Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Sous le radar: les événements passés inaperçus à l’Assemblée nationale cette semaine

Dans le brouhaha politique, il est facile d’en manquer des bouts. Voici donc trois événements qui nous sont passés sous le nez - ou presque - sur la scène politique à Québec.

QUÉBEC - On mange de la politique au HuffPost Québec, mais il est souvent difficile d'écrire sur tout ce qui se passe à l'Assemblée nationale dans une journée.

Nous vous proposons donc un récapitulatif de trois moments de la semaine qui n'ont pas nécessairement fait les manchettes, afin d'apprécier la beauté de notre démocratie... ou pas!

Le «bla bla» et l'amour du Canada

La ministre de la Justice, Sonia LeBel, n'était pas impressionnée par les efforts de Sol Zanetti pour qu'elle fasse sa profession de foi fédéraliste.
Capture d'écran - Assemblée nationale du Québec
La ministre de la Justice, Sonia LeBel, n'était pas impressionnée par les efforts de Sol Zanetti pour qu'elle fasse sa profession de foi fédéraliste.

La fameuse contestation juridique du droit à l'autodétermination du Québec a donné lieu à une salve de questions entre un parti indépendantiste et un parti fédéraliste. Mais avec des acteurs différents, cette fois-ci.

Le député solidaire Sol Zanetti en a profité pour ridiculiser la Coalition avenir Québec (CAQ), qui «se bombe le torse face au Canada», mais a du mal à obtenir des gains nets du fédéral.

«Est-ce que le gouvernement peut nous expliquer c'est quoi, la différence entre un gouvernement libéral à plat ventre et un gouvernement de la CAQ à genoux?» a-t-il demandé.

«Je pense que je n'embarquerai pas dans certains éléments de la question de mon collègue», a répondu la ministre de la Justice, Sonia LeBel, qui a assuré qu'elle allait «défendre avec acharnement l'autonomie du Québec» dans ce dossier devant les tribunaux.

«Il y a beaucoup de bla bla par rapport à «on va défendre le Québec» tout en se couchant tout le temps...», a poursuivi le député Zanetti avant de se faire rabrouer par le leader parlementaire du gouvernement, Simon Jolin-Barrette, pour son manque de décorum.

Le leader parlementaire de QS, Gabriel Nadeau-Dubois, a volé à la défense de son collègue en se demandant si «bla bla» était un terme non parlementaire.

Voyez l'échange entre les deux leaders parlementaires:

Le député Zanetti est revenu à la charge avec des termes parlementaires, cette fois-ci. «Est-ce que le gouvernement peut nommer un seul avantage pour le peuple du Québec de rester dans le Canada?»

Après un silence qui en disait long, la ministre LeBel a répondu, les bras croisés, que «le gouvernement est présentement en négociation sur plusieurs fronts avec le gouvernement fédéral» et qu'il reste «ferme» dans ses positions.

La Basse-Côte s'invite à l'Assemblée nationale

La députée de Duplessis, Lorraine Richard, en compagnie d'une importante délégation de la Côte-Nord pour réclamer le prolongement de la route 138.
Capture d'écran - Assemblée nationale du Québec
La députée de Duplessis, Lorraine Richard, en compagnie d'une importante délégation de la Côte-Nord pour réclamer le prolongement de la route 138.

Une délégation de maires, de préfets et de chefs innus de la Côte-Nord était en visite à Québec pour rencontrer deux ministres et pour exiger le prolongement de la route 138.

Non seulement cette rencontre est passée sous le radar, mais cette délégation est repartie fâchée et les mains vides.

Il faut dire que la conférence de presse à ce sujet avait lieu à peine une heure avant le dépôt du projet de loi sur la laïcité. Heureusement, le valeureux personnel de l'Assemblée nationale nous fournit des transcriptions de ce qui s'est dit.

Le maire de Sept-Îles, Réjean Porlier, aurait voulu voir la somme de 200 millions de dollars - promise par l'ancien gouvernement libéral - dans le premier budget de la CAQ.

On a fini de jouer au ping-pong avec les gens de la Côte-Nord.Réjean Porlier, maire de Sept-Îles

«Il est grand temps qu'on ait un échéancier, des sommes d'avancées, qu'on mette l'argent nécessaire et qu'on complète notre route 138 pour pouvoir se développer comme toutes les autres régions du Québec.»

«Assez, c'est assez, a renchéri la députée péquiste de Duplessus, Lorraine Richard, visiblement en colère. Ça fait 15 ans que je suis en politique, 15 ans qu'on parle de ce dossier-là, et on en avait parlé auparavant. Il n'y a aucune volonté gouvernementale pour les gens.»

Le ministère des Transports doit, en principe, terminer la construction des tronçons déjà amorcés qui lient Kegaska et La Romaine, mais aussi Tête-à-la-Baleine et La Tabatière.

À terme, les Nord-Côtiers veulent que la route 138 se rende jusqu'à Blanc-Sablon, soit à la frontière de Terre-Neuve. Le tout coûterait 1,5 milliard de dollars.

Dans des communautés plus isolées, où il n'y a pas de route, il est très difficile de développer l'économie locale. Si quelqu'un est malade dans la communauté, cette personne doit parfois être évacuée à l'aide d'un hélicoptère, déplore Guy Bellefleur, représentant de la communauté de Pakuashipi.

La députée Lorraine Richard dit que les Nord-Côtiers sont «tannés» que le reste du Québec vienne profiter de des ressources naturelles de la région sans donner en retour.

«Ça coûte des fortunes en avion, en frais de transport, pour la santé, en éducation, pour maintenir des populations en place qui n'ont presque pas de services. Puis il y a des endroits où il n'y avait pas d'eau potable. C'est ça que les gens de la Basse-Côte vivent.»

La bromance de l'équité salariale

Le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet, lors de la commission qui étudiait le projet de loi 10.
Capture d'écran - Assemblée nationale du Québec
Le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet, lors de la commission qui étudiait le projet de loi 10.

En cette semaine où la bisbille était au rendez-vous, concentrons-nous sur une nouvelle qui s'est réalisée dans la bonne humeur et l'harmonie.

On parle des consultations entourant le projet de loi 10, soit la Loi modifiant la Loi sur l'équité salariale afin principalement d'améliorer l'évaluation du maintien de l'équité salariale, qui a pris fin jeudi après-midi.

Québec devait répondre, avant le 10 mai, à un arrêt de la Cour suprême qui en arrivait à la conclusion que les modifications apportées à la Loi sur l'équité salariale en 2009 étaient inconstitutionnelles pour les femmes.

Le projet de loi 10 ne prévoit pas d'ajustements salariaux rétroactifs entre 2009 et 2019 - ce qui pourrait donner suite à d'autres recours judiciaires - mais vient tout de même corriger des lacunes en matière d'équité salariale.

L'étude détaillée à la Commission de l'économie et du travail a pris fin jeudi, donc loi serait adoptée la semaine prochaine en principe.

Au terme des travaux, les membres se sont entendus pour augmenter les sommes forfaitaires versées aux plaignantes - qui sont en majorité des femmes - et que ces sommes soient admissibles aux régimes de retraite et aux régimes d'avantages sociaux.

Il est aussi question de simplifier la vie aux personnes qui souhaiteraient porter plainte et de clarifier le processus de contestation pour les travailleurs non syndiqués, entre autres.

Tant le ministre responsable de piloter le dossier, Jean Boulet, que les membres des partis d'opposition ont salué la bonne collaboration des uns et des autres.

«On a fait preuve - je le dis de façon très candide - du maximum d'ouverture qu'on pouvait vous offrir», a-t-il fait valoir dans sa déclaration de fermeture. Il s'est dit «ben content» de pouvoir travailler avec ses adversaires pour la suite des choses.

Cette bromance durera-t-elle pendant quatre ans? À suivre!

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.