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«Cannabis illégal»: incursion dans le côté sombre du pot

«Ma fille va à l'école privée, faut bien que je paie ça!»
Dans le cadre du documentaire «Cannabis illégal», le journaliste Simon Coutu a notamment rencontré plusieurs trafiquants de cannabis.
Vice Québec/Télé-Québec
Dans le cadre du documentaire «Cannabis illégal», le journaliste Simon Coutu a notamment rencontré plusieurs trafiquants de cannabis.

Ce mercredi, cela fera exactement six mois que le cannabis est légal au Canada. C'est la date qu'ont choisie Vice et le journaliste Simon Coutu pour diffuser sur les ondes de Télé-Québec leur documentaire Cannabis illégal, une enquête immersive au sein du marché noir, qui continue de générer des profits importants.

Le journaliste travaille sur ce projet depuis plus d'un an. En fait, cela fait quatre ans qu'il se consacre à ce beat pourVice. Et en prévision de la légalisation, le jeune homme a choisi de braquer sa lumière sur le marché noir de cette industrie florissante: vont-ils continuer leurs activités?

«J'avais envie de marquer le coup, a-t-il raconté au HuffPost Québec. Je savais que beaucoup de monde travaillerait sur le même sujet, alors j'ai choisi une approche originale: celle du marché noir.»

Ce qu'il a constaté pendant le tournage de ce documentaire l'a surpris: le marché noir est toujours en pleine expansion, au Québec. D'ailleurs, l'agent Daniel Thibaudeau de la Sûreté du Québec le confirme pendant le documentaire: on est encore loin de l'enrayer.

Actuellement, la Société québécoise du cannabis (SQDC) estime qu'elle peut s'approprier environ 30% des parts du marché noir. Son objectif: 70% d'ici cinq ans. Est-ce réaliste?

«Je ne sais pas, avoue Simon Coutu. Il faudra voir comment le gouvernement fédéral sera attentif à la réalité du marché noir, et comment le marché noir va répondre. C'est sûr qu'ils s'adaptent. C'est un marché qui valait six milliards de dollars avant la légalisation, c'est une réelle économie.»

Simon Coutu a rencontré plusieurs joueurs de cette économie. Des rencontres mémorables avec «des gens qui n'ont absolument rien à gagner» en parlant à la caméra (le visage masqué, évidemment), mais qui le font quand même. Et ça donne des scènes à couper le souffle!

V'là deux ans, on a trouvé le téléphone d'un gars qui nous a volés... On a pogné ses enfants à la garderie, pis man, il nous a pas revolés.Trafiquant anonyme

«Pour un dealer qui se trouve devant la caméra, il y en a dix qui ont dit non», affirme le journaliste, qui précise qu'il a pu compter sur l'aide précieuse du recherchiste Carlos Guerra et du réalisateur Éric Piccoli.

Simon Coutu a notamment suivi un trafiquant qui retourne chercher sa récolte dans un champ... et qui se rend compte que quelqu'un d'autre est passé avant lui. Une pratique qui serait de plus en plus courante, depuis la légalisation.

«V'là deux ans, on a trouvé le téléphone d'un gars qui nous a volés... On a pogné ses enfants à la garderie, pis man, il nous a pas revolés», confie d'ailleurs le trafiquant.

Un «voleur de pot» se confie au journaliste Simon Coutu.
Vice Québec/Télé-Québec
Un «voleur de pot» se confie au journaliste Simon Coutu.

Dans une autre scène invraisemblable, le journaliste embarque dans un avion avec un «voleur de pot», qui survole des champs à la recherche de «petits spots verts». «J'appelle pas ça voler... c'est ma job», précise-t-il. «Ma fille va à l'école privée, faut bien que je paie ça!»

Et voler du pot, «c'est désarmant à quel point c'est simple», constate ce voleur professionnel. Simon Coutu le suit d'ailleurs dans son opération, la nuit tombée. Le trafiquant retourne aux endroits ciblés par avion, et coupe les branches feuillues. «Tu laisses juste le tronc, c'est comme ça que tu fais ça», explique le trafiquant.

Des scènes inédites, qu'on regarde sur le bout de notre chaise... mais qui ont quand même dû donner quelques sueurs froides au journaliste, non?

«Oui et non. C'est sûr que j'avais un rush d'adrénaline. Mais c'est sûr que c'est quelque chose que j'apprécie dans mon travail, me retrouver dans des endroits où je n'irais pas en temps normal. On a pris certaines précautions aussi, mais c'est sûr que c'est thrillant

Évidemment, il est encore un peu tôt pour juger si le gouvernement de Justin Trudeau réussira son objectif: enrayer le marché noir. «J'ai envie de dire: laissons la chance au coureur, pour l'instant.»

Ce qui est sûr, c'est que pour l'instant, beaucoup de trafiquants et de petits joueurs illégaux sont laissés pour compte, puisqu'obtenir un permis auprès du gouvernement coûte excessivement cher.

«Il y a des gens qui essaient de se régulariser, mais les barrières à l'entrée sont tough en ce moment, explique Simon Coutu. Il faudra voir ce qui va arriver au cours des prochaines années. Mais pour l'instant, ce sont surtout de grosses compagnies - pharmaceutiques, par exemple - qui étaient déjà dans l'industrie du cannabis médical, qui dominent le marché.»

En attendant, les amoureux du pot pourront allumer un barreau de chaise en toute légitimité dans quelques jours, pour leur premier 4/20 légal.

Le documentaire Cannabis illégal, une production de Vice Québec, sera diffusé ce mercredi 17 avril à 20h, sur les ondes de Télé-Québec.

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