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Une récession «technique» est possible au Canada

Avec l'économie en «hibernation prolongée», on peut au moins rayer toute hausse des taux d'intérêt pour l'instant.
Le Canada pourrait entrer en récession «technique» où l'économie se rétrécie mais où les dommages sont limités, selon la Banque TD qui présente des données montrant que la performance de l'économie canadienne a été sous ce qui était prévu à la fin de 2018.
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Le Canada pourrait entrer en récession «technique» où l'économie se rétrécie mais où les dommages sont limités, selon la Banque TD qui présente des données montrant que la performance de l'économie canadienne a été sous ce qui était prévu à la fin de 2018.

L'économie canadienne a livré une performance plus faible à la fin 2018 que ce à quoi les experts s'attendaient, et ce n'est pas limité au ralentissement de l'exploitation pétrolière. Le pétillant marché immobilier et les consommateurs branchés commencent également à en sentir les effets.

La production économique a augmenté de 0,4% au quatrième trimestre, a rapporté Statistique Canada vendredi - considérablement moins que la déjà peu impressionnante croissance d'un pour cent que les experts avaient prédit.

En décembre - la période la plus récente pour laquelle nous avons des données - l'économie s'est rétrécie de 0,1 pour cent. Il s'agit de la troisième fois en quatre mois que l'économie canadienne s'est contractée.

EN VIDÉO: Les Canadiens devraient-ils être inquiets d'une récession en 2019? L'article se poursuit ci-dessous.

«Préparez-vous. Les choses vont probablement empirer avant de s'améliorer», a écrit l'économiste senior de la Banque TD Brian DePratto dans une note aux clients.

«Les données concernant le PIB mensuel suggère peu de momentum à l'arrivée de 2019, et l'impact l'impact de la réduction obligatoire du pétrole en Alberta va se creuser (dans le prochain trimestre), coupant environ un point (premier trimestre).»

Cela a trouvé écho chez l'économiste en chef de la Banque de Montréal, Doug Porter, qui a dit que le Canada devra «attendre au printemps pour que l'économie sorte de son hibernation prolongée» à la fin de la dernière année et au début de celle-ci.

Mais il n'y a plus que le secteur pétrolier qui tire l'économie canadienne vers le bas; le ralentissement du marché immobilier souffre également.

Statistique Canada a noté que la production dans le secteur de la construction est de 6,3 pour cent plus basse qu'il y a un an. Elle rétrécit depuis sept mois consécutifs - la plus longue séquence de perte en près de trois décennies. L'investissement résidentiel a affiché sa plus grande baisse depuis 2009, quand le marché immobilier canadien s'est brièvement relâché lors de la crise financière.

Les dépenses des ménages ont ralenti pour un deuxième trimestre en ligne, révèle Statistique Canada, en hausse de 0,2 pour cent par rapport au trimestre précédent.

Ce n'est pas une sonnette d'alarme de récession, mais c'est une économie qui serait vulnérable si d'autres chocs survenaient.Avery Shenfeld, CIBC

Mais il y a un grand côté positif à tout ça: le marché de l'emploi du pays continue à être fort, ce qui a mené à de solides gains salariaux.

«Un des (rares) points positifs dans les données d'aujourd'hui est une hausse de 3,3 pour cent du revenu disponible des ménages dans le quatrième trimestre», a écrit l'économiste senior de la Banque royale du Canada, Nathan Janzen.

Risque de récession «technique»

Dans un rapport paru vendredi, l'économiste de la Banque TD DePratto suggère que le Canada est à risque d'une récession «technique», mais ne court pas vraiment d'une «véritable» récession.

Dans une récession «technique», l'économie se rétrécirait pendant deux trimestres consécutifs ou plus, mais cela aurait seulement un impact limité sur le marché de l'emploi. C'est en gros ce qui est arrivé au Canada en 2015, dans la foulée de la chute du prix du pétrole.

DePratto soutient que le Canada peut s'attendre à voir davantage de récessions «solos» dans le futur, où l'économie domestique se rétrécit alors même que l'économie américaine continue de grossir.

«Nous n'avons besoin que de regarder ce qui s'est passé en 2015 pour trouver les preuves que le Canada peut en effet vivre une "récession technique" alors que les États-Unis continuent à se développer», a-t-il écrit.

Dans le passé, le Canada s'est sorti d'affaissements économiques en dévaluant le huard et en exportant davantage. Mais ça ne semble plus fonctionner aussi bien qu'auparavant, toujours selon DePratto.

Les taux d'intérêt en attente pour l'instant

Néanmoins, la plupart des économistes ne s'attendent à rien de sévère qu'une récession «technique».

«Sans chute dans l'emploi, ce n'est pas une sonnette d'alarme de récession, mais c'est une économie qui serait vulnérable si d'autres chocs survenaient», selon l'économiste senior de la CIBC, Avery Shenfeld.

La plupart des économistes des banques majeures s'entendent pour dire que le ralentissement signifie que la Banque du Canada ne sera plus pressée d'augmenter les taux d'intérêt.

«La Banque du Canada restera muette longtemps - ils auront besoin de preuves convaincantes que la croissance revient à un rythme plus élevé que la normale avant même de considérer des hausses des taux, et ça ne sera vraisemblablement pas le cas d'ici la fin de l'année, au plus tôt», a évalué l'économiste Porter de la BMO.

Ce texte initialement publié sur le HuffPost Canada a été traduit de l'anglais.

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