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«Genèse» de Philippe Lesage: l’amour au naturel

«Le plus gratifiant, c'est de voir qu'il y a des gens qui sont touchés par ton film, peu importe leur culture ou leur âge...»
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Avant même sa sortie en salles au Québec, le nouveau long métrage de Philippe Lesage a déjà connu une belle carrière sur le circuit des festivals, en récoltant une foison impressionnante de prix. Depuis sa première mondiale à Locarno, en août dernier, Genèse a été sélectionné dans plus d'une trentaine de festivals internationaux, de Namur en Belgique à Los Cabos au Mexique, où il décroché le Grand prix du meilleur film en novembre.

«Le plus gratifiant, c'est de voir qu'il y a des gens qui sont touchés par ton film, peu importe leur culture ou leur âge, confie le cinéaste en entrevue avec le HuffPost Québec. Ça donne du sens à ce que je fais, au-delà même des prix. Le plus important, c'est que le film plaise à des gens un peu partout et voyage autant.» Si Genèse a déjà été présenté chez nous dans le cadre du Festival du Nouveau Cinéma à Montréal, Lesage a fait le choix de retarder de plusieurs mois la sortie en salles de son film pour lui laisser le temps de voyager. «Genèse devait sortir à l'automne, mais j'ai demandé à mes distributeurs d'attendre un peu. Je pense que ç'a été une bonne stratégie au final, parce que le film a beaucoup fait parler de lui», explique-t-il.

Ces cœurs qui battent

Divisé en trois actes, Genèse se penche sur les premiers émois amoureux d'adolescents qui se cherchent encore une identité dans le tumulte de leur jeunesse. Dans un pensionnat de garçons, Guillaume (Théodore Pellerin) tombe secrètement amoureux d'un camarade de classe. Délaissé par son petit ami, Charlotte (Noée Abita) s'essaye, avec plus ou moins de bonheur, à des rencontres fortuites. De son côté, le tout jeune Félix (Édouard Tremblay-Grenier) découvre le grand amour dans la douceur estivale d'un camp de vacances.

Philippe Lesage continue ainsi de sonder la jeunesse qu'il avait déjà filmé dans le documentaire Laylou en 2012, puis dans son film Les démons en 2015, dans lequel figurait déjà le personnage de Félix, tout comme une bonne partie de la distribution de Genèse, d'Édouard Tremblay-Grenier à Théodore Pellerin, en passant par Rose-Marie Perreault, Pier-Luc Funk et Vassili Schneider. «D'un point de vue strictement narratif et dramatique, l'adolescence est une période tellement intéressante et riche, souligne le réalisateur québécois. C'est une période extrêmement riche et féconde en termes de dramaturgie, Il y a une intensité qu'on ne retrouve pas une fois adulte. Une année dans la vie d'un adolescent équivaut à je ne sais combien d'années chez un adulte. On a l'impression que le temps s'étire, et c'est aussi la base du cinéma de jouer avec le temps, le passé, le futur.»

On retrouve aussi dans Genèse, ce souci de filmer le naturel qui hante Lesage depuis ses débuts dans le cinéma du réel (avec notamment Ce cœur qui bat, auréolé du prix Jutra du meilleur documentaire en 2012), et qui se traduit ici par des plans-séquences de toute beauté. «C'était important pour lui de tourner ces longs plans, pour nous laisser le temps de vivre nos émotions», commente Émilie Bierre, la comédienne de 14 ans dont le personnage fait battre le cœur de Félix à la chamade dans la dernière partie du film. «Philippe a vraiment une façon unique de diriger ses acteurs, sans donner trop de directives, et en laissant une belle part à l'impro.»

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Dénicher les talents de demain

«Je trouve ça super de travailler avec des jeunes, parce qu'ils sont souvent ouverts, et ils comprennent très bien ce que ça veut dire d'être naturels et authentiques, ajoute le réalisateur. Ils ont encore cette spontanéité et cette fraîcheur. Pour moi, c'est un plaisir. Je trouve ça super aussi quand j'ai la possibilité de révéler des talents, de trouver des petites perles, et de voir ensuite leur ascension. Quand je regarde Rose-Marie Perreault en ce moment, je suis fier d'elle, mais j'ai aussi une petite fierté de lui avoir donné son premier rôle dans Les démons

Lesage peut aussi se targuer d'avoir lancé au grand écran un certain Théodore Pellerin. Depuis son apparition dans Les démons, le québécois de 21 ans, qui a reçu le Bayard du meilleur acteur au Festival de Namur pour sa prestation éclatante dans Genèse, a poursuivi son bonhomme de chemin jusqu'à Hollywood. On l'a vu dans Boy Erased avec Nicole Kidman en 2018, et on le retrouvera très prochainement dans la deuxième saison de la série à succès de Netflix The OA, sans oublier la nouvelle série de YouTube Premium On Becoming A God in Central Florida, dont il vient de terminer le tournage avec Kirsten Dunst à la Nouvelle-Orléans.

De son côté, Philippe Lesage rêve sûrement de dénicher le prochain Théodore Pellerin pour son film suivant, qu'il a déjà écrit et qui devrait faire le pont entre le monde de l'adolescence et celui des adultes. «Ce sera sur le monde adulte vu à travers le regard d'un jeune de 16-17 ans qui a la chance de passer du temps avec son mentor pour se rendre compte finalement qu'il est plein de faiblesses et qu'il porte en lui une masculinité toxique, a confié le réalisateur au HuffPost Québec. Le mentor et le disciple vont se confronter un peu. On a soumis le projet et j'espère pouvoir tourner à l'automne, même si je n'ai pas encore trouvé le jeune acteur pour le rôle principal.»

Écrit et réalisé par Philippe Lesage, Genèse prendra l'affiche partout au Québec le 15 mars.

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