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«J'ai fait 20 placements et déplacements: familles d'accueil, foyers de groupe, centres jeunesse...»

Jessica Côté-Guimond, 30 ans.

La stabilité, Jessica Côté-Guimond n'a pas tout à fait connu ça en grandissant. Encore aujourd'hui, même si elle a 30 ans, deux enfants et une maison, la jeune femme avoue avoir eu besoin d'adaptation.

La DPJ a 40 ans: voici mon histoire

La Direction de la protection de la jeunesse a soufflé ses 40 bougies cette année. Mais comment fonctionne cette entité qui s'occupe de dizaines de milliers d'enfants chaque année au Québec? Comment se remet-on d'un abandon? Comment se passe la vie en centre jeunesse? Le HuffPost Québec a rencontré quatre anciens enfants de la DPJ et vous propose quatre entretiens intimistes dans la série La DPJ a 40 ans: voici mon histoire.

Parce qu'entre la première fois où elle a été placée par la DPJ, à 10 ans, et son premier appartement, à 17 ans, Jessica a été changée d'endroit une vingtaine de fois, dans la région de Québec. Jeune, elle avait des problèmes de comportements et de la difficulté à s'entendre avec sa mère. À bout de ressources, celle-ci a fini par faire elle-même un signalement à la DPJ, avouant ne plus avoir l'énergie pour s'occuper de sa fille. Jessica est passée d'une famille d'accueil à une autre, elle a essayé les foyers de groupe et a été envoyée en centre jeunesse. Elle a vite compris qu'il valait mieux ne pas trop s'attacher.

«Récemment, j'ai fait le calcul: j'ai eu une dizaine d'appartements, raconte-t-elle. Est-ce que, inconsciemment, j'avais besoin de changer? On dirait que ça venait jouer sur ma tolérance, j'avais besoin d'être dans un autre environnement. Maintenant, j'ai une maison depuis deux ans, et je suis bien... mais ça m'a pris un moment tampon pour m'habituer.»

Jessica a couché sur un long parchemin son parcours accidenté, dans le cadre de l'exposition État des lieux, qui était récemment diffusée à la Maison de la culture du Plateau-Mont-Royal. Elle est co-créatrice de Porte-Voix, un projet artistique offert par l'organisme Coup d'éclats aux jeunes placés pour s'exprimer, et membredu comité des jeunes de l'Étude sur le devenir des jeunes placés (EDJeP).

Les années ont passé, Jessica s'est assagie. Elle a réussi à calmer la colère qui bouillait en elle et qui lui valait souvent d'être réprimandée, voire changée de milieu. La jeune femme, qui habite maintenant à Montréal, étudie en psychoéducation à l'université, et fait son stage dans un centre jeunesse. Elle voudrait travailler dans le milieu communautaire, dans un organisme qui aide les jeunes à vivre leur transition vers l'âge adulte. Aujourd'hui, elle l'avoue, elle est fière d'elle, de ce qu'elle est devenue. Mais la petite fille qui a peur du rejet n'est jamais bien loin, confie-t-elle, un petit sourire triste sur les lèvres.

Voyez le témoignage de Jessica dans la vidéo au haut de l'article.

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