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Petit guide pour mieux comprendre le système de la DPJ

Famille d'accueil, foyer de groupe, centre d'accueil... quelle est la différence entre ces ressources?
Blackstation via Getty Images

La Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) a fêté discrètement ses 40 années d'existence, au début de l'année. En 1979, le Québec adoptait la Loi sur la protection de la jeunesse, visant à mettre le bien-être de l'enfant au centre des interventions. Mais encore aujourd'hui, le fonctionnement de la DPJ reste nébuleux pour bien des Québécois. Dans le cadre de la série La DPJ a 40 ans: voici mon histoire, le HuffPost Québec tente de faire la lumière sur cette entité souvent mal comprise.

Comment ça fonctionne, un «placement» à la DPJ?

» Le signalement

Il y a tout d'abord le fameux signalement, qui est fait par une personne qui a des raisons de croire que le développement ou la sécurité de l'enfant sont compromis. La DPJ détermine si le signalement vaut la peine d'être retenu, selon des faits précis.

«Par exemple, si vous appelez pour dire que vous avez vu plein de marques sur le corps d'une petite fille de trois ans, c'est sûr qu'on va aller voir», explique Jocelyne Boudreault, des relations médias du CIUSSS Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal. Si le signalement est retenu, la DPJ fera une évaluation plus approfondie de la situation. Chaque année, la DPJ prend en charge environ 31 000 enfants au Québec.

» Signalement retenu

Quand un signalement est retenu, un intervenant va se rendre dans la famille pour aller l'évaluer. Il va rencontrer l'enfant et le parent, et déterminer la gravité de la situation.

«Dans 68% des cas, les enfants vont demeurer avec leurs parents, précise Mme Boudreault, qui a déjà travaillé comme travailleuse sociale. Souvent, les gens pensent que dès qu'on dit ''DPJ'', on dit ''placement''. Mais selon la Loi pour la protection de la jeunesse, on doit tout faire pour maintenir les enfants dans leur milieu familial.» Dans une situation ou la sécurité de l'enfant est compromise, celui-ci peut être placé d'urgence.

» Si l'enfant doit être sorti de son milieu familial...

La DPJ va tenter dans un premier temps de le replacer chez un autre membre de sa famille: ses grands-parents, un oncle, une tante...

» Si cela n'est pas possible...

Si l'enfant a moins de 5 ans, il sera placé dans une famille d'accueil. Malheureusement, Montréal manque en ce moment cruellement de familles d'accueil pour ces tout-petits.

» Si l'enfant est un peu plus vieux...

S'il est plus vieux et qu'il a des problèmes de comportement, il peut être placé dans un foyer de groupe. «C'est une maison familiale ou tu peux avoir une dizaine d'enfants, toujours du même âge et du même sexe, mais au lieu d'y avoir des parents d'accueil, ce sont des éducateurs qui s'occupent d'eux», affirme Jocelyne Boudreault.

» Si la situation se détériore...

Dans les cas où les problèmes de comportement s'aggravent, qu'il y a par exemple des fugues à répétition ou des problèmes de consommation, l'enfant (ou l'adolescent) peut alors être envoyé en centre d'accueil ou centre de réadaptation. C'est ce qu'on appelait auparavant les «centres jeunesse».

Selon Jocelyne Boudreault, dans la majorité des cas de placement, «on peut fermer le dossier au bout d'un an, parce que les parents ont réglé leurs problèmes».

«Il peut arriver que pour certaines raisons, on va maintenir le placement, ajoute-t-elle. Par exemple, des parents qui éprouvent de graves problèmes de consommation ou de santé mentale, qui ne reconnaissent pas les problèmes ou ne veulent pas recevoir de l'aide. On agit toujours dans l'intérêt de l'enfant.»

À Montréal, par exemple, la DPJ s'occupe d'environ 15 000 enfants. De ce nombre, 800 sont placés en foyer de groupe ou en centre d'accueil, illustre Jocelyne Boudreault.

Évidemment, lorsque la DPJ intervient dans une famille, c'est rarement parce que les choses vont bien. Certains enfants ou parents peuvent donc garder de bien mauvais souvenirs du passage de la DPJ, reconnaît Mme Boudreault. Certains enfants qui ont connu l'abandon, par exemple, vont tenir la DPJ comme responsable, illustre-t-elle. Les adultes que le HuffPost a rencontré pour cette série reprochent beaucoup au système de les avoir traités comme des numéros.

«Oui, c'est une critique que j'ai entendue. Mais pour avoir été depuis tant d'années dans le milieu, je peux vous dire que les intervenants ne les perçoivent pas comme des numéros. Moi, j'ai vu des intervenants faire des miracles. Quand tu décides de faire ça, tu le fais par engagement. Tu ne le fais pas pour le salaire.»

Après 18 ans...

En 40 ans, beaucoup de choses ont changé, précise Mme Boudreault. Par exemple, aujourd'hui, il serait faux de dire que les services de la DPJ s'arrêtent le jour où les adolescents atteignent l'âge de 18 ans.

«Avant, c'était effectivement le cas. Mais ce ne l'est plus. On s'est rendu compte que certains enfants ne pourront jamais retourner dans leur milieu familial, qu'ils n'ont pas de réseau pour les soutenir.»

Maintenant, la DPJ offre des programmes d'aide à la vie autonome et des appartements supervisés dès l'âge de 17 ans. Un adolescent peut aussi rester dans sa famille d'accueil ou recevoir les services d'un intervenant jusqu'à 19 ou 20 ans.

«Mais il faut comprendre que certains jeunes, quand ils atteignent 18 ans, ne veulent plus rien savoir de nous.»

La DPJ a 40 ans: voici mon histoire

La Direction de la protection de la jeunesse a soufflé ses 40 bougies cette année. Mais comment fonctionne cette entité qui s'occupe de dizaines de milliers d'enfants chaque année au Québec? Comment se remet-on d'un abandon? Comment se passe la vie en centre jeunesse? Le HuffPost Québec a rencontré quatre anciens enfants de la DPJ et vous propose quatre entretiens intimistes dans la série La DPJ a 40 ans: voici mon histoire.

Les témoignages:

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