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«[Mon beau-père] aurait dû faire de la prison, et c'est moi qui ai fait 11 ans de centre jeunesse»

Kevin Champoux-Duquette, 20 ans.

Entre 12 et 18 ans, Kevin Champoux-Duquette a fait 33 fugues. Il les a comptées. 33 allers-retours en quête de liberté dans les rues de Montréal. Il a toujours eu soif de liberté, parce qu'il a eu l'impression de s'être fait voler la sienne.

La DPJ a 40 ans: voici mon histoire

La Direction de la protection de la jeunesse a soufflé ses 40 bougies cette année. Mais comment fonctionne cette entité qui s'occupe de dizaines de milliers d'enfants chaque année au Québec? Comment se remet-on d'un abandon? Comment se passe la vie en centre jeunesse? Le HuffPost Québec a rencontré quatre anciens enfants de la DPJ et vous propose quatre entretiens intimistes dans la série La DPJ a 40 ans: voici mon histoire.

Quand il avait sept ans, un signalement à la DPJ a eu comme effet de l'envoyer dans une famille d'accueil. Le petit Kevin avait souvent des bleus sur le corps, des traces laissées par le conjoint de sa mère. Il est resté quelques mois dans cette première famille d'accueil, puis a été transféré dans une autre, où il est resté pendant cinq ans.

«Je comptais le nombre de jours, j'étais capable de dire le nombre de jours, de mois, d'années que je n'avais pas vu ma mère, et ma mère de famille d'accueil, je commençais à la prendre comme ma mère.»

Kevin s'est mis à avoir des problèmes de comportement, découlant de la colère qu'il ressentait d'avoir été abandonné par sa mère alors qu'il se faisait battre par son beau-père. À 12 ans, il a commencé à faire des allers-retours entre les foyers de groupe et les centres jeunesse, ponctués de plusieurs séjours dans la rue.

Aujourd'hui, à 20 ans, il ne s'est pas délesté de cette colère. Contre sa famille, contre le système qui l'a «emprisonné» pendant 11 ans, contre la vie.

Mais il aspire à des jours meilleurs. Il fait partie du comité des jeunes de l'Étude sur le devenir des jeunes placés (EDJeP) par le biais duquel il a fait plusieurs recommandations pour améliorer le système. Pour l'instant, il survit. Depuis sa sortie de la DPJ, à 18 ans, il s'est retrouvé plusieurs fois dans la rue. Il se réfugie dans la musique, particulièrement le hip hop. Il espère devenir gérant d'artistes. Parce qu'au cours de ses nombreux séjours dans la rue, il a rencontré plein de jeunes comme lui, qui font aussi de la musique. Et il considère que c'est eux, sa vraie famille.

Voyez le témoignage de Kevin dans la vidéo au haut de l'article.

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