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«Tout le monde en parle»: Catherine Fournier parle d’une culture politique «réfractaire» au changement au Parti québécois

La jeune élue a claqué la porte du caucus pour siéger comme indépendante.
Karine Dufour via Radio-Canada

«J'ai eu une petite semaine!» a lancé Catherine Fournier, ex-députée péquiste devenue indépendante depuis quelques jours seulement. Elle était invitée sur le plateau de Tout le monde en parle pour expliquer sa décision qui a ébranlé le mouvement indépendantiste.

Mme Fournier, réélue dans la circonscription de Marie-Victorin, sur la Rive-Sud de Montréal, a expliqué que le défaite historique du Parti québécois le 1er octobre dernier a été un «éclair de lucidité» qui a mené à une importante réflexion de sa part.

«Ce que je constate, c'est que les gens ont tourné littéralement le dos au Parti québécois», explique la jeune élue, qui a cogné à des centaines, voire des milliers de portes dans sa circonscription et à travers le Québec avant d'en arriver à cette conclusion.

À son avis, la souveraineté continue de susciter de l'espoir et de l'adhésion, mais le PQ n'est plus le véhicule tout indiqué pour la réaliser. «Pour faire avancer cette idée-là, on a besoin d'un mouvement qui est plus adapté à notre époque et qui va être capable, surtout, de rassembler davantage - ce que le Parti québécois a perdu malheureusement la capacité de faire», dit-elle.

Contrairement à ce qui a été affirmé dans plusieurs médias cette semaine, la députée Fournier soutient que ses ex-collègues au PQ étaient «totalement au courant» de ses réflexions. Elle croit même que certains partagent ses constats au sein du caucus.

Or, au lieu de contribuer à ce renouvellement à l'interne, elle a décidé de claquer la porte. Pourquoi l'avoir fait avant que le processus soit amorcé?

«Il y a une culture politique - je vais le dire - réfractaire au changement à l'interne, soutient Mme Fournier. Les gens sont là depuis longtemps, il y a une certaine façon de faire et c'est difficile de brasser les choses, alors que je crois que la façon de faire de la politique a tellement changé.»

«Si on se cantonne encore dans nos petites chapelles et qu'on ne se questionne pas sur le véhicule politique qu'on représente ou sur la façon dont on peut faire avancer notre projet de pays, je pense que le mouvement va seulement continuer d'accumuler les défaites plutôt que d'aller vers les victoires», ajoute-t-elle.

Catherine Fournier à «Tout le monde en parle» le 17 mars 2019.
Karine Dufour via Radio-Canada
Catherine Fournier à «Tout le monde en parle» le 17 mars 2019.

Réplique à Pascal Bérubé

Mme Fournier ne s'est pas gênée pour répondre aux critiques du chef péquiste par intérim, Pascal Bérubé, qui a questionné sa légitimité comme députée de Marie-Victorin.

«À ce compte-là, on peut aussi se questionner à savoir si le Parti québécois aurait réussi à gagner Marie-Victorin si ce n'était pas du travail que j'ai fait dans ma circonscription», a-t-elle fait valoir.

«Ce qui a fait la différence dans l'élection du 1er octobre dernier - parce que ça a été une lutte chaudement disputée, ça, je ne le nie pas - ça a été la confiance qu'ont les gens dans la relève politique que je représente.»

Mme Fournier était effectivement la seule députée élue sous la bannière du PQ qui a été réélue en octobre dernier dans la région du Grand Montréal. De nombreux bastions péquistes sur la Rive-Sud de Montréal ont été raflés par la Coalition avenir Québec.

«Je me suis fait dire tellement de fois: ''Écoute Catherine, pour nous, le Parti québécois, on n'est plus sûrs à cette élection-ci. Mais toi, on sait que tu vas contribuer au renouvellement du mouvement souverainiste, alors on va te faire confiance et on va te suivre dans ce que tu vas entreprendre''.»

Même si elle dit partager beaucoup de constats du livre de l'ex-chef péquiste Jean-François Lisée, la jeune élue se dit «tannée» que les indépendantistes blâment les autres pour leurs problèmes.

«J'ai envie qu'on se regarde aussi nous autres nous-mêmes et c'est ça que j'ai trouvé décevant dans les propos de M. Bérubé cette semaine à mon égard», dit-elle.

Et la suite des choses?

Comment Catherine Fournier compte-t-elle rassembler les souverainistes, alors qu'elle ne peut plus compter sur le soutien et les ressources d'un parti politique... souverainiste? Pourrait-elle se joindre à Québec solidaire par exemple?

Ce n'est pas une option, affirme-t-elle sans détour. «Je ne me reconnais pas dans ce parti-là. Je pense vraiment qu'il faut aller rassembler plus largement et dans ce cas-ci, Québec solidaire est très campé idéologiquement à gauche. Je pense qu'il faut quelque chose qui est davantage rassembleur, plus au centre, pour aller chercher la majorité de nos concitoyens.»

Qu'en est-il de l'initiative de certains indépendantistes, comme Jean-Martin Aussant, Paul St-Pierre-Plamondon ou encore Léo Bureau-Blouin, qui voudraient «enterrer» le PQ et repartir sous un autre nom, comme l'a mentionné le chroniqueur politique Frédéric Bérard la semaine dernière?

Mme Fournier dit ne pas être au courant de ce qui se tramerait en coulisses.

Dans tous les cas, la jeune élue estime avoir dit «tout haut ce que beaucoup pensent tout bas» avec sa sortie de cette semaine. D'ici 2022, elle espère rassembler les souverainistes, mais ne sait pas encore quelle forme cela prendra.

«Maintenant, l'abcès est crevé, j'ai brisé un tabou, ça a fait beaucoup de vagues. C'est correct. J'étais prête à entrer dans la tempête. Il y a aussi beaucoup de positif qui émerge de ça. J'ai envie de rencontrer les gens qui partagent mes constats et qu'on puisse rêver ensemble à la suite.»

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