Vous est-il déjà arrivé de vous asseoir à côté d'une femme aux jambes poilues dans le métro, et de la juger malgré vous? C'est ce qui est arrivé à Paméla Dumont, il y a quelques années, alors qu'elle faisait du covoiturage. Et sa propre réaction l'a choquée. «J'avais 21 ou 22 ans, et je n'avais jamais vu une femme afficher fièrement sa pilosité. Je me demandais comment ça se pouvait, une femme belle et assumée qui est poilue.»
La jeune comédienne qui aime aborder le corps et son appropriation dans ses projets artistiques s'est rendu compte que le poil était le dernier des tabous en ce qui concerne le corps de femmes. Et c'est là qu'a commencé à germer une idée de défi, un peu inspirée du mouvement «Movember» pour les hommes. C'est donc en 2017 qu'est née la première édition de Maipoils: une invitation à éviter toute sorte de dépilation pendant le mois de mai. La Grande-Bretagne a maintenant son «Januhairy», alors qu'en Australie, c'est le «Get hairy February».
L'événement débutera ce mercredi 1er mai, avec un lancement et le dévoilement d'une exposition de photos mettant en vedette la pilosité, à la Coop Rond-Point, à Montréal. Vous êtes donc tous et toutes invités à laisser libre cours à votre toison pour tenter d'éradiquer le complexe qui en découle, et à publier des photos sur les réseaux sociaux pour en témoigner.
«C'est très confrontant, admet Judith Lussier, qui agit à titre d'ambassadrice de l'événement. On a tellement grandi avec une conception erronée de ce qu'est le poil.»
Même si l'événement s'adresse à tout le monde qui désire se défaire de ses complexes par rapport à la pilosité, il s'agit clairement d'un enjeu féministe, ajoute la chroniqueuse et autrice, puisque le poil fait l'objet d'un double standard. «Chez les hommes, c'est vu comme quelque chose de viril, alors que chez les femmes, c'est vu comme de la négligence, c'est perçu comme étant dégueulasse.»
Elle-même avoue avoir été très insécure, quand elle a laissé libre cours à son poil, les premières fois.
«Plus on le fait, plus on remet en question les codes, plus ça devient facile collectivement de le faire!» ajoute-t-elle.
Ce qui ne veut pas dire qu'elle bannit totalement le rasoir ou la cire à épiler de sa vie. «Ça va m'arriver de vouloir de belles jambes lisses, mais je vais savoir pourquoi je le fais. Ce n'est plus un diktat: c'est un choix que je fais pour moi.»
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Le message de Maipoils est simple: le poil ne devrait pas être genré. «C'est présent sur les corps de tous les humains de la Terre... c'est le patriarcat qui le rend genré», affirme Asmina Thirunavukarasu, une des organisatrices de l'événement.
«Même dans les publicités de rasoirs, les filles se rasent des jambes déjà rasées... on n'ose même pas montrer le poil!» illustre Catherine Brunet, elle aussi ambassadrice de Maipoils.
La comédienne confie que son poil l'a longtemps complexée, au point où elle s'est même déjà fait épiler les bras. Maipoils l'aide donc à se réapproprier son corps, son poil. Et elle remarque que le sujet déchaîne les passions... surtout chez ses amis gars hétéros!
«Ça amène à parler des différences dans la société pour les gars et les filles, de la représentation des femmes dans la porno... Oui, ok, c'est correct, c'est tes goûts, mais il faut que tu réalises que ça vient de quelque part!» explique-t-elle.
Le défi se terminera par le cabaret Maipoils, le 31 mai, au restaurant Le Coton: une soirée artistique où se succéderont plusieurs artistes oeuvrant dans différents domaines. D'ici là, vous êtes invité(e)s à délaisser votre rasoir et à documenter votre expérience sur les réseaux sociaux!
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