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Cônes orange: Montréal a atteint un plateau

La Ville rate de moitié sa cible ambitieuse d'investissements et étire sur 10 ans le rattrapage du déficit d'entretien.
HuffPost Québec/Olivier Robichaud

L'augmentation fulgurante du nombre de chantiers estivaux à Montréal semble avoir atteint son maximum. La mauvaise nouvelle: les niveaux records de cônes orange seront maintenus pour 10 ans plutôt que cinq.

L'administration Plante a dévoilé jeudi la programmation 2019 des chantiers municipaux. On note une certaine augmentation de la valeur des investissements par rapport à ce qui a été dépensé l'an dernier pour atteindre 766 M$. Mais surtout, on note que le nombre de kilomètres de rues, d'égouts et d'aqueducs refaits est sensiblement le même depuis 2017.

Montréal avait entamé une croissance fulgurante des dépenses pour l'eau et la voirie sous l'administration de Denis Coderre afin de régler rapidement le déficit d'entretien des infrastructures. La Ville était passée de 100 km de travaux par année à presque 300 km, et l'ancien maire prévoyait accélérer le rythme pendant encore cinq ans.

Sylvain Ouellet, responsable de l'eau et de la voirie au comité exécutif, rappelle que la nouvelle administration a choisi d'étirer ce rattrapage sur 10 ans afin de ne pas surcharger le réseau routier.

«Il faut savoir que que les Montréalais ont un certain niveau de tolérance pour les chantiers, mais il y a aussi nos partenaires qui, eux, ne peuvent plus faire pause. On peut penser à la Société de transport de Montréal (STM), à qui on a demandé de reporter des chantiers au centre-ville pour toutes sortes de raisons, notamment pour le 375e», affirme-t-il.

Sylvain Ouellet, responsable de l'eau et de la voirie au sein de l'administration Plante.
Olivier Robichaud
Sylvain Ouellet, responsable de l'eau et de la voirie au sein de l'administration Plante.

Selon M. Ouellet, la Ville a dû refuser la moitié des demandes de mise en chantier de la part des services municipaux, de la STM, d'Énergir (anciennement Gaz Metro) et d'autres partenaires du genre.

Son collègue Éric Alan Caldwell avait déjà annoncé en novembre dernier que l'administration Plante investira moins en maintien des actifs pour se concentrer sur le réaménagement.

Au final, environ 260 km de chaussée seront reconstruits ou réhabilités et 133,5 km d'égouts et d'aqueducs. La longueur totale des chantiers sera toutefois moindre que la somme de ces deux chiffres, puisque certains tronçons — notamment l'important projet sur la rue Sainte-Catherine — recevront plusieurs types de travaux.

Treize ponts et tunnels recevront aussi des interventions et quatre projets de bassins de rétention d'eau seront terminés (trois) ou entamés (un).

Les principaux chantiers en 2019

- Réaménagement de la rue Saint-Grégoire, entre Saint-Denis et Papineau

- Réaménagement de l'avenue Papineau, entre Gauthier et Marie-Anne

- Revitalisation du quartier Griffintown

- Travaux de construction du SRB Pie-IX

- Réaménagement de la rue Sainte-Catherine, entre Bleury et Mansfield

- Réaménagement de la rue Saint-Hubert, entre Bellechasse et Jean-Talon

- Réaménagement de la rue Peel, entre Sherbrooke et Des Pins

- Parachèvement des travaux à l'angle Laurentien/Lachapelle

- Réhabilitation des conduites d'eau sous la rue Grand Trunk

- Construction d'une conduite d'eau potable sous la rue Pierre-de-Coubertin

- Construction des bassins de rétention Rockfield, Lavigne, William et Leduc

- Construction d'une nouvelle prise d'eau pour l'usine d'eau potable Atwater

Les Montréalais vont écoper, selon l'opposition

Le chef d'Ensemble Montréal, Lionel Perez, se dit préoccupé par ce ralentissement.

«On a tellement de rattrapage à faire. [...] C'est préoccupant et malheureusement ce sont les Montréalais qui vont écoper dans la qualité de la voirie. Ils vont devoir attendre plus longtemps pour atteindre un seuil acceptable de qualité des infrastructures», déplore-t-il.

M. Perez était responsable des infrastructures sous l'administration Coderre et avait participé à l'augmentation des investissements.

«Escouade des chantiers» et «Charte des chantiers»

Après avoir introduit une «Escouade mobilité» pour régler les problèmes de voies bloquées, l'administration Plante récidive avec une «Escouade des chantiers».

Promise en campagne électorale — Valérie Plante l'appelait alors la «brigade» des chantiers —, la nouvelle équipe de six personnes effectuera des visites surprise sur les chantiers dont la surveillance est assurée par des entreprises privées.

En septembre, le Bureau de l'inspectrice générale (BIG) a révélé un certain laxisme de la part des firmes privées sensées s'assurer que les travaux sont conformes aux exigences de la Ville. Sur chacun des 83 chantiers routiers visités, le surveillant avait omis de noter et de corriger des défauts, ou encore avait accepté un matériau non conforme. Ces erreurs peuvent mener à une dégradation plus rapide de la rue.

L'administration souhaite aussi que la métropole se dote d'une «Charte des chantiers» pour limiter les nuisances vécues par les citoyens.

L'annonce a fait sourire le chef de l'opposition, Lionel Perez. Son parti avait justement proposé cette mesure au lendemain de la défaite de 2017.

«On avait proposé cette mesure pas seulement avec une motion au conseil municipal, mais avec un exemple de charte. [...] L'administration avait voté contre», souligne M. Perez.

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