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«Nettoyage ethnique»: François Legault demande à William Steinberg de s'excuser

Le premier ministre Legault a lancé un appel à débattre dans un climat serein.

QUÉBEC — Le premier ministre François Legault ajoute sa voix à ceux qui réclament des excuses du maire de Hampstead, qui a déclaré que le projet de loi sur la laïcité constituait une forme de «nettoyage ethnique».

Le maire William Steinberg a tenu ces propos lors d'une conférence de presse vendredi dernier pour dénoncer le projet de loi du gouvernement Legault en compagnie d'une demi-douzaine d'élus, tous paliers gouvernementaux confondus.

Ces derniers ont immédiatement pris leurs distances de l'accusation du maire Steinberg.

Lors de cette conférence, M. Steinberg a affirmé qu'«une société laïque n'impose pas une religion par-dessus les autres», ajoutant que le projet de loi 21 est «une tentative de faire exactement cela».

«Le résultat sera que les juifs, les musulmans et les sikhs ne viendront pas à un endroit où leurs perspectives d'emploi seront limitées. Ceux qui vivent déjà ici auront tendance à partir», a-t-il poursuivi.

Il a complété son raisonnement en soutenant que ce projet de loi «est une tentative de faire partir ceux qui pratiquent des religions minoritaires, ne laissant que des non-croyants et des chrétiens au Québec. C'est du nettoyage ethnique — pas avec un fusil, mais avec une loi. C'est raciste et c'est ignoble.»

Confronté à ces propos mardi, le premier ministre Legault a lancé un appel à débattre dans un climat serein. Il a demandé que M. Steinberg s'excuse pour ses propos.

M. Legault a dit comprendre que les Québécois aient des opinions différentes sur le projet de loi 21, mais croit qu'il est possible de débattre de façon respectueuse.

«Les Québécois sont des gens accueillants, les Québécois ont le droit de demander qu'au Québec, les personnes qui travaillent pour le gouvernement qui sont en autorité ne portent pas de signes religieux.

«C'est raisonnable et modéré, (...) c'est une demande qui est légitime», a-t-il déclaré.

M. Legault a fait valoir que le maire de Hampstead a déjà été rappelé à l'ordre par des membres de la communauté juive dans le passé.

«Quand on sait ce qui est arrivé à ce peuple-là... de comparer ce qui se passe au Québec, je pense que ça n'a pas de bon sens», a déclaré le premier ministre.

Sans pointer du doigt M. Steinberg, le Centre consultatif des relations juives et israéliennes (CIJA) du Québec a dénoncé les «propos déraisonnables» qui attisent la méfiance et l'inquiétude des gens touchés par le projet de loi.

D'autres élus de l'Assemblée nationale ont aussi condamné les propos du maire de Hampstead et demandé des excuses. Le député libéral David Birnbaum, en outre, dit qu'ils étaient «blessants» et «profondément inappropriés».

Son collègue Gaétan Barrette a eu à travailler avec M. Steinberg par le passé. «C'est une personne qui a son franc-parler et là, je pense que c'est allé trop loin. De suggérer qu'on est dans une situation de nettoyage ethnique, franchement!»

Des propos décriés aussi par Lionel Perez

Le chef de l'opposition à l'hôtel de ville de Montréal, Lionel Perez, s'est lui aussi montré «scandalisé» des propos de M. Steinberg. «Ces propos sont inacceptables et odieux dans une société comme la nôtre. Comme élus, on a l'obligation de peser ses mots et d'utiliser des propos modérés. Ça n'a été aucunement le cas. Quand on parle de nettoyage ethnique, on parle de meurtres. On parle de tueries. Qu'on parle du Rwanda, de Bosnie ou d'autres génocides. Ça n'a pas sa place ici. Je suis contre la loi, mais je n'ai jamais utilisé des propos aussi incendiaires que ceux de M. Steinberg», a-t-il déclaré mardi.

Lionel Perez réclame à son tour des excuses du maire Steinberg. «Les mots qu'il a utilisés en fin d'après-midi pour essayer de s'expliquer ne sont pas satisfaisants. Il doit être sans équivoque. Ça ne représente aucunement les valeurs québécoises et je pense que ça peut mener aux dérapages.»

D'autre part, M. Perez estime que la tenue de ces propos controversés font que l'on débat sur la forme plutôt que sur le fond concernant le projet de loi 21. «Ce n'est pas à l'avantage de la cause de ceux qui sont contre le projet de loi.»

Il remet en question sa participation à la manifestation de dimanche prochain qui aura lieu à Côte-Saint-Luc, organisée par William Steinberg. «Je ne peux pas compromettre mes principes, mes convictions, avec des propos qui sont totalement inacceptables», estime-t-il.

Steinberg refuse de s'excuser

Interrogé par RDI, le controversé maire a nié avoir fait allusion à un génocide ou à une tuerie. Le projet de loi sur la laïcité tient plutôt du «nettoyage ethnique pacifique», puisqu'il forcera certaines minorités religieuses à quitter le Québec, a-t-il fait valoir.

À son avis, la population devrait plutôt se concentrer sur le débat de fond plutôt que sur l'expression utilisée pour décrire ses effets.

Rappelons que le projet de loi sur la laïcité empêchera le port des signes religieux pour certains employés de l'État en position d'autorité coercitive, comme les juges, les policiers et les gardiens de prison, mais aussi les enseignants et les directeurs d'école.

Avec La Presse canadienne.

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