple étaient victimes de violence, en 2016-2017. Cela représente une augmentation significative depuis 2010-2011, alors que c'était 30% des jeunes qui se disaient victimes de violence dans leurs relations amoureuses.

La Fondation Marie-Vincent espère maintenant que ce programme soit déployé dans toute la province. Annie Fournier affirme être en discussion avec les ministères de la Famille et de l'Éducation pour qu'il soit développé dans les CPE et dans les services de garde en milieu familial. En attendant, la presque totalité des outils sont disponibles en ligne, pour les parents curieux (à l'exception du guide et du jeu concernant la prévention de la violence sexuelle, qui nécessitent une formation).

Quelques conseils en vracs pour parents de tout-petits

  • Apprendre les vrais noms des parties du corps à votre enfant, même pour les organes génitaux. Ainsi, l'enfant comprend qu'il peut parler de ces parties, qu'il ne s'agit pas d'un sujet tabou, et se sentira plus à l'aise d'en parler s'il lui arrive quelque chose.
  • L'encourager à nommer ses émotions.
  • Montrer à votre enfant à se laver tout seul, dans le bain. Ainsi, il comprendra que son corps lui appartient.
  • Enseigner à votre enfant la notion d'intimité (sans rendre le sujet tabou), en lui montrant par exemple à fermer la porte lorsqu'il va à la toilette.

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