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SPVM: faudrait-il retirer les armes à feu des policiers?

Un citoyen réclame des patrouilleurs non armés, à la manière des «Bobbies» de Londres.
Images by Steve Skinner Photography via Getty Images

Les patrouilleurs du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) devraient-ils imiter leurs collègues de Londres et se départir de leurs armes à feu? C'est ce que réclame un intervenant de rue, dans le cadre d'une consultation sur la désescalade lors de situations de crise.

Les policiers sont souvent appelés à intervenir lorsqu'un individu est en crise, souvent dans des contextes de santé mentale ou d'intoxication. Ces interventions se terminent parfois en drame, comme ce fut le cas avec Alain Magloire, un itinérant abattu en 2014.

Mardi, le SPVM et l'École nationale de police étaient devant la Commission de la sécurité publique de Montréal afin de présenter leur plan pour former les quelque 3000 patrouilleurs en techniques de désescalade. D'ici 2023, l'ensemble des patrouilleurs devraient avoir reçu une formation d'un jour à l'ÉNP.

Or, pour la majorité des citoyens et organismes venus se prononcer sur ce plan, cela reste insuffisant. L'un d'eux, Emmanuel Cree, estime que les policiers mettent la main trop rapidement sur leur arme à feu. Il croit qu'ils ne devraient plus en porter.

«Si mon premier réflexe est de mettre ma main sur mon "gun", automatiquement la personne se sent craintive, se sent attaquée. La personne va avoir une réaction de défense», dit-il.

Emmanuel Cree, intervenant de l'organisme Rézo Montréal, qui oeuvre en santé mentale dans le Village.
Capture d'écran - Ville de Montréal
Emmanuel Cree, intervenant de l'organisme Rézo Montréal, qui oeuvre en santé mentale dans le Village.

M. Cree est intervenant de rue au Rézo, un groupe qui oeuvre en santé mentale dans le Village. Il affirme intervenir régulièrement auprès de personnes en situation de crise.

Le SPVM dit non

Selon le commandant André Durocher, le SPVM n'a aucunement l'intention d'aller dans cette direction.

«Quand on va répondre à un appel de vol qualifié avec quelqu'un qui est armé, on va appeler qui?», lance-t-il.

«Les policiers peuvent répondre à quelqu'un en crise, après ça va être un vol de banque, après ça va être une violence conjugale. C'est très difficile. Ce qui est important, c'est d'avoir la formation et du bon outil au bon moment dans une situation donnée», ajoute-t-il.

Formation plus poussée

D'autres intervenants estiment que la formation d'un jour est insuffisante pour outiller les policiers. Ils réclament que chaque équipe de patrouilleurs soit dotée d'au moins un policier ayant suivi la formation «Réponse en intervention de crise», une formation de cinq jours spécifiquement destinée aux interventions avec des personnes atteintes de problèmes de santé mentale.

«Pourquoi se contenter d'une formation d'une journée plutôt que cinq jours? Il est question de vies humaines», affirme Me Virginie Dufresne-Lemire, une avocate spécialisée en abus d'autorité, notamment les abus policiers.

Me Virginie Dufresne-Lemire, avocate spécialisée en abus d'autorité, lors de son passage devant la Commission de la sécurité publique de Montréal.
Capture d'écran - Ville de Montréal
Me Virginie Dufresne-Lemire, avocate spécialisée en abus d'autorité, lors de son passage devant la Commission de la sécurité publique de Montréal.

Un autre avocat, Alain Arsenault, demande l'émission de nouvelles directives sur l'utilisation de l'arme à feu. Il estime que les situations de crise dégénèrent trop rapidement.

«Les interventions en situation de crise sont souvent des interventions qui sont très courtes et se soldent par la mort de la personne. Il y a un aspect précipitation qui est important», dit-il.

Les porte-parole du SPVM répliquent que les policiers répondent à plus de 30 000 appels par année pour des situations de crise, soit une centaine par jour. La formation en désescalade devrait leur permettre d'éviter les «spirales verbales», où les ordres criés par les policiers augmentent le niveau de stress de la personne en crise.

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