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Valentine Thomas: l’avocate qui a quitté son poste en finance pour devenir plongeuse-pêcheuse

«Si j'apprenais aujourd'hui qu'il me restait 30 jours à vivre, je ne changerais rien de ma vie.»
Valentine Thomas a tout quitté en 2015 pour vivre sa passion: pêcher au harpon.
Courtoisie
Valentine Thomas a tout quitté en 2015 pour vivre sa passion: pêcher au harpon.

Valentine Thomas n'a jamais été aventurière. Plus jeune, elle avait peur de l'eau après être passée proche de la noyade et était très anxieuse. Pourtant, après des études en droit, et après six ans de brillante carrière dans le monde des finances à Londres, la jeune femme a tout plaqué pour se consacrer... à la pêche. Elle n'a aujourd'hui pas de chez-elle, pas d'emploi stable. Mais elle est heureuse.

«Si j'apprenais aujourd'hui qu'il me restait 30 jours à vivre, je ne changerais rien de ma vie», résume la jeune femme en entrevue avec le HuffPost Québec, en replaçant gracieusement ses longs cheveux de sirène. Difficile de croire que cette magnifique jeune femme au physique de top modèle (même en essayant de chasser tous les clichés sexistes qui nous viennent en tête) passe ses temps libres dans la mer, à taquiner le poisson avec son harpon, tout en évitant les requins.

Courtoisie

Valentine Thomas a changé de vie, du tout au tout. Dans son livre qui paraîtra ce lundi, elle raconte qu'elle travaillait dans une boîte de Londres, portait des talons hauts tous les jours, roulait en Mercedes, habitait dans un appartement de luxe et passait ses vacances à Ibiza. Puis, elle a découvert la pêche en apnée, un peu par hasard, lorsque des amis l'ont traînée dans un voyage sur l'île d'Ascension. Lorsqu'elle a attrapé son premier poisson, ç'a été le déclic.

«J'adore la bouffe, je suis une foodie dans le tapis. J'adore faire à manger, donc je trouvais ça tellement cool, d'attraper ma propre bouffe... C'est durable. C'est le côté ''bouffe'' qui m'a séduite. La plongée, quand j'ai commencé, je n'aimais même pas ça.»

L'adepte de la cuisine simple propose même plusieurs recettes appétissantes, dans son livre.

Courtoisie

«Je n'ai pas mis de souliers pendant un mois»

Elle a fait quelques voyages de plongée et de pêche, tout en continuant à travailler. Un jour, elle est partie cinq semaines à Zanzibar, en Tanzanie.

«J'habitais dans un genre de chambre où la douche me donnait un choc électrique chaque fois que j'y touchais, c'était vraiment basic, se rappelle-t-elle en souriant. Mais c'était sur le bord de la plage, et je n'ai pas mis de souliers pendant un mois. Et je me suis dit: ''qu'est-ce que je fais avec ma vie?'' Je suis en train de travailler pour m'acheter des affaires dont je n'ai pas besoin, pour impressionner du monde que je n'aime même pas... Les choses doivent changer.»

En rentrant chez elle, Valentine a tout plaqué: son amoureux, son emploi, son appartement. Et elle est partie s'installer en Floride pour vivre son rêve!

La première année a été plutôt difficile. Ses économies n'ont pas duré longtemps à Miami. Les logements n'étant pas tout à fait abordables, la jeune femme a dormi dans son auto pendant un bout de temps.

«Mais je n'ai jamais regretté. Je me levais tous les matins, il faisait beau, il faisait chaud, et j'allais pêcher avec mes amis, je ramenais à manger. Je m'en foutais d'être complètement fauchée, je faisais ce que j'aimais.»

Petit à petit, elle s'est fait connaître. «En fait, je me suis comme inventé une job. Il n'en existait pas, des plongeuses professionnelles qui faisaient ce que je fais.»

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Elle a commencé à être guide de pêche, à animer des conférences, à travailler pour la télévision. Tout cela, évidemment, ponctué de voyages axés sur la plongée et la pêche, partout dans le monde.

Sa destination coup de coeur? Les Bahamas, sans hésitation. «C'est indescriptible, à quel point l'eau est belle, turquoise, dit-elle, les yeux pétillants. C'est à une heure de bateau de la Floride, l'eau est poissonneuse, les gens sont gentils... J'ai habité là pendant un an et je suis complètement tombée en amour avec l'endroit.»

Mais elle a aussi vécu des expériences assez traumatisantes, des épopées où elle a cru qu'elle allait mourir, traquée par un (ou des!) requin(s).

Au travers de ses expériences, la plongeuse-pêcheuse a tenté de sensibiliser le public à l'importance de prendre conscience de ce qui se retrouve dans son assiette, et de l'état de la planète. Elle est très active sur Instagram, notamment.

«Quand tu achètes quelque chose, tu décides qui tu encourages, et comment tu veux que la planète soit traitée. Il y a plein de poisson illégal sur le marché... et au Canada, aucun détaillant ou vendeur n'est obligé de dire d'où provient le produit. C'est ridicule.»

Aujourd'hui, Valentine a 32 ans. Elle pêche pour le plaisir, voyage et anime des conférences. Elle ne cache pas qu'après quatre ans de vagabondage, elle envisage de se poser, dans quelques années. Bon, on s'entend, elle ne se voit pas à Boucherville avec une piscine hors terre. Elle ne sait pas encore où, elle ne sait pas non plus quelle forme vont prendre ses affaires.

«J'ai toujours rêvé d'un penthouse à New York. Maintenant, j'aimerais mieux avoir un jardin, ma bouffe, mes petites affaires. Mes valeurs ont tellement changé!»

Le quotidien n'est pas toujours facile, avoue candidement la grande brune, qui ne sait jamais dans quelle situation financière elle se trouvera, le mois prochain. Mais elle ne retournerait pour rien au monde à son ancienne vie.

«Les gens me disent souvent qu'ils ne seraient jamais capables de faire ce que je fais. Mais je pars de loin: à l'âge de 18 ans, j'avais de la difficulté à marcher jusqu'au dépanneur, tellement j'étais anxieuse! Alors si moi, j'ai pu le faire, tout le monde est capable!»

* Le livre À contre-courant, écrit par Valentine Thomas et publié aux éditions Cardinal, sera disponible en librairie dès le lundi 15 avril.

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