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Montréal: pourquoi pas un ruisseau au centre-ville?

Des experts suggèrent de faire renaître les anciens cours d’eau qui ceinturaient l’université McGill.
L'avenue McGill College, avec vue sur l'université du même nom et le mont Royal.
Olivier Robichaud
L'avenue McGill College, avec vue sur l'université du même nom et le mont Royal.

Pourrait-on faire renaître un ancien ruisseau en plein coeur du centre-ville de Montréal? L'idée fait partie des recommandations soumises à la Ville dans le cadre du réaménagement de l'avenue McGill College. Et l'idée fait bien sourire la mairesse Valérie Plante.

Montréal était autrefois entrecoupé de nombreux cours d'eau, qui prenaient généralement leur source sur le mont Royal. À partir des années 1840, plusieurs d'entre eux ont été canalisés pour devenir des égouts, notamment l'ancienne rivière Saint-Pierre.

Lorsque James McGill a cédé sa terre à l'université qui prendrait éventuellement son nom, l'endroit était encerclé par le ruisseau Burnside et le ruisseau de la rue Sainte-Catherine.

Une carte de Montréal datant de 1830. La jeune Université McGill était encerclée par le ruisseau Burnside et le ruisseau de la rue Sainte-Catherine, rue qui n'existait pas encore. La rue Sherbrooke s'appelait Mary Street et n'atteignait pas encore l'université.
Courtoisie - Archives de la Ville de Montréal
Une carte de Montréal datant de 1830. La jeune Université McGill était encerclée par le ruisseau Burnside et le ruisseau de la rue Sainte-Catherine, rue qui n'existait pas encore. La rue Sherbrooke s'appelait Mary Street et n'atteignait pas encore l'université.

Le ruisseau Burnside n'avait pas de nom, à l'époque. On l'appelle ainsi parce que James McGill avait nommé son domaine Burnside Place. Dans son dialecte écossais natal, souvent appelé Broad Scotts, un «burn» est un ruisseau. Donc Burnside Place était la «place près du ruisseau».

Dans un mémoire présenté à l'Office de consultation publique de Montréal (OCPM), le Conseil du patrimoine de Montréal suggère de gérer les eaux de ruissellement de l'avenue McGill College avec des aménagements qui feraient écho à l'ancien ruisseau.

«Pourrait-on saisir cette occasion pour rappeler des éléments historiques disparus, dont l'ancien ruisseau Burnside qui traversait le domaine de James McGill puis le campus de l'université McGill? L'étude de précédents montre des exemples intéressants d'aménagements ludiques en lien avec l'eau», lit-on dans le mémoire.

L'avenue McGill College est vouée à une transformation majeure afin de devenir «l'hypercentre» de Montréal. L'OCPM a récemment émis ses recommandations.

Maquette du réaménagement possible de l'avenue McGill College, au centre-ville de Montréal.
Courtoisie - Ville de Montréal / Provencher-Roy
Maquette du réaménagement possible de l'avenue McGill College, au centre-ville de Montréal.

Selon Valérie Plante, l'idée de recréer le ruisseau Burnside dans le cadre de ce projet a été reprise par des experts internationaux venus participer aux réflexions le 28 février et le 1er mars dernier.

Le concept d'aménagement final n'a pas encore été dévoilé par l'administration Plante. Ce qui n'a pas empêché la mairesse de s'amuser avec cette idée pendant un dîner-conférence du Cercle canadien de Montréal.

«Qui sait, peut-être pourrons-nous pêcher au centre-ville dans les prochaines années», a-t-elle lancé à la blague, devant les dignitaires réunis au Centre Sheraton lundi.

Mme Plante était l'invitée d'honneur de l'événement. Elle y présentait les nombreux projets qui refaçonneront la métropole dans les années à venir, notamment la revitalisation des rues Sainte-Catherine et McGill College, le développement du site du Silo No 5 et la décontamination des terrains industriels de l'Est.

Quelques cours d'eau qui ont disparu du paysage montréalais:

La rivière Saint-Pierre traversait autrefois les secteurs actuels de Côte-des-Neiges et Notre-Dame-de-Grâce, avant de bifurquer vers l'Est, longer la falaise Saint-Jacques et se jeter dans le fleuve près de Pointe-Saint-Charles. Elle est devenue le premier égout collecteur de Montréal.

La Petite Rivière Saint-Pierre (eh oui, Montréal en avait deux!) était un embranchement de l'autre rivière du même nom. Aussi appelée simplement «Petite Rivière», on lui accorde une certaine importance parce que Ville-Marie a été fondé à son embouchure. Elle est aussi devenue un égout.

Le lac à la Loutre était un élargissement de la rivière Saint-Pierre (encore celle-là...), le long de la falaise Saint-Jacques. Il a été asséché au fur et à mesure que la rivière a été canalisée. Il a ensuite été enfoui sous les cours Turcot.

La rue Saint-Antoine marque la limite du Vieux-Montréal... mais elle recouvre aussi le ruisseau Saint-Martin, qui coulait d'est en ouest vers la rivière Saint-Pierre. Ce ruisseau a vu l'implantation des premières tanneries, avant que les autorités ne les poussent à l'extérieur de la ville à cause des odeurs nauséabondes. Ensuite, c'est le ruisseau lui-même qui causait les odeurs avant d'être canalisé.

En 1698, on décide de coloniser l'autre côté de la montagne, le long du ruisseau Notre-Dame-des-Neiges, qui se déverse dans la rivière des Mille-Îles. C'est la naissance du village (puis du quartier) de Côte-des-Neiges.

Le ruisseau Molson, anciennement appelé ruisseau Grande-Prairie, est aujourd'hui enseveli sous de lourdes industries entre Anjou et le Port de Montréal. Mais on en voit encore les vestiges près des rues Notre-Dame et Dickson. Des citoyens du secteur Longue-Pointe se mobilisent actuellement pour le réhabiliter dans le cadre d'un projet de redéveloppement.

Une carte produite par l'Université de Montréal montre les lits de tous les anciens cours d'eau de l'île de Montréal.

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