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«Noir» de Mike Ward: défoulement collectif

La précision d'un chirurgien, la délicatesse d'un bulldozer...
Courtoisie/Michel Grenier

L'humoriste Mike Ward présentait pour la première fois au public montréalais son cinquième one-man-show intitulé Noir, ce mercredi 27 mars, au Club Soda.

Depuis son offensive précédente, Chien, dont la tournée s'était terminée en mai 2016, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts. Les scandales sexuels se sont succédés à un rythme effarant, la rectitude politique a pris le dessus, et le principal intéressé a poursuivi son long combat au nom de la liberté d'expression.

Pour plusieurs, la marmite est déjà pleine, et nous nous doutions bien que Mike Ward ne ferait pas de quartier en faisant le point sur ces nombreux sujets.

Après une entrée sur scène effectuée dans le calme le plus total, l'humoriste a affiché très clairement ses couleurs et ses intentions avec un numéro d'ouverture dont le punch cinglant repousse les limites de l'entendement et remet, effectivement, bien des choses en perspective.

Rire de tout

Pour le plaisir de tous ceux qui comptent voir le spectacle, nous demeurerons aussi vague que possible quant à la nature des gags et des punchs, car l'effet de surprise s'avère une partie essentielle d'un spectacle qui fait tout pour nous déstabiliser, mais aussi pour défouler.

Spécifions seulement que l'humoriste passe notamment à travers la vague #MeToo, l'affaire Éric Salvail, la pédophilie, sa dépression, le suicide et les djihadistes (parce que c'est «audacieux», soutenait Sophie Durocher) dans le style acide, cru et dérangeant qu'on lui connaît.

Car comme il l'avait expliqué lors de son passage à Tout le monde en parle en novembre dernier, l'humoriste désire s'attaquer à des sujets qui n'ont rien de drôle a priori. «Si quelque chose est déjà naturellement drôle, pourquoi je ferais des jokes là-dessus?» s'était-il alors interrogé.

Avec Noir, Mike Ward persiste et signe avec la précision d'un chirurgien et la délicatesse d'un bulldozer.

Déjà bien rodé

L'humoriste atteint d'ailleurs de nouveaux sommets ici en termes d'efficacité et de provocation. Et toute l'intelligence de sa démarche réside dans le fait qu'il ne nous prend jamais par la main pour nous guider à travers ses propos et nous aider à voir au-delà du premier degré, préférant nous rentrer dedans à vive allure et nous laisser nous démerder par la suite avec nos réactions, les questions de morale et les réflexions qui s'imposent.

Mike Ward demeure ainsi dans une classe à part et - peut-être plus que jamais - sa présence s'avère essentielle dans le paysage humoristique québécois pour brasser la cage du public, ainsi que celle de ses confrères et consoeurs.

Dès la première, Noir s'est révélé un spectacle réglé au quart de tour, sans temps mort, au cours duquel les fous rires se sont enchaînés à un rythme renversant.

Mike Ward reste Mike Ward, et ne cherche aucunement ici à s'adoucir. Pour l'humoriste, c'est au public d'aller au-delà du premier degré pour comprendre et assimiler le fond de sa démarche. Et c'est ce qui fera toujours sa plus grande force.

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