POLITIQUE - Ils ont déjà prévu un acte XVIII quand viendra l'heure de la restitution du grand débat. Alors après un mois de baisse de la mobilisation, les gilets jaunes allaient-ils vraiment s'investir dans l'acte XV? La question pouvait se poser à la veille de ce quinzième samedi consécutif de rassemblement et alors que les vacances scolaires concernent toutes les zones durant ce week-end.
Finalement ce 23 février, qui coïncidait avec l'ouverture du Salon de l'Agriculture, a vu la participation rebondir légèrement. Le ministère de l'Intérieur a comptabilisé 46.600 gilets jaunes dans toute la France, contre 41.000 la semaine passée. Un premier comptage du nombre jaune (qui se veut un comptage des gilets jaunes par les gilets jaunes) arrive pour sa part à 113.392 manifestants, soit un rebond par rapport à l'acte XIV mais le deuxième plus bas total.
Macron et le salon de l'agriculture sur les chaînes info
L'inauguration par Emmanuel Macron et la très lente déambulation du chef de l'État dans les allées du parc des expositions de la porte de Versailles ont d'ailleurs éclipsé l'acte XV durant une bonne partie de la journée. Une première (hors fêtes de fin d'année) depuis le début du mouvement qui a fêté ses trois mois la semaine passée.
Éric Drouet lui-même, l'une des figures médiatiques des gilets jaunes a tenté, sans succès, d'interpeller le président de la République durant sa visite dans la plus grande ferme de France. Les gilets jaunes étaient, d'une manière générale, peu visibles dans les allées du salon où l'un d'entre eux, Jonathan, a même été éconduit par la sécurité.
C'est surtout au moment de la dispersion des manifestations que la plupart des chaînes d'information en continu ont rebasculé sur le mouvement anti-Macron.
De la casse à Clermont
À Paris où "la marche dans les beaux quartiers" s'est achevée au Trocadéro, à nouveau dans la confusion, la préfecture de police a dénombré un millier de personnes supplémentaires par rapport à l'acte XIV. "Il y a eu les accusations d'antisémitisme (après l'agression dont a été victime Alain Finkielkraut, ndlr) et toutes les tentatives pour nous décrédibiliser... Et on est encore des milliers. Si ça avait dû s'éteindre, ça se serait éteint avant, pas au 15e acte. On lâchera rien", a témoigné auprès de l'AFP un jeune intérimaire dans le BTP prénommé Luca. Il pourrait à nouveau se joindre à la manifestation prévue ce dimanche sur les Champs-Élysées.
Peinant à se renouveler - en témoigne le flop du pique-nique organisé à Chambord avec la participation de Priscillia Ludosky - les gilets jaunes se sont, comme chaque semaine, rassemblés dans de nombreuses villes. À Bordeaux, l'un des centres de la mobilisation en province, plusieurs milliers de personnes (comme la semaine passé) ont marché dans le calme avant des débordements en fin de journée. Elles étaient entre 1000 et 2000 à Lille où l'on a pu croiser l'actrice Corinne Masiero (connue pour son rôle dans "Capitaine Marleau" sur France 3 et dans le film "Les Invisibles").
Mais c'est à Clermont-Ferrand (où entre 2500 et 5000 personnes ont manifesté) que la manifestation a généré le plus de violences. Alors que la ville était barricadée par crainte des casseurs, des heurts ont éclaté en milieu d'après-midi entre une trentaine de gilets jaunes et les forces de l'ordre qui ont tiré au LBD.
Plusieurs incidents ont également eu lieu aux alentours du palais de justice. La vitrine d'une boutique de téléphonie a également été brisée mais des gilets jaunes se sont interposés pour éviter un pillage. Les forces de l'ordre ont procédé à plusieurs interpellations, dont 13 ont débouché sur des gardes à vue.
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