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Pénélope McQuade fait le point sur ses (nombreux) nouveaux projets

«Il y a quelque chose qui me dépasse dans la confiance qu'on m'accorde...»
Radio-Canada

«Avoir une réflexion à voix haute, comme celle qu'on a collectivement, et réfléchir au diapason de la société»: voilà ce que Pénélope McQuade et Alain Labonté ont eu envie de faire avec Moi aussi j'aime les femmes. Un livre de correspondances entre deux amis de longue date, comme une discussion - au départ très personnelle et tendant vers une portée universelle - sur divers sujets d'actualité en lien avec les femmes. Un sujet riche qui «aurait facilement pu remplir 400, 500 pages» ayant donné lieu à cet inspirant entretien avec l'animatrice choyée qui vient de confirmer ses deux nouvelles émissions à la radio et à la télé.

Ton grand ami Alain souhaitait «réfléchir et partager sa vision de l'univers des femmes par l'entremise d'un échange». Pourquoi a-t-il souhaité faire cet exercice avec toi, à ton avis?

«Je pense qu'Alain fait des choix à l'instinct. Son premier livre, Moi aussi j'aime les hommes, une conversation avec avec Simon Boulerice, est né d'une intuition et d'un certain nombre de valeurs communes. Alain connaît mon grand respect du travail et du cheminement des femmes et mon désir de faire état de certaines situations concernant la condition des femmes. Ce sont des enjeux qui me touchent depuis toujours et sur lesquels je suis plus vocale depuis les dernières années. Il s'est dit qu'on pourrait mener la discussion plus loin, ensemble. L'idée de l'échange est la raison principale pour laquelle ce projet m'intéressait, car je ne pense pas que j'aurais moi-même mis sur papier mes réflexions, mes questionnements et mes préoccupations. Je trouvais cet échange beaucoup plus stimulant, enrichissant et pertinent pour le lecteur. Il s'agit d'une réflexion sur le monde qui nous entoure et comment on se positionne par rapport à ce monde-là.»

Il te décrit comme «la battante, la féministe, la guerrière». Est-ce de cette façon que tu te vois?

«Je ne sais pas si je me vois comme une guerrière. Je ne suis pas très friande des expressions utilisant du vocabulaire de conflit. Je suis plutôt quelqu'un qui aime construire des ponts et créer des alliances. C'est sûr que le militantisme, c'est d'abord et avant tout de faire avancer et faire changer les choses. Je pense que souvent, il y a une ignorance qui fait en sorte qu'on n'est pas au courant de certains enjeux; je pense à la diversité ou aux inégalités qui sont des enjeux à travers lesquels j'ai grandi et auxquels j'ai été conscientisées par mes parents. C'était donc déjà quelque chose qui existait dans ma vie. Au secondaire, je sortais marcher. Au cégep, à l'université, j'étais très militante. Je n'ai pas peur de dire qu'il reste des combats à mener, bien des frontières à abattre et bien des acquis qui restent très fragiles. Je n'ai aucun problème à affirmer tout cela haut et fort, mais je pense que de parler de construction, de dialogue, d'éducation, d'information, pour moi c'est peut-être plus près d'un vocabulaire que j'aimerais utiliser, car je trouve qu'on est tous ensemble là-dedans.»

Dans la première lettre du livre, tu affirmes que tu as peur de t'y aventurer. Pourquoi avoir accepté tout de même d'y participer?

«J'avais peur, car je considère que lorsqu'on parle des femmes, de leur situation, de la cohabitation, des communautés culturelles, des gens de différentes classes sociales et de différentes réalités, c'est vertigineux comme sujet. Je doutais de trouver les bons mots, d'être pertinente et de savoir parler à un vaste public, car je ne voulais pas juste me gratter le nombril, je voulais construire quelque chose et participer à une conversation sociale avec souffle et profondeur. Je me demandais ce que ma voix pourrait ajouter à tant d'autres voix de communicatrices féminines. J'ai accepté, car c'était en conversation avec Alain et que son désir de m'entendre sur ces sujets me validait.»

Ce que vous trouviez important de dire, de partager ensemble?

«Pour nous, ce qui était important, c'était d'abord et avant tout d'être des courroies de transmission pour des histoires qui restent parfois dans l'ombre. Il y a des histoires de femmes que l'on rencontre qui sont très inspirantes; des femmes qui peuvent témoigner de leur parcours, de leurs embûches, de leur résilience, de leur façon très unique de faire les choses et de faire tomber les barrières. C'était important pour nous de faire rayonner et de rendre hommage aux femmes de notre entourage, mais aussi du monde entier. C'était aussi très important pour nous de ne pas se présenter comme des donneurs de leçon. On s'est assis et on s'est demandé, dans un ouvrage sur les femmes, de quoi on devrait minimalement parler : le leadership, la féminité, la maternité, la politique, la diversité... Ces thèmes en ont fait ressortir beaucoup d'autres.»

Que retiens-tu de cet exercice et de ces moments écrits et partagés avec ton grand ami?

«Que ça touche beaucoup. Il y a de jeunes hommes qui ont acheté le livre; j'en ai rencontré beaucoup dans les salons du livre. Des hommes d'âge mûr aussi et de différentes communautés culturelles. Beaucoup de jeunes filles également, qui sont venues discuter avec nous. Je retiens donc que les gens ont envie de discuter de ce sujet, que le dialogue est très ouvert. C'est vraiment très réjouissant.»

Tu reviens de France, où vous avez assisté au festival Le printemps des Fameuses. Comment c'était?

«C'est vraiment intéressant de voir qu'effectivement, il y a un mouvement mondial qui s'intéresse à ces questions. Ce festival, où nous étions les seuls invités internationaux, abordait divers sujets vraiment intéressants : les femmes à la retraite par exemple, la fécondité des femmes qui arrive lorsqu'elles sont au moment le plus fort de leur carrière, le dilemme que cela apporte... C'était intéressant de voir d'autres réalités et de constater que la France, le Canada et le Québec semblent être des chefs de file en matière d'égalité. C'était bien de voir ce regard que les autres portent sur nous et de rétablir aussi qu'en fait, tout n'est pas réglé ici. Voir des initiatives qui se font ailleurs et desquelles on pourrait s'inspirer permet de s'ouvrir encore plus.»

Tu es revenue, récemment, sur des sujets délicats comme ta consommation de drogues lorsque tu étais plus jeune, tes épisodes dépressifs, la chirurgie esthétique... Qu'est-ce qui te pousse à discuter ouvertement de ces sujets plus difficiles depuis quelques années?

«Je pense qu'en entrevue – parce que tout part des entrevues – les gens sont friands d'authenticité et de profondeur, comme moi j'ai envie de profondeur lorsque je reçois des gens devant moi. À un moment, il n'y a plus de décalage vraiment possible entre ce qu'on est dans la vie et ce qu'on est à la télévision. Je pense que les gens qui regardent la télé ont envie, lorsqu'ils la referment, d'en retenir quelque chose. Les gens ont envie de connexion les uns aux autres. Quand l'ambiance est bonne et que la confiance est là, il ne me viendrait jamais à l'idée de ne pas répondre avec authenticité. Si je me déplace, car je suis invitée à une émission, c'est pour donner tout ce que je suis. J'aime discuter, j'aime être confrontée, donc c'est aussi ce type d'invité que j'ai le goût d'être. Sur les enjeux sociaux et les épreuves de la vie, je pense qu'on a tous quelque chose à dire. On a tous une histoire et j'ai envie de raconter la mienne de façon la plus authentique possible.»

De ton parcours, de quoi es-tu le plus fière?

«Ce qui me surprend le plus et ce qui me rend le plus fière, c'est que les mandats qu'on me confie sont encore, après 25 ans, toujours plus stimulants et ont toujours des impacts que je considère importants sur la société qui m'entoure. J'ai déjà dit à 39 ans que je pensais que je ne travaillerais plus à 50 ans, qu'on ne m'offrirait plus de contrats stimulants, alors que finalement on ne fait que cela avec le talk-show, le documentaire, ce livre et avec Médium Large. Il y a quelque chose qui me dépasse dans la confiance qu'on m'accorde. Je suis fière de continuer à pouvoir évoluer à travers mon métier et de pouvoir devenir une meilleure citoyenne, une meilleure personne, une meilleure humaine à travers mes contrats.»

Justement, à quoi peut-on s'attendre de cette nouvelle émission à la radio?

«Ce sera dans la continuité de la diversité de Médium Large : on va aborder une aussi large palette de sujets. Il n'y a pas encore de titre, de ton musical, ni de confirmations de collaborateurs; tout est à construire et c'est hyper emballant. La raison pour laquelle j'ai choisi de faire de la radio, c'est parce que j'ai choisi d'être déstabilisée et de plonger dans quelque chose où j'allais surtout être en apprentissage. Et il est certain que d'avoir Philippe [Fehmiu, son amoureux] à mes côtés dans cette aventure - lui qui est un amoureux fini de la radio, un hyper connaisseur des codes et de la réalité - est un immense plus et c'est extrêmement rassurant.»

Tu seras aussi de retour à la télévision...

«Oui, les deux productions sont officiellement bien lancées! L'émission télé sera diffusée en septembre et s'intitulera Faites-moi rire. Il s'agit d'une émission de variétés hebdomadaire et les invités ne seront pas des humoristes. Chaque semaine, on aura deux invités – comédiens, chanteurs, animateurs, des gens de tous les domaines – ainsi qu'une équipe de trois collaborateurs maison. L'idée est de fouiller, avec nos invités, ce qui est dans leur ADN humoristique : ce qui les fait rire, ce qui ne les fait pas rire, le premier médium drôle qui les a fait réagir, le genre d'humour qu'ils avaient quand ils étaient jeunes... On souhaite ratisser large, car on veut se donner beaucoup de contenu. Je pense qu'à travers l'humour, il y a possibilité d'aborder plein de sujets de société. Les collaborateurs vont aussi préparer des numéros sur mesure sur l'ADN des invités, des vidéos, des sketchs, des chansons, tout est possible. La liste d'invités sera composée de gens qu'on ne voit pas partout, car on entend très bien le message lancé par les spectateurs par les temps qui courent.

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