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On vous offre des vêtements gratuits sur Instagram? C'est louche!

#LaisseToiPasAcheter est une campagne de sensibilisation contre l'exploitation sexuelle sur les réseaux sociaux.
Jimmi Francoeur/DDB

Vous avez vu passer des photos de Catherine Brunet ou de Ludivine Reding sur Instagram, et elles vous invitent à profiter de vêtements ou d'accessoires gratuits? Ne cliquez pas, c'est un piège! Ou plutôt, allez-y, cliquez, et vous serez mieux informés sur les risques de l'exploitation sexuelle sur les réseaux sociaux.

#LaisseToiPasAcheter est une campagne lancée en ce 8 mars, Journée internationale des femmes, conçue par l'agence DDB Canada Montréal pour le Y des femmes de Montréal, un organisme dédié entre autres à la prévention de violence faite aux femmes et aux filles et travaillant à l'égalité et à l'inclusion sociale et de genre.

Pour une plus grande vigilance sur les réseaux sociaux

Les comédiennes Julie-Anne Côté, Catherine Brunet et Ludivine Reding, la YouTubeuse Gloria Bella, l'ancienne participante d'Occupation doubleNoémie Bannes, la joueuse de tennis Françoise Abanda, ainsi que l'auteure Sarah-Maude Beauchesne ont participé à cette campagne pour sensibiliser leurs abonnées à une plus grande vigilance sur les réseaux sociaux.

Lorsqu'une personne clique sur le lien pour profiter de «l'aubaine» proposée par les influenceuses, elle est redirigée vers le micro-site de la campagne, où on l'informe de plusieurs statistiques sur l'exploitation sexuelle. Parmi les plus alarmantes: un jeune sur sept de 10 à 17 ans reçoit des sollicitations sexuelles non désirées sur Internet et 26% des enfants envoient des informations personnelles à des inconnus, selon des données récentes partagées par la Centrale canadienne de signalement des cas d'exploitation et d'abus sexuels d'enfants sur Internet. On y apprend aussi que l'âge moyen du recrutement à des fins d'exploitation sexuelle oscille autour de 14,7 ans. On incite donc les jeunes qui reçoivent des invitations louches à en parler à un proche, ou à consulter des ressources qui peuvent les aider.

Avec l'importance que prennent les réseaux sociaux dans la vie des adolescents, aujourd'hui (en particulier Instagram), il devient facile de recruter des jeunes filles pour les exploiter sexuellement, croit Isabelle Gélinas, directrice des communications du Y des femmes de Montréal.

«Par écrans interposés, on a la sensation qu'on connaît la personne avec qui on parle, avance-t-elle. Une relation peut s'installer rapidement, dans laquelle le proxénète va complimenter la jeune fille - parce que c'est en grande majorité des filles qui en sont victimes - et lui offrir des cadeaux... Et elle peut rapidement devenir accro, voire tomber amoureuse de la personne sans la connaître véritablement.»

Puis, après quelque temps, vient le temps où le prince charmant a besoin d'argent. Ce peut-être dans le (faux) but de se payer un week-end en amoureux ou alors d'économiser pour aller vivre avec la jeune fille, illustre Isabelle Gélinas.

La campagne «Laisse-toi pas acheter» a été conçue par l'agence DDB pour le Y des femmes de Montréal pour la Journée internationale des femmes 2019.
DDB
La campagne «Laisse-toi pas acheter» a été conçue par l'agence DDB pour le Y des femmes de Montréal pour la Journée internationale des femmes 2019.

«Les recruteurs traitent leurs proies comme des princesses, explique Isabelle Gélinas. Et peu à peu, la relation va changer. Ils auront besoin d'argent. Ils sont passés maîtres dans l'art d'isoler une fille de son réseau, de sa famille, de ses amis.»

Et avec les réseaux sociaux, un recruteur peut maintenant entretenir une dizaine de relations comme celle-là. Le Y des femmes veut donc attirer l'attention des adolescentes: qu'elles développent un esprit critique pour savoir repérer une offre qui semble être trop belle pour être vraie.

«Et aussi, si tu remarques qu'une amie s'isole de plus en plus, manque l'école, parle d'un mystérieux chum... parles-en, ajoute Isabelle Gélinas. Ça peut être l'infirmière à l'école, un prof... ou des ressources comme Tel-Jeunes ou la CLES (Concertation des luttes contre l'exploitation sexuelle).»

C'est l'agence DDB qui a eu l'idée de développer cette campagne (bénévolement) sur Instagram. D'abord parce que c'est le réseau le plus populaire auprès des jeunes. Mais aussi parce que quand on est ado, on se compare sans arrêt. Et qu'Instagram, c'est le réseau du glam.

«Maintenant, dans les tactiques de recrutement, on joue beaucoup sur le glam, explique Isabelle Gélinas. On véhicule le message qu'il faut juste se trouver un bon agent... et c'est possible de vivre cette vie glamour. Alors quand on se fait offrir la possibilité d'avoir des vêtements ou des accessoires gratuitement, ça aide au recrutement.»

Et les parents, que peuvent-ils faire?

Comme parent, il peut sembler difficile de tenter de prévenir ce drame dans la vie de nos adolescents, qui ont une vie presque secrète sur les réseaux sociaux. Le premier conseil d'Isabelle Gélinas, elle-même mère de deux adolescentes, c'est de ne jamais perdre la communication, de maintenir un canal ouvert.

«Gardez un oeil ouvert sur ce qui se passe dans sa vie, conseille-t-elle. Et soyez vigilants aux changements brusques de comportements, à une chutes des notes scolaires, à un changement d'amis... Ou alors un amoureux dont on entend beaucoup parler, mais qu'on ne voit jamais.»

Et surtout, ne pas attendre de consulter des ressources comme le CLES, si on est inquiet.

«Évidemment qu'on ne peut pas empêcher nos jeunes d'être sur leur écran de téléphone, note Isabelle Gélinas. Moi, comme mère, ce que je fais, c'est que je dis à mes filles: ''OK, tu veux être sur ton téléphone, c'est correct, mais fais-le dans un espace commun, dans le salon, dans la cuisine...'' Alors si je l'entends rire ou réagir à quelque chose, je peux lui demander pourquoi, ça maintient un canal ouvert.»

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