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«Tanguy, le retour»: excellente idée, exécution ratée

Une suite paresseuse que même l’extraordinaire complicité entre Sabine Azéma et André Dussollier ne saurait sauver...
SND

18 ans après être devenu le pire cauchemar de tous les parents, Tanguy (Éric Berger) rentre au bercail. Maintenant âgé de 44 ans, le père nouvellement monoparental se réfugie dans le nouvel appartement aussi spacieux que luxueux et moderne de ses parents pour faire le point sur «l'échec de son existence».

L'idée de départ de Tanguy, le retour est en soi excellente, et le timing est d'autant plus parfait pour aborder avec une bonne dose de dérision l'épineux sujet de la génération boomerang, phénomène de société voyant des individus dans la trentaine et la quarantaine revenir chez leurs parents à la suite d'un divorce, d'une perte d'emploi ou d'une quelconque situation précaire.

Au Québec, le phénomène a déjà été traité d'une manière aussi drôle que sensée dans la savoureuse série Boomerang, diffusée sur les ondes de TVA.

Malheureusement, ici, les réjouissances sont de courte durée, le nouveau film d'Étienne Chatiliez se révélant particulièrement mal dosé, répétitif, plus ou moins drôle, et surtout peu pertinent.

Malgré que le long métrage soit d'une durée tout à fait raisonnable de 93 minutes, presque la moitié du film est consacré au «mal-être» du personnage titre, et aux efforts de ses parents pour l'aider du mieux qu'ils peuvent à remonter la pente - sans trop le brusquer, évidemment.

Une première partie mièvre qui s'étire en longueur, nous faisant attendre avec impatience LE moment où Paul et Édith (André Dussolier et Sabine Azéma, toujours excellents) craqueront et déterreront la hache de guerre pour forcer leur progéniture à reprendre sa vie en main et renouer avec le bonheur loin du nid familial.

Le réalisateur nous fait dès lors passer par la même enfilade de machinations sournoises, visant à rendre le quotidien de Tanguy moins douillet, qu'en 2001. Le processus est identique, le résultat est sensiblement le même, mais, évidemment, l'effet de surprise n'y est plus.

Le problème, c'est que le film est si absorbé par la quête perpétuelle, voire égoïste et obsessionnelle, de calme, de prévisibilité et de confort du couple de retraités qu'il finit par passer complètement à côté des aspects les plus intéressants de son sujet. Aspects qui auraient assurément renforcé l'impact comique et dramatique d'un ensemble qui manque cruellement de flair.

SND

Étienne Chatiliez met pourtant bien en évidence que ce sont Paul et Édith qui refusent d'évoluer, ou qui s'entêtent plutôt à ne pas voir l'évolution de leur fils, complètement aveuglés par leurs rêves de parcours de golf, d'apéro et de visionnage en rafale.

Tout déboule dans un dernier tiers empilant les stéréotypes culturels, les revirements douteux, les répliques bancales et les séquences malaisantes (dans le mauvais sens du terme), menant vers une conclusion à laquelle il est plutôt difficile d'associer une autre morale qu'un réducteur «karma is a bitch».

Le premier film a su maintenir une réputation enviable au fil des ans et s'écoute encore assez bien aujourd'hui. Nous ne pouvons malheureusement pas en dire autant de cette suite paresseuse que même l'extraordinaire complicité entre Sabine Azéma et André Dussollier ne saurait sauver.

Le potentiel était pourtant là. Les personnages sont devenus suffisamment cultes pour susciter l'intérêt du public, et plusieurs scènes font bel et bien mouche.

Malheureusement, Étienne Chatiliez peine à garder le rythme et à soutenir ses élans les plus inspirés, et s'enlise dans un scénario qui aurait gagné à être simplifié et dépouillé de quelques personnages mal développés qui ne font que nous éloigner du vif du sujet plutôt que de le bonifier. Dommage.

«Tanguy, le retour» prend l'affiche partout au Québec le 19 avril.

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